De tous temps, dans la maintenance des parachutes, un maitre mot a toujours été de rigueur : la traçabilité ! En effet, il est légalement obligatoire de savoir "qui a fait quoi, où et quand". En effet, en cas d'accident (mais pas seulement), il faut pouvoir retracer les personnels ayant participer à la maintenance d'un parachute, que ce soit à la vérification, au pliage, éventuellement à la réparation. L'utilisateur, est lui tracé par la fiche individuelle de contrôle de pliage (FICP, nom actuel de la PTS) dont il remplit le verso après le saut. Les largueurs et le chef largueur sont suivis sur l'OMA (ordre de mission aérienne). Cliquez sur les photos pour les agrandir. Pour le conditionnement des parachutes, avant 1991, tout était manuel... écrit à la main par le chef d'équipe qui, en plus de signer les contrôles sur la PTS, remplissait une situation journalière, rose pour la visite ou jaune pour le pliage. Sur ces documents que chaque personnel concerné validait en signant, on y retrouvait, en plus de la date, du numéro de table et du type de matériel traité, les noms du chef d'atelier, du chef de groupe, du chef d'équipe et ceux des plieurs ou vérificateurs. Tous les numéros des parachutes visité ou pliés (et ceux des SOA au pliage) y étaient inscrits. Les plieurs chargés de la visite des SOA inscrivaient manuellement + de 250 numéros (ceux des mousquetons) : facile d'imaginer le pourcentage d'erreurs potentielles... En 1991, avec l'arrivée du logiciel GEM@PAL et des codes à barres sur les parachutes, une partie de ce travail a été informatisé (mais toujours pas pour la visite des SOA qui a continué à être traitée par écrit). La visite, à l'époque toujours séparée du pliage, était validée informatiquement au moyen de lecteurs (appelés douchettes en raison de leur forme et de leur tuyau de connexion montant au plafond pour être reliées au réseau en direct) : le logiciel informait alors le chef d'équipe sur la durée de vie et le nombre de sauts restants et précisait si le parachute était à "accélérer" (à plier en priorité) ou à "ralentir" (si trop de sauts par rapport à la moyenne annuelle). Pour le pliage, un lecteur autonome permettait au chef d'équipe de "beeper" le code barres, d'y rajouter le n° du mousqueton ou de l'appareil de sécurité... dévidé le soir en fin de rendement, le logiciel croisait ces informations avec le plan de salle généré par ordinateur par le chef d'atelier... le regroupement de la visite et du pliage en une seule opération (fin des années 90) mettra fin à la visite séparée des SOA, celle-ci étant effectuée par un des deux plieurs et donc tracée sur GEM@PAL GEM@PAL existe encore de nos jours mais a subi de nombreuses améliorations au fil des ans. Il est utilisé par tous les DTMPL, en métropole et outre-mer, à l'exception du DTMPL de la CMAP qui a son propre système d'information. Toute cette traçabilité est indispensable pour les enquêtes d'accident de parachutage : ce sont les premiers documents examinés par l'officier MAT PARA en charge et l'ensemble de la commission d'enquête. Les qualifications des différents plieurs, chefs d'équipe et de groupe seront également contrôlées, ainsi que les conditions aérologiques (température et hygrométrie) lors du pliage et de l'emmagasinage du parachute avant le saut. |
Lors du pliage d’un parachute, chaque table disposait de feuilles roses pour le contrôle du pliage. Ces feuillets étaient couramment appelés « PTS». À la fin du pliage, ils étaient glissés dans la pochette du sac du parachute concerné qui était réservée à cet effet. Ce trigramme signifiait : « Pris Techniquement en Statistique » ou pour les plus anciens « Petit Truc à signer ». C’était le premier membre de l’équipe de pliage, « le voileur», qui renseignait le recto du feuillet : la formation qui pliait, la date du pliage, le n° de la table, le nom du chef de table, le type de parachute plié, le n° matricule du parachute, le n° du mousqueton de SOA pour les automatiques, l'appareil de sécurité pour un parachute à ouverture commandée retardée et les signatures du contrôleur : il y en avait trois ou quatre selon le type de parachute pour attester que le contrôle avait été effectué. Commentaire du webmaster: Ce petit exercice d’écriture, anodin au demeurant, nous permettait de détecter les « illettrés ». En effet, si on s’apercevait que c’était le chef d’équipe qui faisait l’ouverture de la PTS, c’est que le « voileur » avait un problème d’écriture : il ne savait pas écrire. En 1986, nous avions la chance d’avoir à la CS un appelé qui était instituteur dans le civil. Tous les lundis soir, à partir de 18h, il dispensait des cours d’alphabétisation à tous ceux que les capitaines désignaient. À l’issue du saut, chaque utilisateur enlevait la PTS de la pochette du sac dorsal du parachute, renseignait le verso et la remettait