Chapitre 10: SOUVENEZ - VOUS.

 
  • PTS ou FICP.
Lors du pliage d’un parachute, chaque table disposait de feuilles roses pour le contrôle du pliage. Ces feuillets étaient couramment appelés « PTS». À la fin du pliage, ils étaient glissés dans la pochette du sac du parachute concerné qui était réservée à cet effet. Ce trigramme signifiait : « Pris Techniquement en Statistique » ou pour les plus anciens « Petit Truc à signer ».
C’était le premier membre de l’équipe de pliage, « le voileur», qui renseignait le recto du feuillet : la formation qui pliait, la date du pliage, le n° de la table, le nom du chef de table, le type de parachute plié, le n° matricule du parachute, le n° du mousqueton de SOA pour les automatiques, l'appareil de sécurité pour un parachute à ouverture commandée retardée et les signatures du contrôleur : il y en avait trois ou quatre selon le type de parachute pour attester que le contrôle avait été effectué.
 
Commentaire du webmaster: Ce petit exercice d’écriture, anodin au demeurant, nous permettait de détecter les « illettrés ». En effet, si on s’apercevait que c’était le chef d’équipe qui faisait l’ouverture de la PTS, c’est que le « voileur » avait un problème d’écriture : il ne savait pas écrire. En 1986, nous avions la chance d’avoir à la CS un appelé qui était instituteur dans le civil. Tous les lundis soir, à partir de 18h, il dispensait des cours d’alphabétisation à tous ceux que les capitaines désignaient.

À l’issue du saut, chaque utilisateur enlevait la PTS de la pochette du sac dorsal du parachute,  renseignait  le verso et la remettait à son chef de groupe de saut.
Les PTS d’un même groupe de sauts étaient remises, en même temps que les parachutes au gradé chargé de la récupération. Ce dernier prenait connaissance des incidents éventuels afin de ranger de coté les parachutes détériorés ou litigieux. 
De retour à la SEP, le responsable du convoyage des parachutes remettait l’ensemble des « PTS » récupérées à la cellule comptable des matériels TAP. Au CPE de la Bomap, on appelait cette cellule le « fichier PTS ». Les deux grandes figures de cette cellule, des années 70 – 80, étaient les adjudant-chefs Mathieu DELOR et Rémo SARTORI, malheureusement tous les deux sont décédés aujourd’hui. 
Au vu de chaque feuillet rose, le préposé au tampon (un des adjoints de l’adjudant-chef) apposait la date du saut sur la première case libre  des feuillets de sauts des carnets des parachutes. La PTS était insérée dans le carnet jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par celle du saut suivant. Elle permettait, ainsi, de comptabiliser le nombre de sauts effectués par le parachute et d’assurer ainsi une gestion saine du parc à parachutes. À titre de rappel, un parachute dorsal à ouverture automatique du type TAP 661-12, était limité à 100 sauts. Après il partait à la réforme à Montauban. Il pouvait, aussi, reprendre du service pour le largage des colis inférieurs à 1 tonne en tant que composant d’un gréement à usages multiples (GUM) comme par exemple le TAP 70.
 En 1991, l’informatique est arrivé dans les SEP avec la mise en service, du système de gestion informatique des matériels de largage et de parachutage, GEMAPAL. Les lecteurs de codes barres (alias douchettes), les mini-ordinateurs sont apparus en salle de pliage. Une véritable révolution dans la spécialité, mais aussi dans le monde des parachutistes! 
Ce système permettait de comptabiliser les parachutes pliés en salle, de gérer le magasin, de gérer les parachutes en saut et en âge. En résumé, connaitre la position d'un parachute en sachant s'il était à vérifier, à plier, à réparer, à emmagasiner ou à entreposer et combien il y en avait en magasin, etc. Individuellement, on pouvait savoir son nombre de sauts, qui l'avait plié ou vérifié en dernier, s'il avait déjà sauté en mer... 
Pour ce faire, un code-barres était apposé sur l’élévateur de chaque parachute dorsal, sur les ventraux, sur les voiles pour les ailes.
Pour le plieur, cela ne changeait rien, il renseignait toujours la PTS. Le changement intervenait :
  • pour le chef de table qui enregistrait les informations du pliage au début avec les « douchettes » puis ensuite sur un petit portable (et aussi parfois sur une feuille car au début, le système n'était pas fiable).
  • Pour le chef de salle : il avait depuis son écran d'ordinateur le point de son magasin, l'avancée du pliage et de la visite. En visite, la douchette annonçait par un système de diodes de couleur, si le parachute devait être accéléré ou ralenti en fonction du nombre de sauts. Quand le conditionnement est passé en mode "visite pliage" et les dysfonctionnements ont eu raison des douchettes liées au réseau. Elles ont été remplacées par des petits portables sur lesquels tout était enregistré et dévidé le soir dans l'ordinateur GEMAPAL après le travail. Ce système a donc remplacé les feuilles de situation, qui rendaient compte de l’activité de la journée.
Commentaire d’un chef de salle : « je me souviens que GEMAPAL était pénalisant car on ne pouvait en théorie mettre la salle au travail qu'une fois celle-ci saisie dans le logiciel et comme à l'époque de la conscription on ne connaissait les présents qu'au dernier moment...En outre, lors de la montée en rendement on était bloqué par les 6 heures techniques et on ne pouvait pas bloquer les jeunes jusqu'à plus d'heure le soir. Comme d'habitude en bons français nous  avions contourné le système ».
 
