Chapitre 7: TÉMOIGNAGES

  • Témoignage de Cédric ROYER (Coin's 306), la PEPP du 13ème RDP.
Ne voulant pas réduire le DTMPL du 13 à une simple organisation technique, j’ai pris le parti de répondre aux sollicitations de l'amicale non pas en en faisant un descriptif mais en essayant de faire partager un moment de vie. Ainsi, j'espère réveiller des souvenirs à ceux qui ont partagé tant de choses dans cette contrée lointaine et délaissée ; et pourquoi pas intéresser ceux qui n'ont pas eu la chance d'y passer.
Il est 12H15 un jour de mars, le temps est maussade ou du moins, un brouillard épais recouvre le quartier Raffenel Delarue. Nous sommes 3 ou 4 au bas des marches de l’ordinaire à attendre notre tour. Devant nous se mélangent une section du 47ème ECQG et des éléments du 43ème RT. Le ciel est bas et les discussions d’avant repas laissent une impression étrange de calme et de tranquillité malgré cette météo oppressante. Un murmure semble monter et prendre de l’ampleur. Les converssations s’arrêtent progressivement et les têtes se tournent en tendant l’oreille. Qu'est-ce que ce bruit sourd qui se rapproche ? On distingue difficilement une masse s’ombre dans la brume et le murmure se transforme désormais en chant. Derrière moi une voix explique à son camarade :
« Les paras… ».
La PEPP du 13 s’avance maintenant fièrement et marque le pas devant le reste du monde. Car à ce moment précis ; il y a LES PLIEURS et le reste du monde. Cela fait une semaine que je suis affecté et je n’oublierai jamais ce moment.
Pour moi ce sont ces sentiments d’appartenance et de différence qui resteront de ces années passées dans l’est. La fierté d’appartenir aux paras bien évidemment mais aussi, cette volonté de conserver notre différence qui fait que nous sommes reconnaissables.
« La PEPP » c’est par ailleurs le Peloton d’Entretien et Pliage de Parachutes du 13ème RDP. Il est détaché à MONTIGNY LES METZ avec un effectif qui ira, à peu de choses près, de 0/4/36 en 1997 à 0/5/15 en 2011. Capable de répondre aux demandes de son régiment, il effectue les actes de maintenance nécessaires sur les quelques 2000 parachutes OA et 150 parachutes OR qui lui sont confiés. Autonome, le peloton est administrativement rattaché à l’ECL Dieuzois mais prend surtout ses éléments auprès de la C3D. Spécialistes reconnus, les MAT PARA participent à toutes les activités 3D et sont suivis avec un œil bien veillant, qui leur permet de prétendre aux stages qualifiants. L’atelier NTI2 de Woippy disparaissant en 2004, les plieurs sont alors renforcés par deux réparatrices au sein même du détachement. La réparation en ligne et les interactions pliage-réparation ou réparation-pliage gagneront ainsi en efficience et chacun s’acculturera plus facilement à l’autre.
Je pourrais continuer en parlant des rendements, des chargements ou déchargements à la main à pas d’heures, des rinçages plans d’eau toute la nuit ou des cross régimentaires avec un départ du quartier en GBC à 5H30 alors qu’il fait -10°C ; mais tout cela n’a fait que participer à notre vie. « La PEPP » nous a vu grandir et à participer à notre formation morale si chère à certains. Les difficultés rencontrées ont été traversées grâce à l’Humain et à ce que tout le peloton a pu mettre en œuvre pour dépasser les aléas du métier. Les chefs sont passés, et pourtant malgré leurs différences « la PEPP » est resté le même. Fier de son travail et de son régiment, focalisé sur un seul but « laisser l’OPS se focaliser sur sa mission sans qu’il se soucie du matériel qu’on lui met à disposition ». Plieurs de l’ombre mais rouage du régiment, la spécialité MAT PARA trouve tout son sens aux cotés des opérateurs du 13.

Chefs d'atelier pliage.

 
  • Témoignage de Sébastien DEBAT (Coin's 195), chef du DTMPL de La Réunion (2009 - 2011).
Le DTMPL de la Réunion est le plus gros site Outre-mer, possédant une grande diversité de matériels. Il a la particularité d'être le seul à posséder une tour d'aération mécanisée, pouvant accepter des voilures de charge, même mouillées, de type PL 12.
Depuis le plan annuel de mutation 2010, les personnels de la livraison par air n’ont plus la double qualification LPA et MAT-PARA. La charge d'entretien, de vérification et de contrôle revient tout naturellement au DTMPL. L’organisation interne du détachement a été modifiée en conséquence, pour assurer cette nouvelle charge de travail. Les personnels permanents ont été formés, en priorité, afin de répondre au plus vite aux objectifs fixés par le commandement.
L'organisation du magasin a été complètement repensée pour intégrer les contrats opérationnels et principalement ceux des voiles à matériel, entre les lots opérationnels pliés en stockage longue durée et le prêt à plier. Ce travail a été rendu possible grâce à des personnels, en mission courte durée, qui possédaient une grande expérience de la fonction magasinage.
L'atelier de réparation a subi quelques modifications :
Agencement des postes de travail.
Branchement des machines sur des rails aériens, permettant un déplacement plus efficace des machines à coudre.