à son chef de groupe de saut.Les PTS d’un même groupe de sauts étaient remises, en même temps que les parachutes au gradé chargé de la récupération. Ce dernier prenait connaissance des incidents éventuels afin de ranger de coté les parachutes détériorés ou litigieux. De retour à la SEP, le responsable du convoyage des parachutes remettait l’ensemble des « PTS » récupérées à la cellule comptable des matériels TAP. Au CPE de la Bomap, on appelait cette cellule le « fichier PTS ». Les deux grandes figures de cette cellule, des années 70 – 80, étaient les adjudant-chefs Mathieu DELOR et Rémo SARTORI, malheureusement tous les deux sont décédés aujourd’hui. Au vu de chaque feuillet rose, le préposé au tampon (un des adjoints de l’adjudant-chef) apposait la date du saut sur la première case libre des feuillets de sauts des carnets des parachutes. La PTS était insérée dans le carnet jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par celle du saut suivant. Elle permettait, ainsi, de comptabiliser le nombre de sauts effectués par le parachute et d’assurer ainsi une gestion saine du parc à parachutes. À titre de rappel, un parachute dorsal à ouverture automatique du type TAP 661-12, était limité à 100 sauts. Après il partait à la réforme à Montauban. Il pouvait, aussi, reprendre du service pour le largage des colis inférieurs à 1 tonne en tant que composant d’un gréement à usages multiples (GUM) comme par exemple le TAP 70. En 1991, l’informatique est arrivé dans les SEP avec la mise en service, du système de gestion informatique des matériels de largage et de parachutage, GEMAPAL. Les lecteurs de codes barres (alias douchettes), les mini-ordinateurs sont apparus en salle de pliage. Une véritable révolution dans la spécialité, mais aussi dans le monde des parachutistes! Ce système permettait de comptabiliser les parachutes pliés en salle, de gérer le magasin, de gérer les parachutes en saut et en âge. En résumé, connaitre la position d'un parachute en sachant s'il était à vérifier, à plier, à réparer, à emmagasiner ou à entreposer et combien il y en avait en magasin, etc. Individuellement, on pouvait savoir son nombre de sauts, qui l'avait plié ou vérifié en dernier, s'il avait déjà sauté en mer... Pour ce faire, un code-barres était apposé sur l’élévateur de chaque parachute dorsal, sur les ventraux, sur les voiles pour les ailes. Pour le plieur, cela ne changeait rien, il renseignait toujours la PTS. Le changement intervenait : - pour le chef de table qui enregistrait les informations du pliage au début avec les « douchettes » puis ensuite sur un petit portable (et aussi parfois sur une feuille car au début, le système n'était pas fiable).
- Pour le chef de salle : il avait depuis son écran d'ordinateur le point de son magasin, l'avancée du pliage et de la visite. En visite, la douchette annonçait par un système de diodes de couleur, si le parachute devait être accéléré ou ralenti en fonction du nombre de sauts. Quand le conditionnement est passé en mode "visite pliage" et les dysfonctionnements ont eu raison des douchettes liées au réseau. Elles ont été remplacées par des petits portables sur lesquels tout était enregistré et dévidé le soir dans l'ordinateur GEMAPAL après le travail. Ce système a donc remplacé les feuilles de situation, qui rendaient compte de l’activité de la journée.
Commentaire d’un chef de salle : « je me souviens que GEMAPAL était pénalisant car on ne pouvait en théorie mettre la salle au travail qu'une fois celle-ci saisie dans le logiciel et comme à l'époque de la conscription on ne connaissait les présents qu'au dernier moment...En outre, lors de la montée en rendement on était bloqué par les 6 heures techniques et on ne pouvait pas bloquer les jeunes jusqu'à plus d'heure le soir. Comme d'habitude en bons français nous avions contourné le système ». - Pour les personnels de la section distribution, ils bipaient les parachutes en lots pour leur sortie et les bipaient à nouveau à leur retour : leur nombre de sauts et leur état étaient ainsi mis à jour.
Aujourd’hui, le système existe toujours à Calvi (DTMPL du 2ème REP) et outre-mer. La CMAP (Cellule de Maintenance Automatisée des Parachutes) dispose de son propre SI (système d'information). Les deux systèmes ne sont pas du tout compatibles entre eux. Le SI est une version moderne de GEMAPAL : le code-barres est remplacé par une ERE (étiquette radioélectrique). Pour un parachute à ouverture automatique, les ERE sont mises en place sur le harnais, sur la SOA et sur la voile. Pour les parachutes à ouverture retardée : sur les 2 voiles (principale et secours), le sac harnais et l'EQS. En guise de conclusion, et malgré ces nouveaux « SI » je me risque à parodier Robert LAMOUREUX : « et la PTS est toujours vivante ! ». Elle ne sert plus à rien, mais elle rassure le sautant. |