L'ange gardien des parachutistes



Brigadier-chef en unité de voie publique à Orveaux près de Nantes, Alain L. est un des rares experts en France dans le pliage et la réparation de parachutes. Quand la vie des sauteurs ne tient qu'à un pli, un fil et une aiguille.

Son premier saut en parachute, en 1996, restera à jamais gravé dans la mémoire d'Alain L.. Sa frayeur fut telle, au moment de s'élancer de l'appareil, qu'il se fixa le défi de la comprendre et de la dépasser. "Mon stress provenait de ma méconnaissance du matériel. Je me suis dit que si je parvenais à comprendre et à maîtriser le fonctionnement d'un parachute, ma peur laisserait la place au plaisir." Intrigué par le tissu, le matériel, le système d'ouverture, il lui fallait comprendre comment l'engin volait, s'ouvrait, et surtout quelles étaient les alternatives en cas de défaillance du parachute principal. Il ose alors le grand saut auprès de la Fédération française de parachutisme (FFP) et se forme sur les techniques de pliage des parachutes principaux. "J'ai été suivi par des professionnels qui m'ont transmis leur passion. Cela m'a tellement plu que je me suis encore perfectionné avec le pliage des parachutes de réserve."

Lors d'un problème technique ou d'une défaillance du parachute principal, la réserve est la seule issue pour la survie du sauteur. Son pliage est donc primordial, vital. "Il doit s'ouvrir dans 100 % des cas, le droit à l'erreur et au doute n'existe pas. J'ai parfaitement conscience de mes responsabilités, le moindre petit détail peut être fatal. Mais j'ai parfaitement confiance en mon travail." Sur huit cents parachutes pliés par Alain en une dizaine d'années, une vingtaine de personnes ont eu recours à la réserve lors de leur saut. "Les gens me téléphonent immédiatement pour m'avertir qu'ils ont libéré leur voile. C'est souvent en ayant recours au parachute de secours qu'ils se rendent compte des risques encourus. À chaque fois, ils me remercient de leur avoir sauvé la vie. Ils m'appellent tous leur ange gardien."

Sa passion est telle qu'Alain est allé encore plus loin. En 2000, il passe six semaines à la 11ème BSMAT de Montauban pour décrocher son diplôme de plieur réparateur, savoir-faire que seuls une vingtaine de personnes possèdent en France. "Une formation très technique, très pointue, où aucun détail n'est laissé au hasard. Les réparations de parachutes répondent à des clauses techniques militaires, on ne peut pas faire n'importe quoi. Il faut connaître le moindre millimètre carré, la moindre couture, le plus infime détail du parachute." Alain s'équipe alors de machines à coudre industrielles et se constitue un réseau dans le secteur. Il aménage son grenier en atelier de pliage et de couture, remplit ses tiroirs d'aiguilles, de vernis, rabats, poignées ou autres harnais. "Cela ne paraît pas très masculin pour certains, mais je ne fais pas des ourlets de pantalon, tout de même !" Il propose ses services aux parachutistes du RAID, pour qui il pliera des centaines de voiles en trois ans. Sa renommée dans le microcosme du parachutisme commence à se développer, certains sauteurs n'hésitant pas à faire plus de 300 km pour lui confier du matériel à plier ou réparer.

Aujourd'hui, Alain a surmonté sa peur initiale. À tel point qu'il se dresse en fervent défenseur de son activité en minorant les risques encourus : "Sachant que les sauteurs n'ont pas le droit de toucher à leur voile de secours, je serai le seul responsable en cas d'accident. Mais un accident dû au matériel ne peut plus exister aujourd'hui, notamment grâce aux évolutions indéniables du matériel. Les accidents ne sont dorénavant dus qu'à des erreurs humaines des sauteurs."

Source : Magazine Civique novembre 2011

Cet article a été envoyé par Gérald LAFOLE, il est tiré du « Magazine Civique ». C’est le magazine interne du ministère de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités Locales et de l’Immigration. Outil de communication fédérateur, Civique met en évidence l'extrême variété des missions de police, d'administration territoriale ou de sécurité civile du ministère. Il se veut avant tout informatif. Sa formule résolument "magazine" lui a valu, en 1995, le grand prix du journal d'entreprise décerné par l'union des journaux et journalistes d'entreprise de France.





 

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