Chapitre 12: BIOGRAPHIE DES MATPARA DCD.

 
  • Pierre LAQUÊCHE.

Pierre LAQUÊCHE est né le 12 février 1931. 
Le 15 avril 1951 il est appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire à la Base École des Troupes Aéroportées de Pau. Il est breveté parachutiste avec le numéro 75 327. Il contractera un engagement le 16 octobre 1952. 
Le maréchal des logis Pierre LAQUÊCHE, alors affecté à la BETAP, est désigné pour suivre le stage du brevet du 1er degré « Largage et Parachutage » à l’ERGM ALAT et Aéro de Montauban, du 01 février 1955 au 06 mai 1955. 
Du 1er septembre 1956 au 10 avril 1957, il participera à l’opération Mousquetaire pour la libération du canal de Suez au sein de la BOAP implanté à Chypre.

Muté le 03 août 1958 à la 191ème CMRP d’Alger, puis à la Direction Régionale du Matériel de la 10ème RM, il effectuera un premier séjour en Algérie jusqu’au 08 mars 1960. 
De retour en métropole, il effectuera le stage préparatoire au CT2 MAT PARA pour l’obtention de l’échelle de solde n°4, du 14 mars au 24 juin 1960.
Il effectue un deuxième séjour en Algérie du 21 juillet 1960 au 08 février 1963. À l’issue de ce séjour, il est muté à l’ERGM ALAT et Aéro à Montauban et sera rayé des contrôles le 10 juin 1968 avec le grade de major.
 
Il entamera une deuxième carrière, dans le civil, en tant que responsable de l’usine de fabrication de parachutes de Sauveterre de Guyenne, un établissement considéré comme une véritable institution car bien des familles du sauveterrois y ont travaillé.

  • Photos transmises par la famille LAQUÊCHE.
  • Diaporama sur la visite du préfet de la Gironde à l'usine de Sauveterre.
 
  • Gérard LEON.

1930, la France panse les blessures encore béantes de la guerre 14-18. C’est dans ce contexte de difficile renouveau que le jeune Gérard LEON décide de servir son pays.
Il a 18 ans. Il s’engage et est affecté au Maroc. La partie française du RIF est officiellement soumise depuis 1926. en réalité, elle est toujours sujette a des conflits larvés, actes de violence et de rébellion. Le jeune LEON est d’entrée dans la carrière confronté à une situation de guerre qui ne dit pas son nom. Il se distingue très vite par son allant, à tel point qu’il est nommé sergent à titre exceptionnel pour faits de guerre à 20 ans en 1932. son comportement lui vaudra d’être sergent-chef à 24 ans en 1936. C’est avec le grade d’adjudant qu’il intègre en 1939 les services du Renseignement, tâche ingrate mais combien exaltante.
Revenu en métropole, il rejoint la résistance du sud-est dans le Vercors. Il est versé dans les F.F.I des Hautes-Alpes jusqu’en 1945. puis vient le départ en Extrême-Orient. Il embarque pour l’Indochine en qualité de spécialiste des matériels de parachutage et de largage.
C’est avec le grade de capitaine qu’il retrouve la métropole en 1951. De 1954 à 1957, il effectue des missions en Algérie. En 1958, il le commandement de la 410ème Compagnie de Réparation Divisionnaire à Méchéria dans le sud oranais. Il n’a pas terminé son temps de commandement quand le Général LAUTIER, directeur du Matériel en Algérie, lui confie le commandement de la 60ème Compagnie de Réparation Divisionnaire stationnée à Zéralda. Dans un souci de cohérence, le général LAUTIER souhaite que cette C.R.D. parachutiste ait à sa tête un parachutiste. Le capitaine LEON est l’homme de la situation au vue de sa compétence et de ses états de service.
Ces deux commandements successifs, le capitaine LEON les aura vécus comme les moments les plus forts et les périodes les plus fastes de sa carrière.
Dans le cadre de la réorganisation des forces après ce qu’on a pudiquement appelé les « événements », la dissolution de la compagnie est décidée. C’est au capitaine LEON qui échoit le crève-cœur d’en assurer la liquidation.
Sa belle compagnie dissoute, le capitaine LEON intègre à Paris l’inspection centrale des Matériels de Parachutage et de Largage. Il effectuera dans cette fonction des déplacements permanents dans toute l’Afrique ex-française pour former et conseiller les spécialistes PARA de sept pays d’Afrique et Madagascar. Il est promu commandant en 1962 et lieutenant-colonel en 1968.
Plus peut-être encore que l’exemplarité du soldat, il faut souligner l’exemplarité de l’homme. Son sens aigu de la communication l’emportait sans doute sur toutes ses qualités signalées. Ouvert et généreux, il était dans ses commandements près de ses hommes, parmi eux sans vouloir jamais donner l’impression d’être au-dessus d’eux. C’était un chef et plus peut-être qu’un chef : un guide.
Ses paras de la 60 c’était ses gus, comme il aimait les appeler. Pour eux, il était l’ancien, la référence, le recours. Les rapports avec ses subordonnés toujours empreints de respect réciproque lui valaient une considération « béate », une sorte d’adulation, en tout cas un profond attachement.
Revenu à la vie civile, il a gardé avec beaucoup de ceux qu’il avait côtoyés ou commandés pendant sa longue carrière des liens indéfectibles d’amitié avant d’en tisser d’autres dans le nouvel entourage de sa nouvelle existence.

