23 novembre 1984: crash de deux Transall dans la montagne Noire

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Vendredi 23 novembre 1984, à 15 heures locales 4 Transall appartenant au Centre d’Instruction de la 63 Escadre de Transport (aujourd’hui Centre d’Instruction des Equipages de Transport, CIET 340) décollent de Toulouse - Francazal afin d’effectuer un double entraînement : un largage de parachutistes et un exercice de vol à très basse altitude pour passer sous les faisceaux des radars.
 
Après une navigation en isolé les avions F156 et F209 se rejoignent à Montclar de Quercy. Les avions arrivaient à la verticale de Saint - Avit près de Castres et devaient alors reprendre la direction de Toulouse en effectuant un large virage, cela à 50-60 mètres d’altitude.
 
C’est en effectuant ce large virage que ces deux Transall se sont accrochés et se sont écrasés aux lieux-dits « Cantegaline et Le Rouget » sur la commune de Carbes, près de Castres dans le Tarn. Il n’y a aucun survivant.

N°1 – C160 F156

CDT POINCELET PCB 
ADJ BILLARD Pilote 
CDT FLORYSIAK Navigateur 
LTT GALIA Navigateur 
MAJ VOCHELET Mécanicien Navigant
ACH HERMANN Photographe SIRPA AIR
ACH HUPLIEZ Largueur BOMAP
ACH NATTON Largueur BOMAP
SCH THIBAULT Largueur BOMAP
N°2 - C160 F 209


LTT GUYOT NCB
CNE JULIEN Pilote
LTT SIRE Pilote
MAJ BORIE Mécanicien Navigant






 

Témoignage du sous-officier MATPARA chargé de récupérer les matériels TAP
 
Cet événement, que j'ai du mal à fixer dans le temps, est un mauvais souvenir. Je n'ai que des brides de souvenir, mais chaque fois que j'ai l'odeur de la mort sous le nez, je repense à cet événement.
 
Nous avons eu l'information de l'accident aérien sur la sono (flash info) de la salle de pliage. Scène surréaliste, mais pourtant véridique, certains plieurs étaient presque contents d’apprendre que des largueurs de la Bomap faisaient partie des disparus.
 
Le chef de corps de l’époque, m'a envoyé, seul, sur le lieu du crash avec pour mission de récupérer les matériels de la BOMAP et de me mettre à la disposition de l'équipe d'enquêteurs de l'armée de l'air.
 
En arrivant sur place, le soir, je me suis présenté à un officier supérieur de l'armée de l'air, qui a été surpris par mon grade (sergent à l’époque) et par la nature de ma mission. Dubitatif, il m'a laissé œuvrer et m'a demandé de voir si les largeurs du Transall F156 avaient mis en œuvre le TID (Témoin Inerte de Dérive).
 
Après la visite de madame le procureur de la République (en hauts talons dans la boue) et de l'équipe des enquêteurs de l'armée de l’air, j'ai recherché les matériels, armé d'un pistolet désinfectant, de gants et de sacs plastiques , pendant que des personnels du service de santé et de la gendarmerie,  s’occupaient des corps éparpillés...
 
L'odeur était insoutenable.
 
Après avoir récupéré un maximum de matériels nettoyés des souillures humaines, j'ai rendu compte à l'officier de l'armée de l'air que j'avais terminé et que par conséquent je repartais sur Toulouse. Il m'a demandé d'attendre car un général de brigade de l'armée de l'air souhaitait me voir.
 
Le général m'a en effet reçu, en colère contre le chef de corps de la BOMAP avec qui il s'était entretenu, auparavant, par téléphone. Il m'a ordonné de laisser sur place tout le matériel récupéré car il faisait partie intégrante de l'enquête accident: j'ai rendu compte à l'officier supérieur adjoint de la BOMAP et je suis rentré à Toulouse.
 
Témoignage du LCL(er) Gérard COLOM
 
Ce jour-là, je me trouvais à quelque 4 000 kilomètres du lieu de l’accident, à Bouaké au nord de la Côte d’Ivoire. Plus exactement dans la tour de contrôle de la base aérienne de Bouaké. Je participais à la manœuvre franco – ivoirienne « COMOE 84 », avec une équipe de chefs largueurs de la BOMAP et deux plieurs de la compagnie Technique. J’étais responsable des zones de saut et des zones de poser d’assaut utilisées au cours de cette manœuvre.
 
Triste ironie du sort, le commandant de bord du Transall qui nous a amenés de France en Côte d’Ivoire était le patron de l’escadron de transport auxquels appartenaient les deux Transall. C’est en bidouillant un des matériels « Hi-Tech » de la tour de contrôle qu’il est tombé sur RFI et a appris la tragique nouvelle.
 
Étant affecté à la Bomap depuis l’été 1982, je connaissais les trois sous-officiers.

