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Historique de l'Arme.
Le service du matériel prit naissance en 1940. Après la défaite de juin 1940, le décret-loi du 25 août porte constitution « de corps des cadres civils » au département de la guerre avec pour rôle de préserver le maximum de matériels possibles à l'issue des « commissions d'armistice ». Jusqu'en 1945, il connut six années de gestation difficiles: celle de Vichy, de la résistance enfin de la France Libre. C'est le matériel de la France Libre, créé en 1942 "sur l'initiative des Alliés" et imposé par les Américains, qui apporte la grande nouveauté par la création d'unités mobiles de maintenance, avec une organisation calquée sur celle de "l'ordnance" américain dont le symbole est une grenade. Le service du matériel y acquiert l'expérience du soutien au combat d'une grande armée moderne. Dès 1943, en Afrique du Nord, l'équipement du Corps expéditionnaire français en matériels modernes et mobiles nécessite, pour son soutien, la mise sur pied d'un Service du Matériel. Les premières unités (compagnies de réparation divisionnaires, compagnies magasins, compagnies munitions) sont créées et prennent part aux campagnes d'Italie et de France. Le service du matériel dans sa structure générale actuelle est officiellement créé par décret le 1er mars 1945. À l'issue de la Seconde Guerre mondiale le Service du Matériel reprend à son compte les anciens « parcs d'artillerie » doublant ainsi d'un aspect territorial, l'aspect opérationnel des unités de soutien. Ces dernières vont confirmer leur esprit de corps, leur originalité et s'adapter à toutes les situations : Indochine et Algérie. De 1966 à 1970, le service du matériel regroupe dans une même mission le soutien de tous les équipements affectés aux forces terrestres : auto-chars, aviation légère de l’armée de terre, armement, munitions, génie et transmissions. Le statut d'Arme lui est donné en 1976, les attributions et l'organisation fixées depuis, font du Matériel le responsable de la gestion des matériels de l'armée de terre. Depuis 2010, l'arme du matériel vit un bouleversement par la réorganisation de la chaîne de maintenance et de maintien en condition opérationnelle des matériels de l'armée de Terre.
(source : Symbolique du Matériel de l’armée de terre de Jacques MERLIN)
L’ESPRIT du Matériel selon le général PELLETIER D’OISY, directeur général du Matériel, en mars 1946.
Partout, là où les troupes du Matériel ont défilé dans des prises d’armes communes de garnison, elles se sont fait remarquer par leur tenue et leur dynamisme. Et cela se comprend. Ces soldats qui, toute la journée, travaillent avec des ouvriers civils, savent ce qu’est le travail utile. Jamais ils ne connaissent l’heure creuse et l’oisiveté ou le travail inutile. Quand ils quittent la machine pour prendre les armes et aller à l’exercice, c’est pour eux la détente, la récréation. Ils sont joyeux et fiers d’endosser la tenue de campagne. Et cela se lit dans leurs yeux. Sans doute, s’ils se présentent et défilent aussi bien que leurs camarades, ils ne sont pas, et de loin, instruits comme eux dans l’emploi des armes et les exercices de combat. Ils n’ont pas pu tout apprendre. Mais ils sont devenus des spécialistes, aux mains habiles, au cœur ardent, qui ont une âme de soldat. Plus que tous ils sont prêts, demain, à s’adapter en un minimum de temps au service de n’importe quelle machine.
Regardez leurs compagnies défiler. Regardez leurs camions, porteurs de machines légères ou lourdes. Ces machines sont des engins de guerre, puisqu’elles animent le courant d’entretien indispensable au combat. Les autres armes peuvent se démoder. Ces machines-là resteront une arme moderne et les compagnies sont, selon toute probabilité, ce qu’il y a de plus durablement moderne dans l’Armée.
Et ce mélange de soldats et d’ouvriers, tous dressés vers un but commun par des Chefs qui ont la foi et qui savent diriger les ouvriers aussi bien que les soldats, n’est-ce pas l’image de l’Armée de demain, c’est-à-dire de la Nation en Armes ?
Le musée du Matériel à Bourges.
Présentation par J-L. RECAMIER, conservateur du musée.