Biographie rédigée à partir de l’éloge funèbre prononcé par le lieutenant-colonel Pierre DESCHAMPS le 22 décembre 2005.
  • Photos de la cérémonie d'enterrement du 22 décembre 2005
 
  • Jean LIGONNIÈRE
Jean LIGONNIÈRE est né le 12 janvier 1931 à Chaillé les Marais dans le département de la Vendée (85). Voici son autobiographie. Le parcours d'un homme de caractère, qui a connu une période particulière de notre histoire. Une période mouvementée, des situations délicates, des conflits de personnes, mais avec un état d'esprit parachutiste affirmé qui fait la différence. C'est un digne représentant des parachutistes qui se sont engagés dans les années 50  à l'aube des événements d'Algérie et qui vont les traverser. Il est bien évident qu'il en est sorti marqué et transformé.
  • Avant l'armée.
Septième d'une famille de huit enfants, je me suis trouvé orphelin de père à 2 ans. Mon père avait 39 ans quand il est décédé. Il avait fait la Grande Guerre, blessé deux fois, à la baïonnette et à la grenade et gazé deux fois. Mais en 1933, année de sa mort, seules ses blessures étaient reconnues, sans attribution de pension. Le gazage n'était pas reconnu. Donc au final, les huit enfants ont été élevés sans pensions. Mes aînés étaient placés chez des oncles et souvent employés comme main-d'œuvre ou ouvrier agricole.
Plus tard, je suis retrouvé placé dans le milieu clérical. Je n'en ai pas gardé un très bon souvenir. À 14 ans, j'ai obtenu mon certificat d'études primaires. J'avais aussi une formation poussée en ordre serré. Pendant la récréation nous défilions en chantant "Maréchal nous voilà". Puis j'ai été placé comme ouvrier agricole. Là j'ai tout connu. Le travail sans horaire, un dimanche sur deux, mauvaise rémunération, surveillance de mon alimentation, les insultes, mais par contre j'ai appris à travailler.
À 17 ans, changement de maison, chez un laïc sans enfant. Travail, horaire et nourriture, j'étais heureux. Mais cela n'a pas duré. Suite à une procédure juridique, le propriétaire a été obligé de vendre. J'avais découvert ce qu'était un être humain.
À 19 ans, changement de patron et de département. Toujours placé comme ouvrier agricole pour trois: de la Saint-Jean à la Saint-Michel. J'étais dans une bonne maison. Hélas le propriétaire décède. Je change à nouveau de maison. C'est dans ce laps de temps que j'ai fait connaissance de Suzanne. Elle avait 13 ans.
En septembre 1950, nouvelle maison. Une famille nombreuse dans laquelle personne ne disait mot. Il régnait un silence à faire peur. Le patron brillait par son absence. En huit jours de présence, je ne l'ai jamais eu avec moi au travail. Seulement le soir il venait voir ce que j'avais effectué comme travail dans la journée. Il me regardait et me traitait de fainéant. Le soir même j'ai demandé mon compte et le lendemain je me suis rendu au bureau de recrutement de La Roche-sur-Yon. C'est dans ce bureau qu'on m'a posé la question dans quelle unité? De par mon état d’esprit du moment, ma réponse fut la suivante : n’importe où, sauf en France. Mais et surtout dans une unité parachutiste.
Le soir même je donnais mes huit jours et démissionnais en attente de ma convocation à Nantes: mon seul avenir, c'était l'armée.
  • En Algérie.
Engagé par devancement d’appel devant l’intendance de Nantes le 4 novembre 1950 pour 18 mois.  Je rejoins donc Marseille, sans savoir où j’allais. Là j’embarquais pour Bône, situé dans l’Est Constantinois de l’Algérie, sur le S/S Marigot.