Mise en place de tables à côté des machines pour poser le matériel et ainsi optimiser le temps de travail.
Achat d'une machine à pilier permettant la réparation des sacs de type aile.
Caractéristiques: triple entraînement par aiguille, griffe et pied. Cette machine est optimale pour coudre des matières épaisses. Elle est dotée d'une très grande longueur de points : 9mm.
Son système de lubrification automatique permet un entretien facile.
 
  • Photos transmises par Sébastien DEBAT.
 
 
  • Témoignage de Hubert DESROCHES (Coin's 164), chef d'atelier à l'ETAP (1996 à 2000).
La 3ème compagnie d’entretien des parachutes, est le pôle soutien de la 3ème dimension au sein de l’école des troupes aéroportées. En 1998, elle prend l’appellation de Détachement Technique des Matériels de Parachutage et de Largage.
Le DTMPL est composé de 3 officiers, 23 sous-officiers, et de 110 militaires du rang.
Commandé par un officier spécialiste des matériels de parachutage et de largage, la mission du DTMPL est d’entretenir et conditionner tous les matériels de parachutage et de largage nécessaires à la formation parachutiste. Le bilan annuel de production du détachement est de 105000 parachutes à personnel conditionnés et de 650 tonnes de matériels largués.
Affecté en septembre 1996 à l’ETAP, et fort de mon expérience outre-mer, je me suis vu confier la lourde tache qu’engendre le poste de chef d’atelier, mais au combien passionnante. Mon affectation a été due aussi au fait que je sois moniteur parachutiste et spécialiste de la maintenance très grande hauteur, et pour avoir participé à l’opération COURLIS en 1993  pour le ravitaillement par voie aérienne des camps de réfugiés en BOSNIE. Seul technicien très grande hauteur de l’école des troupes aéroportées, j’ai pu mettre en application à grande échelle mes connaissances dans le domaine du soutien oxygène dans le cadre des actions de formations sur le saut opérationnel à très grande hauteur, mais aussi en Afrique au cours de nombreuses campagnes d’expérimentations avec la section technique de l’armée de terre du groupement aéroporté de Toulouse.
De 1996 à 2000 j’ai occupé les fonctions de chef d’atelier à l’entretien et au conditionnement des voiles lourdes pour la livraison par air, également en tant que chef de salle au pliage des parachutes à personnel. Sous les ordres directs du commandant d’unité élémentaire et de l’officier adjoint technique, j’ai dirigé ces deux ateliers de conditionnement en relation directe avec mes chefs de cellule, chefs de groupe et mon personnel.
Possédant une autonomie importante, une organisation du travail sans faille et un management de 100 plieurs, j’ai pendant toutes ces années acquis une expérience professionnelle hors du commun. En relation avec les chefs de services des brigades de formation, mes soucis permanents étaient de fournir en matériel de tous types les stagiaires dans le respect des règlements et de la sécurité.
 
  • Témoignage de Christophe DELAIS (Coin's 316), chef d'atelier au CNIP (1995 - 1996).
Le Centre National d’Instruction Pré-militaire Parachutiste (CNIPP) travaillait au profit des Centre d’instruction Prémilitaire de toute la France, et plus particulièrement pour les élèves effectuant une préparation militaire parachutiste. Ses missions principales étaient les suivantes :
 
  • le pliage des parachutes,
  • la planification des avions,
  • la mise à disposition des équipes de largage (1 chef largueur et deux largueurs),
  • la mise en place des parachutes sur les différentes plates formes de saut.?
Son objectif était de breveter un maximum d’élèves parachutistes. Son effectif était d’environ 200 personnes civils et militaires. Il était organisé de la manière suivante  : 1 état major, 1 bureau opération, 1 compagnie technique avec son DTMPL, 1 cellule transport.
L’atelier, dont j’avais la responsabilité, se trouvait au sein du détachement technique des matériels de parachutage et de largage. Il avait pour mission le conditionnement des parachutes, nécessaires pour les périodes de sauts. L’atelier avait un effectif de 60 personnels.
J’ai occupé les fonctions de chef d’atelier, de juillet 95 à juin 96. Placé sous les ordres de l’officier adjoint de la compagnie, j’avais en charge le fonctionnement de l’atelier.
Ma mission se déclinait en deux volets :
 
