Chapitre 2: HISTORIQUE DES UNITES MATPARA

 

La spécialité MATPARA au sein du 2ème RPIMa de Madagascar.

 
Dissous le 5 juillet 1962, le 2ème RPIMa est recréé le 1er janvier 1965 à Ivato (Madagascar) à partir du 5ème bataillon parachutistes d'infanterie de marine. Il rejoint La Réunion en 1973.
 
  • Témoignage de Georgette WILK (Coin's 42).

J’ai été mutée au 2ème RPIMa à Madagascar de 1969 à 1972 pour servir à l’atelier de réparation des parachutes : le G.R.P. (Groupe de Réparation des Parachutes). Le régiment se trouvait sur la base d’Ivato et il y avait aussi une SEP.
J’ai remplacé Irène CONTENET. Nous partagions l’atelier avec l’armée malgache, les parachutes étaient les mêmes. La SEP et le GRP se trouvait dans le même bâtiment, il n’ y avait qu’un corridor qui nous séparait. J’ai eu COUDERC et VERDIER comme chefs d’atelier et à la SEP il y avait GRANY et CASASSUS. 
L’atelier se composait de vingt six personnes réparties entre les bourreliers, selliers, réparatrices et personnelles d’entretien. Ils étaient tous et toutes Malgaches et il y avait un adjudant-chef de chez eux qui s’occupait de la discipline. Tout le personnel était civil, j’étais la seule militaire. Les réparatrices et les réparateurs avaient été formés localement et elles travaillaient bien. Par contre il n’y avait pas de chef d’équipe. Une fois j’ai eu un problème de discipline (d’horaire plus exactement). J’ai été traitée de raciste et il a fallu que je présente des excuses. De ce jour, j’ai demandé à avoir une chef d’équipe pour travailler pour l’armée française et une pour l’armée malgache. J’ai obtenu gain de cause et comme cela elles réglaient leurs comptes entre elles et moi je n’avais plus de problème. De leur côté, elles étaient contentes parce qu’elles étaient doublement payées.
Compte tenu des conditions climatiques, nous faisions la journée continue de 7h à 14 h, avec une pause méridienne de ¾ d’heure pour le déjeuner. En ce qui concernait le rythme de travail, il n’y avait rien à voir avec Montauban. Tout comme en métropole, je travaillais en civil. La tenue militaire était réservée au saut et aux cérémonies auxquelles je participais.
Nous faisions beaucoup de travaux annexes comme des poupons pour les kermesses et comme il n’ y avait pas de maître tailleur, nous faisions des casquettes « Bigeard », des protège casques et beaucoup de travail de retouche pour les tenues des paras du 2ème RPIMa.
Quand j’ai été mutée à Madagascar, je n’avais pas encore fait mon « échelle 4 » (ancêtre du BMP2 et du BSTAT). Je n’avais donc aucune connaissance de la gestion d’un atelier. J’ai tout appris sur place avec l’aide des autochtones. Le plus difficile pour moi, ce fut la tenue de toute la paperasse.
J’étais en poste TAP. Pour les séances de saut il fallait compter toute la journée. Ce qui était drôle, c’était de voir la tête des petits Malgaches quand ils découvraient que c’était une femme qui arrivait en parachute. Ils n’en avaient jamais vu sauter. Ils se précipitaient pour ramasser mon parachute. Je les laissais faire et leur donnais la pièce : ils étaient tous contents.
Sur le plan du logement, il n’y avait rien à dire. J’occupais une villa sur les hauts de Tananarive, juste en dessous du « palais de la reine ». J’avais une vue imprenable sur la ville. Pour l’entretien de la villa, j’avais une femme de ménage, que je payais trop, ce qui m’a valu quelques désagréments avec le ministère du travail. Tous les jours, un bus venait nous chercher pour aller à l’aéroport où se trouvait le régiment et donc l’atelier. Sur le parcours, nous contournions un nombre impressionnant de rizières.
Comme je faisais pas mal de petits travaux pour les cadres du régiment, en revenant d’une tournée de brousse, ils m’ont ramené un lémurien. Je suis allée au ministère du « ras du sol » (ministère de l’agriculture) et j’ai rempli toutes les formalités pour le ramener en France. Il m’a suivi en Corse, ma mutation suivante. Je l’ai gardé pendant 23 ans.

Tenue pour le saut. (crédit photo : WILK)
 
  • Témoignage de Jean-Pierre DONADIEU (Coin's 572).

J’ai été affecté au 2ème RPIMa implanté sur la base aérienne civile et militaire d’ Ivato sur l’île de Madagascar, du 13 juin 1968 au 12 juin 1971. J’ai rejoint la Section Technique Parachutiste (STP) et j’ai remplacé l’adjudant MORNET (MATPARA), en fin de séjour.