L’adjudant-chef NATTON, était le chef largueur, il faisait partie de la compagnie Technique. Bien que n’étant pas du Matériel, il avait commencé sa carrière au DT 411 de Montauban. L’adjudant-chef HUPLIEZ était l’adjoint de la section transmission de la BOMAP. Le sergent-chef THIBAULT était affecté à la compagnie des Services, en tant que sous-officier adjoint de l’atelier régimentaire.



Discours prononcé par le général Klein, lors de la cérémonie du vingtième anniversaire de l'accident de deux TRANSALL à Carbes.
 
Le 23 novembre 1984, deux C160 Transall en mission d’entraînement aérien s’abîmaient à proximité de la commune de Carbes avec leur treize membres d’équipage.
 
Ces hommes appartenaient à l’armée de terre et à l’armée de l’air. Ils étaient animés des mêmes valeurs, unis dans la notion la plus extrême d’équipage : dévouement sans faille, recherche de l’excellence au service d’une cause ancrée au plus profond d’eux-mêmes.
Ils savaient que l’entraînement était nécessaire pour les préparer à l’engagement opérationnel.
 
Ils partageaient avec enthousiasme les missions aériennes qui fortifiaient en permanence leur vocation : être parachutiste ou aviateur.
Leur univers commun était le vol.
Véritables compagnons, unis dans une même mission, ils symbolisent l’engagement permanent au service des autres pour servir une cause commune.
Ils démontraient au quotidien la fraternité d’armes entre parachutistes et aviateurs.
 
Le monde aéronautique est monde réel. Quels que soient les efforts menés en faveur d’une plus grande sécurité, l’absolue réussite dans ce domaine n’existe pas et n’existeras sans doute jamais. La lucidité nous impose ce constat.
Vingt ans après, la tragique disparition de nos camarades résonne toujours dans nos cœurs et nous rappelle cette cruelle réalité. Leur engagement, leur foi en la mission franchissent le temps pur parvenir jusqu’à nous et servir d’exemple aux jeunes générations.
Il s ont vécu en donne tout sens à leur vie, en plein accord avec leurs convictions et leurs aspirations.
 
Ils ont rejoint la cohorte de celles et ceux qui se sont sacrifiés au combat ou en entraînement au service de leur pays.
 
En ce jour, nos pensées se tournent à nouveau vers leurs familles, leurs amis.
Nos compagnons disparus nous avaient confié le devoir d’épauler ceux qui restent touchés par un funeste destin.
 
Que serait l’âme de nos unités, de nos armées sans le respect du devoir de mémoire et le souci constant d’aider ceux qui restent.
 
Aujourd’hui, vingt ans après, leur enthousiasme, la chaleur de leur amitié continuent de nous parvenir. Leur sacrifice continuera d’éclairer les générations qui nous suivent et permettra de mieux faire comprendre les enjeux, les risques et toutes les valeurs qui sous-tendent l’état de militaire.
 
Il nous appartient à tous de perpétuer ce souvenir afin que le sens donné à l’existence de nos amis disparus ne s’arrête pas ce 23 novembre 1984.
Au cours de la sonnerie aux morts, pensons avec ferveur à ces treize membres d’équipage, unis dans un même destin et à ceux qui ont donné leur vie au service des autres.


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Commentaires :

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  • justicius dit :
    01/12/2023 à 18h 28min

    Cejour fatidique je m'en souvens très bien et pour cause ,je faisais partie de la colonne de 4 avions et nous devions larguer les paras sur la DZ de Castres .Un des deux avions qui nous précédait devait larguer la"flamme" afin de nous permettre ce larguage .Il faut dire que cet exercice s'effectuait en ambiance "guerre électronique" ,soit sans possibilitéde communiquer entre avions .Ce jour là j'ai perdu plusieurs de mes camarades avec qui j'avais été en unité que ce fut à Pau ou Evreux .Voila ,ce genre d'exercice n'est jamais facile ,un instant peut tout remettre en question.

  • Laurence HPZ dit :
    25/8/2023 à 20h 37min

    Cette date du 23 novembre 1984 restera gravée à jamais... date à laquelle j'ai perdu mon père ACH HUPLIEZ A.

  • Gilles Charlas dit :
    29/8/2020 à 19h 23min

    J’étais permanent clé ce soir là ma dernière permanence avant la quille...j’étais de la 84/02. J’avais vu partir les équipages le matin...et nous avons été mobilisés pour accueillir les familles dans des salles pour leur servir le café avant l’hommage sur le tarmac aux disparus. Cet épisode tragique de mon service militaire est toujours gravé dans ma mémoire. Je pense aux familles et au courage qu’elles ont eu

  • Patrick R dit :
    01/8/2020 à 19h 09min

    Bonjour ludo Nous avons fait notre prépa militaire ensemble et c'est ton pere Maj VAUCHELER qui nous avez transporté en Transal...ensuite affecté à la BA101 Francazal au courrier général je me souviens de ce triste événement...profond respect pour ces équipages Patrick

  • alain du 57 dit :
    07/3/2020 à 15h 17min

    service 1984 j ai travaille avec le sergent chef thibault au service mecanique 2 A a la bomap c etait un homme formidable JE REPENSE SOUVENT A CET ACCIDENT QUI MA TRES EMUE A L EPOQUE .le temps passe les souvenirs reste.

