Chaque matin, silencieusement, presque furtivement, elles traversent le camp selon un horaire pratiquement immuable. Leur démarche est si rituelle qu’elles passent inaperçues : d’aucuns ignorent leur rôle et pourtant il est essentiel. Quand les légionnaires arborent fièrement leur brevet et comptabilisent leurs sauts, savent-ils la dette qu’ils ont à l’égard de nos fidèles réparatrices ? Trente cinq mille parachutes chaque année sont dépliés. Le maquis, les épineux les attendent et souvent les égratignent ; parfois mêmes les dérives, les plans des avions largueurs les brûlent. Il arrive aussi que l’homme, si peu reconnaissant, par excès de précipitation les blesse. Alors, les douces mains féminines s’emparent des voiles meurtries et ces bonnes âmes dispensent leurs soins attentifs. Mais pour mieux connaître leur action, suivons un grand malade qui vient d’entrer dans la clinique du parachute qu’est l’annexe de l’Atelier du Matériel Aéroporté, située dans les locaux de la Section d’Entretien et de Pliage des Parachutes. Il repose, exténué au milieu des autres gisants quand il est extrait de la salle de visite, sorte de centre de triage d’un hôpital. Vu la qualité du malade, il conviendrait de l’opérer tout de suite. Une propreté remarquable et un ordre presque parfait règnent dans la salle. L’éclairage naturel, la douce température ambiante, les couleurs reposantes, la présence de quelques plantes luxuriantes lui confère l’allure d’un havre de paix. Doucement, une réparatrice allonge le blessé sur la table et l’installe pour l’observer sous toutes les coutures. Ses suspentes sont étirée et la voile étendue. Commence alors une auscultation minutieuse, à laquelle succède la radioscopie. Vêtue de sa blouse blanche, « l’infirmière » » regarde, fouille et repère les coupures, égratignures et autres blessures de ce fameux patient, « l’Olympic 687 Papillon ». Le diagnostic bien établi, le calmant administré, le « chirurgien » opère ; il découpe, replace, recoud, ajuste… Les dégâts ne sont pas si importants et dans quelques minutes, il recoudra les plaies… Ce serait trop facile ; si la voile a été déchirée, les suspentes ont peut-être souffert ? on vérifie donc le suspentage, le sérieux étant la première qualité de toute réparatrice. Nous pouvons donc lui accorder une confiance absolue. Une nouvelle série de soins commence ; ligature, couture, les suspentes malades font place à de nouvelles, saines, vigoureuses, souples. Au nombre de vingt quatre au moins, elles mesurent chacune plus de vingt mètres. Le travail ne manque pas! Notre illustre patient maintenant subit une série de contrôles. Son rétablissement est-il total ? peut-on délivrer un nouveau certificat d’aptitude ? Oui, sa robustesse légendaire et la qualité des soins dispensés ont produit d’heureux résultats : il est apte. De rudes mains calleuses s’en emparent, il est vite plié dans tous les sens et jeté dans cette prison à parachute qui a nom : hangar de stockage. Un légionnaire viendra le délivrer pour le grand, air son élément… Ce matin là, notre « Olympic Papillon » se sentira immensément heureux si son copain pense un tout petit peu… à sa réparatrice qui lui a rendu la joie de planer dans les airs. Merci, MESDAMES, si souvent oubliées et cependant toujours présentes… au saut, au sport et même aux cérémonies de Camerone. Texte 2ème R.E.P. |