La STP était divisée en trois ateliers :

  • Un atelier couture réparation des matériels de parachutage et de largage. Le chef d’atelier était l’adjudant-chef LANOUZIERE. Il y avait aussi une PMFAT, l’adjudant-chef CONTENET. Quand je suis arrivé ils étaient en fin de séjour et ont été remplacés respectivement par l’adjudant-chef COUDERC et le maréchal des logis chef Georgette WILK. Tous les autres personnels, masculins et féminins, étaient malgaches.
  • Un atelier mixte franco-malgache de livraison par air. Le responsable était le lieutenant COLLARD des troupes de marine, assisté du maréchal des logis chef MATHIEU (MATPARA) et de parachutistes détachés du régiment. Du côté malgache, le responsable était le sergent-chef SOW assisté de parachutistes malgaches. La mission de cet atelier était le pliage des parachutes pour le largage des petits colis.
  • Un atelier mixte franco-malgache pour l’entretien et le pliage des parachutes à personnels. Le responsable était le lieutenant ROGER des troupes de marine assisté du maréchal des logis chef DONADIEU (MATPARA) et de parachutistes détachés du régiment. Du côté malgache, le responsable était le sergent-chef TSANGANDAHY (CT1 MATPARA) assisté de plieurs malgaches.

Dès le début, les autorités malgaches ont attiré mon attention sur les éventuels problèmes relationnels qui pourraient exister entre nous deux. Ayant déjà été responsable des CT1 MATPARA à Montauban, je connaissais le problème. Une rapide mise au point fut nécessaire et le séjour se déroula sans heurts. Nous nous respections mutuellement: chacun avait sa mission.
Voici un petit exemple de cette bonne coopération. Lors d’une opération aéroportée franco-malgache, en 1970, j’ai été désigné comme responsable de la récupération opérationnelle des matériels de parachutage. Le SCH TSANGANDAHY avait mis tout son personnel à ma disposition. Ce fut une réussite totale, à la grande surprise du général BIGEARD (alors COMSUP), des officiers observateurs et du commandement malgache. La récupération des parachutes s’est effectuée en un temps-record, sans aucune perte. Les trente-deux récupérateurs « prêtés » avaient été largués du dernier Nord 2501 (il y en avait six au total) et le tout fut embarqué dans deux camions du type SIMCA.
Les parachutes utilisés étaient les dorsaux 661-12 avec le ventral 501 pour les parachutes à ouverture automatique et le TAP 691 pour les parachutes à ouverture commandée.
Nous partagions l’infrastructure de la section entretien des parachutes (SEP) avec l’armée malgache. Elle se composait : d’un bureau pour mon homologue malgache et moi, d’une tour métallique pour l’aération des parachutes : ces derniers étaient suspendus par des cordes. D’une salle de pliage à huit tables et d’un magasin de stockage des parachutes pliés saut. 
Dans une pièce de l’atelier de réparation il y avait un « bar », tenu à tour de rôle par un cadre MATPARA. Quotidiennement, nous nous y retrouvions pour cuire la viande de zébu ou cuisiner les spécialités de chacun tout en partageant une « HEINEKEN ». C’était aussi le lieu de rendez-vous incontournable pour l’accueil des nouveaux arrivants au régiment. 
L’armée malgache était équipée d’avions C-47 (le célèbre Dakota) et l’armée française de Nord 2501. Les zones de sauts étaient très différentes entre les hauts plateaux (2800 m), la région de Tananarive (1500 m). En règle générale, le sol était très dur. Elles étaient relativement dangereuses puisqu’il y avait beaucoup de rizières, quelques parcelles boisées, des marécages infestés de crocodiles (c’est ici que l’on trouve les plus grandes espèces de 5 à 7m de long) et de serpents. Lors des séances d’entraînement ou pendant les sauts de manœuvre sur les hauts plateaux, il y avait beaucoup de blessés
.
La SEP apportait aussi un soutien technique à la section militaire de parachutisme sportif (SMPS) de la base aérienne. Le responsable de cette SMPS était l’adjudant-chef PASTOL. J’en ai profité pour sauter sur des zones, hors manœuvres, beaucoup plus touristiques : Tamatave, Majunga, Tuléar.
Sur le plan vie hors service, la plupart des MATPARA étaient logés en famille dans les nouveaux quartiers de la capitale, alors que les cadres du régiment étaient logés dans des quartiers militaires. La population locale était très accueillante, appréciant beaucoup les « WAZAS » (français). De nombreux magasins, restaurants, cinémas, marchés aux légumes agrémentaient le quotidien des familles, sans oublier le traditionnel marché du ZOMA qui, comme son nom l’indique en malgache, se tenait le vendredi. Ce jour-là, Antananarivo (la capitale), était envahi de paysans qui amenaient leurs produits à vendre, ainsi que divers artisans installés à même les trottoirs.
 