  • Au sein de l’atelier, l’organisation du travail des chefs de groupes, des chefs d’équipes et des plieurs, pour les opérations de maintenance sur les parachutes.
  • Au sein de la compagnie, la prise en compte des commandes de parachutes, du bureau opération, via l’officier adjoint de la compagnie.?
Pour accomplir à bien ma mission, je respectais à la lettre les prescriptions de la circulaire N° 13001/DEF/DCMAT/SDT/AE/PL relative à l’organisation et à l’exécution du maintien en condition du matériel de parachutage et de largage dans les corps de troupe ainsi que les différentes notices techniques des matériels en service.
Les opérations de maintenances réalisées sur les parachutes, nécessitent des règles de sécurités très strictes, dans de nombreux domaines comme la qualification des personnels pour les opérations de visite et de pliage, le stockage (hygrométrie et température), l’aération, le transport et la distribution des matériels. Une journée type s’organisait de la manière suivante : 6 heures de travail technique et 2 heures d’activités autres (séances de sport).
Mon correspondant principal était le Bureau Opérations Instruction (BOI) qui m’envoyait les besoins en parachutes pour les semaines à venir. Pour accomplir la mission, je disposais d’une soixantaine de personnels et du système informatique GEMAPAL. Ce « logiciel » me permettait de suivre la position physique des parachutes durant toutes les opérations de maintenance. A tout moment, je pouvais interroger le stocks en magasin et en fonction des besoins, organiser la salle de pliage pour plier soit des parachutes de secours, soit des parachutes pour les équipes de largages etc.
Une journée de travail type commençait par la répartition des plieurs en tables de visite (entre 3 et 4) et en tables de pliage (entre 6 et 8). A cette époque, une table de visite était composée de 2 plieurs et une table de pliage de 3 plieurs. Ensuite je répartissais les chefs d’équipe, un pour 2 tables, puis les chefs de groupe un pour 4 tables. La désignation des plieurs aux différents postes ce faisait en fonction des qualifications sur le matériels à traiter mais aussi par affinité, sauf si j’émettais un avis défavorable. Pour la répartition des chefs de groupe, je décidais de leur affectation dans l’atelier. Une fois cette mise au travail terminée, je réalisais un plan de salle dans le système informatique. Celui-ci était signé le soir même par tous les personnels de l’atelier, attestant ainsi de leur travail.
La gestion des personnels et la mise en formation, était cadencées par l’arrivée et le départ des appelés du contingent, tous les 2 mois. Je réalisais un point précis sur les qualifications des personnels partant et j’organisais la formation de plieurs sur les parachutes de secours, les parachutes de type aile et les chefs d’équipe. Les personnels concernés par ces formations étaient déjà dans l’atelier depuis plusieurs mois. Ma connaissance des plieurs, appuyé par l’avis des chefs de groupes me permettait de mettre, en fonction des qualités de chacun, le bon personnel sur la bonne formation. Les nouveaux arrivants étaient systématiquement formés sur un seul type de matériel, le parachute principal TAP 696-26. La formation était dispensée par un chef de groupe et un (voir deux) chef d’équipe en fonction des effectifs à former. Cette formation était clôturée par le pliage d’un parachute d’examen. Ce parachute était ensuite utilisé par le plieur lui même lors d’une séance de saut afin de le sensibiliser à la qualité du travail à réaliser.
Malgré de nombreuses planifications, il nous arrivait, parfois, d’avoir à gérer des situations imprévues. Plus particulièrement pour le pliage des parachutes de type aile. Les commandes étaient passées par téléphone au dernier moment. Il me fallait alors réorganiser la salle pour honorer le besoin, tout en rendant compte au BOI du caractère exceptionnel de cette commande.
Cette expérience de chef d’atelier a été très enrichissante et m’a énormément apporté dans ma façon de travailler. Ce que je retiens surtout, c’est la richesse des contacts humains avec les personnels de l’atelier mais aussi avec les différents services du CNIP (BOI, infirmerie, ordinaire etc.). Le métier de plieur est un métier difficile et très contraignant. Pour le faire réaliser par des appelés du contingent il fallait de la rigueur, de la discipline mais aussi et surtout un profond sens du contact humain. Il fallait que les cadres de l’atelier trouvent les mots, les gestes, justes pour rendre ces opérations moins fastidieuses et surtout pour faire en sorte que ces opérations soient réalisées dans la bonne humeur.
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