Chapitre 6: LES FÉMININES DE LA SPÉCIALITÉ DES MATÉRIELS DE PARACHUTAGE ET DE LARGAGE | ||||||||||
Elles ont défilés le 14 juillet à Paris, sur les Champs Élysées. | ||||||||||
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Le 14 juillet 1983, les sous-officiers féminins parachutistes de l’ERGM de Montauban, défilent sur les Champs-Élysées. Ce défilé, qui valut les félicitations du Général Directeur Central du Matériel, ne peut être passé sous silence. | ||||||||||
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Elles avaient commencé à marcher, depuis des semaines, de long en large, ensembles, fractionnées. L’asphalte de l’enceinte du quartier VERGNES chauffait sous cette géométrie cadencée et sans fin. Elles finirent par marcher en rêve et à rêver en marchant. Le magnétoscope leur renvoyait l’image des unes et des autres, marchant sans cesse à la recherche de la perfection. Automatisme du geste, du regard, du cœur peut-être. Elles n’étaient plus des sous-officiers. Elles étaient devenues des « robots défilant. Le temps, lui, inexorablement filait sa trame, les rapprochant de jour en jour, d’heure en heure du départ vers la capitale. On leur avait demandé de se couper les cheveux, d’enlever les boucles d’oreilles, de supprimer leur maquillage, de gommer de leur démarche ce « chaloupement » qui est à elles et non à eux. Bref, on leur avait demandé d’être viriles. C’était d’une grande simplicité et d’une logique ineffable : un militaire c’est viril. C’est ça la féminisation ! il suffisait d’y penser. Le défilé prenait des allures de sanction et le moral en devint tout gris. Gris comme le quai de la gare de Paris, comme le ciel de la capitale, comme ses rues dans l’aube de ce 8 juillet où elles débarquèrent après une nuit sans sommeil. La caserne et le boulevard portaient le même nom : MORTIER de ce maréchal de France qui commanda la jeune Garde Impériale en Russie. Ce fût qu’elles campèrent durant huit jours. C’était en quelque leur quartier général : elles y dormaient, elles en partaient, elles y revenaient au rythme des séances programmées d’exercices ou à leur propre rythme. En effet, elles furent nombreuses à jouer les touristes, de jour et de nuit. C’était un peu la fête, comme la veille des grandes vacances pour des enfants, comme pour des collégiennes échappées du couvent, comme pour des militaires au soir de permission. C’était l’échappée belle, l’échappée des séances d’ordre serré ou sur l’anneau de vitesse de Satory, elles tournaient la pantomime du défilé. Elles avaient résisté aux nuits courtes, étouffantes, bruyantes. Elles avaient résisté aux trombes d’eau sous le plastique des « Navalais ». Elles avaient résisté au pessimisme nerveux. Elles étaient là, le 14 juillet, levées tôt, trop tôt, prêtes pour l’ultime effort. Qu’ils parurent longs ces Champs-Élysées, à voir les tribunes minuscules au loin. Qu’ils furent courts à arpenté au pas cadencé. Les applaudissements crépitaient, comme la pluie sur les toits un soir d’orage, couvrant le bruit des talonnettes et de la musique des Troupes de Marine. La grosse caisse résonnait sourdement, donnant la cadence et ce fut la tribune avec son virage qu’elles appréhendaient tant… Elles furent les meilleures, tous l’ont dit, enfin presque tous. Elles ont souffert pourtant. Le soleil plombait, les nerfs étaient tendus, la fatigue circulait, mais pas une n’a flanché. Elles furent ce jour là, de bons petits soldats, vaillants et fiers. Elles méritaient qu’on le leur dise…. Et tandis que Saint Eloi, soucieux, fait minutieusement ses comptes, tentant désespérément de contrebalancer les heures indirectes qui lui donnent le tournis, Saint Michel, le sourire angélique chantonne doucement « ça avait de la gueule, au diable la productivité ! et par moi-même… je suis très content ». | ||||||||||
(extrait du livre : Un des fleurons des établissements du Matériel, l’ETAMAT de Montauban) | ||||||||||
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