En résumé, ce fut un excellent séjour rempli de grands et nombreux souvenirs. J’en veux pour preuve cette « escapade » touristique de huit jours (la seule permission du séjour) en Renault 4L sur l’axe Tananarive – Tamatave. Ce trajet s’est déroulé sur une piste caillouteuse, étroite et remplie de trous. À Tamatave, pour rejoindre l’embarcadère et prendre le bac (un ancien bac militaire de débarquement) qui nous menait à l’île de Sainte Marie, nous avons emprunté une piste boueuse, sablonneuse, semée d’embûches, de petits cours d’eau. À l’arrivée, la récompense, nous avons découvert une île paradisiaque sur laquelle nous avons séjourné quelques jours.

  • Photos transmises par Jean-Pierre DONADIEU.
Une vue du quartier du 2ème RPIMa à Ivato Saut à partir d’un C-47 malgache
En tenue armée de l’air, l’ADC PASTOL. A gauche le MCH MATHIEU.
Témoignages hors Spécialité
 
  • Témoignage de Hubert DENYS.
J’ai été affecté au 2ème RPIMa à Madagascar, au camp d`Ivato, de septembre 1967 à juillet 1968. J`étais à la CCAS, commandée par le capitaine BONNOT, responsable de l`ordinaire de la troupe, ce qui m`a amené à bien connaitre le camp de jungle d`Ambatoloana.
Nous sautions en parachute à Ampangabé. J'ai passé là-bas, les plus beaux moments de ma vie. Nous côtoyions les gens du village avec qui nous avions des contacts très cordiaux mais j'ai été surpris par l'extrême pauvreté de la population. Lors de nos quartiers libres, nous allions dîner à la « pagode » que nous appelions entre nous « le Chinois ». Ayant une formation de base de cuisinier de métier, j'y ai appris beaucoup de recettes Vietnamienne. De part mon poste, je me rendais souvent à Tana, au Zouma où j'effectuais les achats de fruits et légumes pour les militaires, Paras et aviateurs. Une fois par semaine, j'allais avec un capitaine vétérinaire aux abattoirs pour y prendre livraison de carcasses de Zébu.
Nous avions aussi du personnel civil malgache qui travaillait pour nous et j'ai toujours apprécié l'amabilité, la courtoisie et la gentillesse de ces personnes. Nous servions aussi à dîner à des membres de l'armée malgache qui dépendaient de l'ESCAMA. Nous étions assez mal à l'aise envers ces militaires qui n'avaient que le strict minimum alors que nous, militaires Français, avions tout à volonté : tenue en tergal, équipement moderne alors qu'eux avaient des tenues kaki clair en coton pour tenues de sortie (que nous percevions, nous comme tenues de travail, mais qu'ils refusaient si on leur en faisait cadeau car c'était « Maloute Bé ».
Album photos de Hubert DENYS: cliquer sur la photo.
 
  • Témoignage de Claude MONTEILH.
Je réside depuis 1971 à Montréal, Québec. Sur cette page, j'ai trouvé une photo où apparaît l'adjudant-chef PASTOL qui a été mon instructeur de saut pendant mon service militaire à la BA 181 en 1969-70. C'est lui qui m'a autorisé à faire mon premier saut à ouverture commandée. J'étais membre de la SMPS et nous sautions la semaine avec les paras du 2ème RPIMA en Nord 2501 et quelques fois le week-end avec un Piper Cherokee  6 d'Air Madagascar.
À mon 2ème saut en ouverture commandée sur Ampangabé, j'ai eu à utiliser mon parachute ventral car le dorsal était en torche. Cela n'a pas été causé par un mauvais pliage mais par ma faute. Au moment où j'ai tiré la poignée après 3 secondes de chute libre, j'étais passé sur le dos et l'extracteur s'est coincé entre mes jambes et s'est mélangé à l'intérieur de la voile. J'avais au-dessus de moi une boule de voile et les suspentes complètement entortillées. Le ventral m'a sauvé la vie et j'ai eu une pensée pour celui qui l'avait plié (le ventral était voile d'abord et j'ai eu mal aux reins pendant une semaine).
Je garde un très bon souvenir de mon séjour à Madagascar, en particulier la gentillesse des Malgaches.
Là, je saute à l'arrière du Nord 2501. J'étais extrêmement nerveux car c'était le saut suivant la torche.



Créer un site
Créer un site