Par le train, je rejoins Philippeville où se situait la caserne Mangin du 1er bataillon du 1er RCP (Régiment de Chasseurs Parachutistes) alors commandé par le chef de bataillon BUCHOUD. A l'époque le 1er RCP était constitué de trois bataillons dont un seul détenait une SEPP : la 191ème SEP, appartenait au 1er bataillon. J’y arrive le 9 novembre 1950 pour le déjeuner, toujours en civil. L’après-midi, je suis dirigé vers le camp d’instruction (camp Mérillon) où j’y effectue la perception de mon paquetage. Mon chef de section était l’adjudant GUETTAS et mon commandant de compagnie le capitaine PHORAN. Le 11 novembre 1950, je défilais en ville.
J’ai été breveté parachutiste le 23 janvier 1951, au centre d’entraînement au saut n°1 de Philippeville. J’ai obtenu le brevet numéro 54 458. A l’époque, le centre était commandé par le commandant LEBOURIS. C’est pendant cette phase d’instruction que j’ai appris à plier un parachute. En effet, chaque élève parachutiste pliait son propre parachute, sous la surveillance des moniteurs et sautait avec. Les parachutes utilisés pour le brevet, étaient des parachutes américains du type « T5 » et « T6 » à voile première.
Ces parachutes ont été utilisés jusqu'aux années 52–53. Nous sautions à partir d’avions lents comme le « junker 52 ». C’est d’ailleurs pour cette raison que les parachutes étaient pliés en voile première.
J’ai été nommé brigadier le 4 mai 1951 et j’ai rejoint la S.E.P. (Section d’Entretien des Parachutes). J’ai obtenu mon certificat de plieur de parachutes le 13 août 1951. J’ai été nommé brigadier-chef le 15 mars 1952 et détaché au centre d’instruction de Djidjelli du 3ème bataillon du 20 avril 1952 au 4 novembre 1952 pour l’instruction de base de la troupe. Le chef de section était le sergent-chef MUHLEIM.
Du 25 novembre 1952 au 17 janvier 1953, au camp PEHAN restauré, le chef de section était l’adjudant VILLANUA. J’ai été nommé maréchal des logis le 1er mars 1953.
Le 24 avril 1953, j’ai été désigné pour assurer le commandement du détachement d’El Aouina en Tunisie, en remplacement de l’adjudant DENIS.
Nous y assurions le pliage des parachutes à personnels et à matériels au profit de la 2ème CRA (Compagnie de Ravitaillement par Air) basée à Sétif. Le détachement a été dissous le 23 août 1953.
Puis ce fut l’arrivée des parachutes français le TAP 660 pour les parachutes automatiques et le 690 pour les parachutes à ouverture commandée. Les avions avaient aussi changé, on est passé à des avions plus rapides et plus modernes, comme le DC3 plus connus sous le nom de « Dakota ». Afin de limiter le choc à l’ouverture, le pliage « suspentes premières » fût adopté. La voile était pliée dans un sac, relié à la SOA (Sangle à Ouverture Automatique). Les suspentes étaient lovées dans des tuyères longitudinales situées sur le dessus de ce sac. Un long crochet métallique était nécessaire pour effectuer le lovage. Le travail était lent et pénible.
Pour les grandes manœuvres, nécessitant un grand nombre de parachutes, le personnel féminin venait nous aider, de jour comme de nuit. Le travail pouvait durer jusqu’à deux ou trois heures du matin. Et cela après leur journée de couture à l’atelier. Il y eut plusieurs manœuvres nécessitant un tel déploiement de matériels. Ce fut le cas en avril, en juillet et août 1954. A l’époque, c’étaient des appareils venant d’Allemagne qui nous larguaient : des C119 et C82.
Au cours de l’année 1954, une grande manœuvre, à l’échelon de la division, fut effectuée à la frontière marocaine, zone opératoire entre Oujda et la mer. Je fus placé sous les ordres du capitaine LAFARGUE pour le suivi des troupes sur la carte.
Le 1er novembre 1954, étant de semaine, je fus mis en alerte pour le massacre du couple d’enseignants et de civils musulmans, dans les gorges de Palestro : c’était le début du soulèvement algérien.
J’ai obtenu le C.I.A. (certificat interarmes) le 12 mars 1955.
