Histoire des BMC

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En jargon militaire de l'armée française, un bordel militaire (ou mobile) de campagne (BMC) est un camion aménagé en lupanar (terme qui tire son origine du cri du loup en chaleur) mis à disposition des soldats lors de leur repos, organisé avec l'aide ou non du commandement.
 

Si la prostitution a toujours suivi les armées, y trouvant une importante source de revenus, et ce depuis la plus haute Antiquité, on trouve des traces de BMC dans son utilisation moderne dès la Première Guerre mondiale.
 
Lors des « guerres coloniales », l'usage des BMC était de notoriété publique, notamment en Indochine et en Algérie (« la boîte à bonbons ») pendant qu'en France les bordels étaient interdits par la loi depuis 1946. En réalité, elle n’a ni mis fin à leur existence, ni entravé leur développement. En Algérie, les B.M.C. ont légalement fonctionné jusqu’en 1960, date à laquelle la France a décidé de ratifier la Convention Internationale du 2 décembre 1949.
 
Note : Loi Marthe RICHARD du 13 avril 1946


13 avril 1946 : Fermeture des maisons closes. La loi Marthe Richard, du nom de la conseillère municipale de Paris qui l'a élaborée, est votée par le gouvernement provisoire. Elle impose la fermeture des « maisons closes » en France. 20000 femmes environ sont concernées par cette loi et près d'un millier de maisons de tolérance ferment leurs portes.
 
Qui était Marthe Richard ?
 
Née Betenfeld à Blamont, Meurthe-et-Moselle, en 1889, elle est apprentie couturière dès 14 ans à Nancy. Cette ville est une importante garnison militaire.  Elle tombe amoureuse d'un Italien se disant sculpteur mais qui se révèle être un proxénète. Il l'envoie sur les trottoirs puis elle devient prostituée dans les « bordels à soldats » de Nancy. Devant effectuer plus de 50 passes par jour, elle tombe rapidement malade et contracte la syphilis. Elle monte à Paris et continue à user de ses charmes.
Elle y rencontre et épouse un riche industriel, Henri Richer, qui lui offre, en 1912, un avion sur lequel elle passera son brevet de pilote. Elle est l'une des premières Françaises à acquérir un brevet de pilote. Elle prétend avoir fait de l'espionnage au service de la France pendant la Grande Guerre.
 
La Loi Marthe Richard :
 
Bien que vivant avec un proxénète, la santé des femmes lui importe. Elle dépose donc un projet devant le conseil municipal pour la fermeture des maisons closes. Sa proposition fut votée localement, dans le département de la Seine, ce qui l'encouragea à mener une campagne de presse pour le vote d'une loi générale. Celle-ci fut votée le 13 Avril 1946 et elle gardera le nom populaire de « Loi Marthe Richard » alors que son auteur n'était pas député.
 
L'article 1 de la Loi, stipule que « toutes les maisons de tolérance sont interdites sur l'ensemble du territoire national » mais la prostitution reste autorisée outre-mer. C'est la fin d'un système légal datant de 1804. Le proxénétisme est désormais interdit, 1 400 établissements sont fermés en France, dont 180 à Paris. Les locaux de ces anciens « lupanars » ou « bordels » sont affectés aux organisations syndicales ou transformés en foyers pour étudiants.
 
Cette loi fait d'abord sourire la brigade mondaine du 3ème étage du 36, quai des Orfèvres puisqu'elle émane de Marthe Richard, ancienne prostituée et affabulatrice notoire. La police la voit d'un mauvais œil car elle risque de la priver de ses sources de renseignement que sont ces prostituées.

La littérature française a largement parlé du « parc aux buffles », un BMC de Saigon. On a également évoqué le rôle héroïque des prostituées du BMC de la bataille de Điện Biên Phủ, devenues infirmières lorsque celles-ci vinrent à manquer, puis combattantes contre les Viet Minh selon certains témoignages.
 
Pour en savoir plus sur le « parc aux buffles », cliquer sur la photo.


Geneviève de GALARD, héroïne de Dien Bien Phu, raconte l'héroïsme et les tragédies des filles à soldats:
 
« Ces filles étaient des soldats, de vrais soldats, elles se sont conduites de façon remarquable. Tous mes blessés, mes amputés, mes opérés du ventre étaient à l'abri dans des souterrains, et il fallait qu'ils pissent, qu'ils fassent leurs besoins, qu'ils fassent un peu de toilette. Ce sont ces prostituées transformées en anges de miséricorde qui m'ont aidé à soigner les blessés, à supporter leurs misères. Elles les ont fait manger, boire, espérer contre toute espérance....de la suite de leur agonie, il n'y a plus de témoins directs, simplement le récit que GRAUWIN a recueilli beaucoup plus tard, parce qu'un commissaire politique dans un camp a parlé de ces femmes à un prisonnier, pourquoi un commando de femmes contre nous? Il n'y avait pas de commando, si elles nous ont tirés dessus!