  • E Audounet dit :
    26/11/2019 à 21h 57min

    Bonjour, lorsque cet accident est arrivée j'avais 11 ans, mon père etait pompier à la SSIS Ba 101 de Francazal, il avait été chargé de la mise en sécurité du lieu du crash puis du rassemblement et du rapatriement de ce qu'il restait de cette tragédie... Un événement très marquant pour nous, véritables passionnés d'aviation (mon grand-père avait d'ailleurs été mécanicien naviguant sur Dakota puis Nord Atlas à Francazal J'ai souvent pensé, je pense encore ... et je n'oublierai jamais.... E Audounet

  • magnier dit :
    02/10/2016 à 14h 45min

    Je suis tombé par hasard sur ce site et j'appris la mort voila déjà bien longtemps de mon ancien chef, le sergent chef thibault connu lors de mon service militaire en 1978 a la BOMAP.Sil m'arrivais de penser a lui depuis ,c'est qu'il avait ,a cette époque la passion de la course a pieds et que depuis mon service ,j'ai la mème passion.Avec l'age on deviens un peu nostalgique et on plongeant dans notre passé on s’aperçoit que la vie nous a réservé des destins bien différents.

  • Katy Birgé dit :
    22/11/2015 à 18h 48min

    Bonjour, Je n'oublierai jamais la date du 23 novembre 1984. Je travaillais à l'époque à l'ERT (Escadron de Ravitaillement Technique) de la Base de Francazal et plus précisément à la réforme du matériel. C’est dans notre « parc à ferraille » que les équipes (terre, air) sont venus déposer durant toute une semaine les restes des 2 Transall. Dès l’annonce de l’accident, avec deux de mes collègues nous avons voulu « faire quelque chose », nous occuper des blessés (je me souvenais de cette photo d’un para tenant la main d’un autre un an un mois plus tôt lors de l’attentat contre le Drakkar à Beyrouth). Mais il n’y avait pas de blessé en ce soir du 23 nov 84 ; alors on nous a demandé d’ouvrir le mess, d’accueillir les équipes d’enquêtes, et puis surtout les familles. Je sautais en parachute à l’époque à Agen la Garenne et avait partagé un avion avec le chef Thibault, étant tous les deux de la région angevine, nous avion prévus de resauter une nouvelle fois d’un même avion. Je n’oublierai jamais!

  • jean dit :
    25/3/2015 à 16h 27min

    Bonjour que de bon souvenir , d avoir passé 10 mois a la BOMAP dans l équipe du SCH THIBAULT 81/82 Jean DE LYON

  • CAMPLONG DIDIER dit :
    25/3/2015 à 14h 39min

    Bonjour, j' étais affecté au germas 15/063, en tant que fourrier du GERMAS. Je me suis porté volontaire pour ... ... Je connaissais plusieurs personnes, dont le photographe HERMANN ...

  • patounet29 dit :
    07/1/2015 à 13h 38min

    Je connaissais le ltt GALIA Didier, nous venions de passer 2 ans ensemble à La Réunion . c'était mon voisin de palier et nous devions passer le reveillon de fin année ensemble.toujours une pensée pour ses enfants et son épouse

  • LE FAUCHEUR dit :
    21/11/2014 à 10h 50min

    Nous ne pouvons pas oublié cet évènement tragique. Merci à votre site d'y rendre hommage.

  • peu importe comment je m'appelle dit :
    31/8/2014 à 15h 53min

    Pour Ludo .... Ancien pilote de la même maison que ton père,je l'ai bien connu, je l'appréciais vraiment bcp. Je pense de temps en temps à lui et à tous les autres que j'aimais aussi. Je ne te connais pas mais si tu es de la même trempe, tu mérites mon respect.

  • ludo dit :
    21/2/2014 à 19h 10min

    Merci à vous tous pour cette article en mémoire de ces deux équipages, ton mon père faisait partie le MAJ Claude VOCHELET Mécanicien navigant. Merci à vous tous de perpétuer ce souvenir après 30 ans . Ludovic.VOCHELET

  • Jeannot dit :
    03/8/2013 à 12h 12min

    Salut Polo, Comment vas-tu depuis l'IBP à cette même époque ? Ceux-là, on a tendance à les oublier .. le grand LUC Bomap - était dans le troisième ( Baraka ).. à bientôt à une autre Saint Michel ETAP ! Jeannot

  • Gasc Polo dit :
    23/11/2012 à 12h 12min

    En ce 23 novembre une pensée pour nos camarades disparus dans ce tragique accident et salut à tous les paras. J'ai dû en larguer pas mal d'entre vous. Merci Ptv et Beaujot pour vos sympatiques temoignages.