Le 19 mars 1955 je suis désigné pour remplacer le sergent-chef LACARRIERE à la tête du détachement d’ El Aouina en Tunisie. Je rejoins l’unité de base, la 191ème SEP, le 10 juin 1955.
De par mes différentes mutations, je me sentais plus fantassin que matériel. C’est à cette époque que le 1er RCP voit le jour sous sa forme actuelle. Les trois bataillons sont dissous. La 191ème SEP fut aussi réorganisée.
Au cours de mes différents séjours aux camps d’instruction, j’avais acquis une formation de corps à corps très poussé, avec pour instructeur le sergent-chef KOUCK.
Par la suite, il y a eu d’importants mouvements de personnel, venant soit de métropole, soit d’Indochine, voire du recrutement local pour les personnels féminins couturières. À noter que les féminines étaient aussi formées au pliage des parachutes.
Voici une petite anecdote qui montre bien le climat de tension extrême dans lequel nous travaillions : « Après avoir pris mon service de semaine à 9h30, le samedi 20 août 1955, à 11h55, j’ai entendu l’explosion de grenades, des tirs de fusils. Cela venait de la ville. La section était à la plage. Il a donc fallu emmener l’armement et les munitions aux personnels de la section. Toute la semaine s’est passée en combats de rue, protection de civils et renfort de tous les sites sensibles. Le bilan de cette semaine « d’évènements » fut de 120 morts, civils et militaires confondus ».
Début décembre 1955, je suis parti à Pau pour y effectuer le stage de moniteur parachutiste. J’intégrais le 26ème P.E.M. (Peloton d’Elèves Moniteurs) et j’en suis sorti avec le brevet numéro 743 en date du 27 avril 1956. À noter que j’étais le premier sous-officier du matériel à être breveté moniteur.
Au retour, j’ai été affecté à la 191ème S.E.P. d’Alger, commandée alors par le lieutenant CHALARD. Elle se trouvait au Ruisseau à côté de l'usine à gaz quartier d'Azoulay. Elle regroupait des personnels de Philippeville et de la SEP D'Oujda au Maroc. Les effectifs ne cessant d’augmenter la SEP est devenue compagnie le 1er mai 1957. Ainsi naissait la 191ème CMRP. Son premier commandant d’unité fut le commandant DELOZE de PLAISANCE. Il a été remplacé par le commandant ARRAULT.
À la suite de graves évènements, impliquant la 191, cette dernière a rejoint la BAP AFN stationnée à Blida en Algérie. Pour ma part, j’ai été muté, le 1er mai 1958, à la portion centrale du C.E.S. numéro 1, comme moniteur parachutiste pour la formation des brevets parachutistes.
Le 19 février 1962 je quittais l’Algérie pour Montauban. Je me suis retrouvé à l’ERGM ALAT et Aéro au stockage, à la réception et à l’expédition des parachutes. Le rythme de vie et les conditions de travail n’étaient plus du tout les mêmes : c’était l’usine !
  • De retour en métropole.
En 1963, je passais mon échelle 3 et le 1er août 1964 je quittais Montauban pour le Centre d'Instruction numéro 2 du Service du Matériel (CISM n°2) à Lunéville. J'ai été affecté au service général.
En janvier 1968, je passais mon échelle 4 à Montauban et au 1er août de la même année, j'étais affecté à la BOMAP de Toulouse. Dans cette unité, pendant deux ans, j'ai occupé la fonction de chef magasinier, distribution des matériels de saut, puis chef de section largage personnels.
En 1970 j'ai été affecté à l'escadron de livraison par air (ELA) au groupe d'entretien des parachutes à matériels.
En juin 1972, au cours d'une séance de saut de démonstration, je me suis retrouvé à l'ouverture le pied gauche sous l'aisselle gauche, ce qui me provoqua un déboîtement de l'articulation. Après 18 mois de rééducation intense, je reprenais les sauts à ouverture commandée. Cela m'a valu d'être pensionné à 25 %.
En juin 1977, je faisais valoir mes droits à la retraite, après 27 ans de service.
  • Album photos.
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