GRAUWIN sait qu'elles ont été rossés, tabassées, affamées, elles n'ont cessé de crier à leurs bourreaux qu'elles étaient françaises, qu'à l'instant ou elles ont reçu, l'une après l'autre, une balle dans la nuque! »
 
Pour lire les biographies de Geneviève de GALLARD et de Paul-Henri GAUWIN, cliquer sur leur photo.
 
Témoignage de Mademoiselle Marie Dominique (72 ans) recueilli en mars 1991 :
 
« je descendais de l'avion après m'être occupée des blessés, je regardais à droite et à gauche, je faisais un signe et je partais avec un gars. J'aime mieux vous dire qu'ils ne disaient jamais non. Je me souviens, c'était moi qui le déshabillais pour trouver, enfin, un homme entier, sain, propre, pas blessé, avec tout ce qui lui fallait, bien portant...
 
Le commandant de la place était le patron... Quand les hommes arrivaient, on leur passait un liquide aseptisant; on leur donnait des capotes, en principe...Mais les filles étaient terriblement surveillées. Et le type qui attrapait une chaude pisse, c'était 15 jours d'arrêt de rigueur. On suppose qu'ils ont été ailleurs que là où ils devaient aller et qu'ils n'ont pas fait attention. C'était tant pis pour eux.
 
Actuellement, je suis d'ailleurs sûre qu'à l'opération Daguet, il y a sûrement un B.M.C. C'est impossible autrement. Ils ne peuvent pas tenir les hommes sans ça. C'est terrible, c'est presque beau d'ailleurs. »
 
Extrait d’un règlement de BMC pendant la guerre du Maroc.
 
Discipline :
 
La discipline aux abords et à l'intérieur de la maison de tolérance sera assurée par un poste de police que la 6ème Cie mettra en place à 7h.45 le 15 novembre, jusqu'à 18 heures. Ce poste de police, commandé par un adjudant-chef ou un adjudant énergique aidé d'un sous-officier adjoint, comprendra 12 tirailleurs, dont 50 % d'Européens.
 
Tenue :
 
Casque, musette, bidon, masque, armement individuel sans munition, couvre-pieds, quart, cuiller, gamelle.
 
Ravitaillement du poste armé: à la diligence du commandant de compagnie.
 
Les Tirailleurs se présenteront encadrés. Les sections se succèderont à une demi-heure d'intervalle.
 
Pour faciliter le débit et éviter un stationnement prolongé, ces Sections seront composées de 30 tirailleurs.
 
L'engagement est prévu de la façon suivante:
 
Les 10 premiers prennent leur ticket (12 frs) et commencent l'opération.
Les 10 suivants se préparent.
Les 10 derniers seront en réserve au bar.
 
Tenue : Chéchia, musette, contenant le savon et une serviette, masque.
 
NOTA - Le chef de Bataillon rappelle qu'il est interdit de consommer des boissons alcoolisées. Les chefs de fractions sont responsables de la discipline en cours de route et  sur les lieux. Aucune autorisation spéciale ne doit être accordée pour se rendre dans les localités voisines.
Enfin le Chef de Bataillon compte sur le bon esprit de tous pour qu'aucune affaire grave entre tirailleurs et militaires étrangers au Corps ne risque de troubler ces moments de plaisir.
 
P.C. du Bataillon
Le Chef de Bataillon
Le 14 novembre 1939

Le sujet est toujours tabou, et pourtant les BMC ont bien fait parti de l’histoire de l’armée et de toutes les époques. Naturellement, un grand-père ne va pas raconter ce type d’histoire à ses enfants ou petits enfants, ou alors, à leur femme.
 
 
Les BMC ont leurs places dans l’histoire de l’Armée Française.


Sources : Textes et photos du Net


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Commentaires :

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  • Posteur anonyme dit :
    02/8/2020 à 19h 05min

    J'ai visité ne 63 mle BMC du 1er REC à sa base de Méchéria(j’avais 11 ans, j’étais venu en famille voir un oncle officier là-bas. Il avait confié les gosses (ma petite soeur de 4 ans et moi) à son « ordonnance », qui ne savait pas trop quoi faire et nous avait emmenés au BMC où il y avait des femmes. Très contentes de voir des gamins, ma sœur s’était vue offrir une poupée




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