J'ai sauté sur Port Saïd pour l'opération sur le canal de Suez. A l'époque, j' étais affecté au groupe récupération des parachutes de la section de pliage de la BAP/AFN. Pour cette opération, j'avais pour mission de récupérer les matériels de la 10ème Division Parachutiste. Nous avons, dans un premier temps, été brouettés sur Chypre par voie aérienne civile (Air France). Nous sommes restés quinze jours sur l'île, a bivouaquer sous des tentes anglaises. Puis, une nuit, à 1heure du matin, branle-bas de combat ! On est venu nous chercher pour embarquer, mais personne ne connaissait la destination: pas même le lieutenant. Vers 4h, on s'est équipé puis décollage. Pour ne pas alerter les égyptiens, les avions ont fait un grand détour et sont arrivés par le désert, alors qu'ils nous attendaient par la mer. On a sauté à 7h du matin, à une altitude de 400m (la deuxième vague a été larguée à 13h sur Port Fouad). La zone de saut était souple. Et là, j'ai eu la peur de ma vie. J'ai atterri dans un trou, fait par un obus de mortier. Je m'étais mis à plat ventre pour me déséquiper, quand soudainement un gars tombe à côté de moi. Il portait un casque anglais. Il m'a sauté dessus, croyant qu'il avait à faire à un ennemi. Après quelques volées de bois vert, on a réussi à s'expliquer et tout est rentré dans l'ordre. Pour tout armement, je n'avais qu'un pistolet de calibre 7,65 mm. Aussi, le premier mort égyptien que j'ai trouvé, je lui ai soustrait sa carabine tchèque avec ses munitions: il n'en avait plus besoin! Le lieutenant qui commandait la section s'appelait MORANVAL. Il n'était pas très à l'aise. En progression, à chaque fois qu'il rencontrait un trou d'obus, il sautait dedans. Son radio, restait à l'extérieur. Il lui disait: " Hé! mon lieutenant, c'est fini !" Puis il rigolait. Pour nous, les anciens d'Indochine, c'était de l'amusement par rapport à Dien Bien Phu. Le pire, c'était les mines. Pour en savoir plus sur cette opération, cliquez sur la photo ci-dessous: |