Le musée du Matériel et de la Maintenance se trouve au sein des écoles militaires de BOURGES qui regroupent l’école du Matériel - pôle de formation de l’ensemble des maintenanciers de l’armée de terre - l’école du Train et le Centre de formation logistique. À l’instar de toutes les écoles d’arme, l’École du Matériel possède en son sein un musée correspondant à son arme, le Matériel.
Ce musée retrace l’histoire et l’évolution des techniques de la maintenance depuis la seconde guerre mondiale. Il présente aussi les origines de la maintenance et l’évolution de cette dernière jusqu’à nos jours c'est-à-dire depuis la fin du Moyen-âge avec le service de l’Artillerie, jusqu’à l’époque contemporaine avec le service puis arme du Matériel. Il ne s’agit donc pas d’un musée des matériels de l’armée de terre mais de l’histoire d’une « entité » qui dès les origines gère les différents matériels et équipements des armées de leur conception à leur élimination.
Vidéo de présentation.
Librairie.
Pour en savoir plus sur la création du Matériel et son action en Indochine, je vous invite à lire les trois revues suivantes transmises par le J-C MALINGE.
Cliquer sur les photos pour lire les revues.
Symboles de l'Arme.
Dès 1943, et très rapidement, le service du matériel s'attribue des traditions sans pour autant renier ses grandes origines.
Des symboles spécifiques au train des équipages d'artillerie et au service de l'artillerie sont ainsi utilisés. En effet, les personnels, lors de la création du matériel, sont souvent issus de l'artillerie ou de la cavalerie.
À l’image de ces armes, on retrouve donc logiquement sur les premiers insignes, des couleurs (le bleu et le rouge étaient, d’autre part, les couleurs des calots portés à l’époque, semblables à ceux de l’artillerie), des canons croisés en sautoir, des bombes (grenades), des heaumes, des gantelets d'armure et des blindés.
?Toutefois, la recherche d'un symbole relatif au soutien demeure primordiale. A la demande du général PELLETIER D'OISY (directeur général du Matériel, en mars 1946), "l'attribut originel du matériel" (type I) est créé. Il est homologué par le service historique de l'armée de terre en 1947 sous le n° H 498.
Insigne originel du Matériel.
D'argent, stylisé, il représente des lames de ressort d'essieu de véhicule, bleu azur et surmontées d'une grenade d'argent à neuf flammes symbole des munitions. A cette époque, l'amicale du matériel lui adjoint deux clés plates.
L’insigne de béret.
En 1953, il est décidé de créer, pour l'apposer sur la plaque de ceinturon, un nouvel « insigne général du matériel » en remplacement de l'insigne précédent jugé trop... armée de l'air. Un comité de sages, affectés à la direction centrale du matériel, choisit parmi différents projets celui proposé par un ancien artilleur : A.C. Merlin, alors commandant, père de l'auteur de la «source ».
Cet insigne, homologué en 1954 par le S.H.A.T. sous le numéro G 1102, devient "l'insigne général du matériel" (type II).
Insigne général de type II
Il comporte :
une roue crénelée d'argent à douze dents d'engrenage et parfois avec voile, symbole de la mécanique,
deux bombardes (canons) d'or croisées dans la position inverse de ceux de l'artillerie, symboles de l'armement mais aussi de la puissance, instruments de défense et de conquête,
une bombe à flammes (grenade) d'argent, symbole des munitions.
Insigne de béret.
Tout comme l'insigne de type I, il est porté à cette époque au-dessus de (ou sur) la poche de vareuse ou de la chemise, et parfois, sur une épaulette par les jeunes. Il constitue enfin, depuis la suppression du calot, l'actuel insigne de béret du matériel dont il est l'emblème. Il figure depuis, en totalité ou en partie, sur une grande majorité d’insignes du matériel.
Les couleurs du Matériel.
Dès sa création, le matériel adopte ces couleurs :
gris de fer (devenu gris plomb, couleur principale). Il symbolise la base la plus modeste d’où puisse partir une évolution ascendante,
et bleu impérial (devenu bleu azur, couleur secondaire). Le bleu est la plus profonde des couleurs, la plus froide et la plus pure.
Les boutons sont d'argent, soit à coquille lisse, soit marqués de l'insigne général de type II (ou de celui du corps technique et administratif pour les officiers du service du matériel qui y sont rattachés).
Saint-Éloi.
Dès la naissance du Matériel, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, nos anciens ont dû choisir un saint Patron. Saint Éloi a été retenu non seulement pour ses qualités de probité, d'amour du travail bien fait, d'acceptation sans réserve des responsabilités, mais aussi parce qu'il était déjà le saint Patron de nombreux artisans dont la profession est liée au travail des métaux (orfèvres, forgerons, chaudronniers, horlogers, mineurs, monnayeurs, serruriers, loueurs de voitures, vétérinaires, maréchaux-ferrants, carrossiers, fermiers, valets de ferme...).
?Or, une grande part des activités du Matériel est centrée sur la mécanique et ses dérivés. Il était donc normal qu'il soit adopté.
Qui était donc Saint Éloi ?
Saint Éloi, celui que la tradition populaire appelle le « bon saint Éloi », a réellement vécu. Il est né en 588 à Chaptelat, près de Limoges. Il est entré, en 598, apprenti orfèvre chez ABBON, maître de monnaie, où il devient expert en métaux précieux.
À cette époque, les hordes de barbares ont ruiné les structures économiques, sociales et politiques du pays. Les rois Mérovingiens, pour sortir de cette impasse, s'entourent de conseillers efficaces. Excellent orfèvre, son talent lui vaut de travailler pour la cour du roi Clotaire II dont il devient progressivement le trésorier.
À la mort de Clotaire II, en 629, son fils Dagobert nomme Éloi principal conseiller de la cour. Notre artisan prend donc une place très importante au sein du Royaume. Il fonde vers 622 le monastère de Solignac, école d'orfèvrerie réputée, puis « L'église des Dunes », « Dünekerke » à l'emplacement actuel de la ville de Dunkerque.
Plus tard, la préoccupation des rois sera l'unification et la ré évangélisation du peuple désorganisé par les invasions. Pour ce faire, en 641, Éloi se voit donner une crosse, une mitre et l'évêché de Noyon Tournai avec mission de sortir les ex-fidèles du paganisme et ainsi les rendre à leur religion, puis, en passant, au Royaume. Pour autant, notre orfèvre ne perd pas sa charge gouvernementale et Dagobert lui demande de frapper une nouvelle monnaie plus forte afin de faciliter les échanges et mettre fin à l'anarchie économique.
Éloi devient prêtre puis évêque de Noyon. On dit qu'il consacre sa vie à secourir les pauvres et à racheter les esclaves.
Éloi mourut le 1er décembre 660 et fut canonisé : il devint Saint Éloi. Rapidement après sa mort, on lui attribue des travaux d'orfèvrerie prestigieux (notamment des châsses) et de nombreux miracles. On raconte par exemple que, pour ferrer plus facilement un cheval, Éloi lui aurait coupé la patte avant de la remettre facilement en place. Une autre fois, le diable, déguisé en femme, serait venu le tenter dans sa forge et Éloi l'aurait reconduite à la porte en lui pinçant le nez avec de gigantesques tenailles.
Traditions.
Le culte de saint Eloi est très vivace dans tout le nord de la France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Italie. Il est le patron des orfèvres et des forgerons. La richesse et la puissance de ces deux corps de métiers expliquent la présence du culte de saint Éloi dans de nombreuses églises, chapelles, vitraux, etc.
Chaque année, le Matériel célèbre son saint Patron au jour anniversaire de sa fête, le 1er décembre.
Représentations.
Les représentations de saint Eloi sont variables: Évêque avec crosse et mitre, forgeron ou maréchal-ferrant avec enclume ou fer à cheval, marteau d’orfèvre avec calice ou autre pièce d'orfèvrerie. On le montre aussi remettant en place la patte coupée du cheval, ressuscitant un pendu, pinçant le nez du diable déguisé en femme, conseillant le roi Clotaire ou Dagobert.
Vingt années de photos des festivités de la Saint-Eloi à voir ici>>
Pour écouter la chanson des trois orfèvres, cliquer ci-dessous