  • Pour les personnels de la section distribution, ils bipaient les parachutes en lots pour leur sortie et les bipaient à nouveau à leur retour : leur nombre de sauts et leur état étaient ainsi mis à jour. 
Aujourd’hui, le système existe toujours à Calvi (DTMPL du 2ème REP) et outre-mer. La CMAP (Cellule de Maintenance Automatisée des Parachutes) dispose de son propre SI (système d'information). Les deux systèmes ne sont pas du tout compatibles entre eux. Le SI est une version moderne de GEMAPAL : le code-barres est remplacé par une ERE (étiquette radioélectrique). Pour un parachute à ouverture automatique, les ERE sont mises en place sur le harnais, sur la SOA et sur la voile. Pour les parachutes à ouverture retardée : sur les 2 voiles (principale et secours), le sac harnais et l'EQS. 
En guise de conclusion, et malgré ces nouveaux « SI » je me risque à parodier Robert LAMOUREUX : « et la PTS est toujours vivante ! ». Elle ne sert plus à rien, mais elle rassure le sautant.
  • Sculpture sur bois.
Cette sculpture sur bois, représentant Saint Michel terrassant le dragon, est l'oeuvre du major François SEGURA, décédé (de mémoire) en 1983.

" Je recherche des témoignages sur le major. Que ceux qui l'ont bien connu me contactent".
 
 
  • Le ticket d'embarquement.
Qui se souvient de ce ticket ? Patrick le 22/09/2010
Il s'agit du fameux ticket d'embarquement que chaque sautant remplissait et remettait au moment précis de monter dans l'avion. Si je ne me souviens pas de l'évènement précis qui l'a initié, il a été instauré après un crash avion où on a eu du mal à savoir avec précision qui était à bord ...
Il s'agit du crash du Nord 2501 FR. BABB, avec à son bord 34 parachutistes et 3 membres d’équipage, le 30 juillet 1971.
Pour effectuer les six sauts réglementaires qui feront d’eux des brevetés parachutistes cent vingt sept élèves de l’E.M.I.A. avaient pris une semaine de permission à l’issue de leur scolarité à Coëtquidan. 
Dans le groupe désigné pour sauter en premier, vingt trois élèves promus sous-lieutenants le 25 juillet, sept sous-officiers d’encadrement, et deux officiers, tous venus de Coëtquidan. Avec eux un capitaine et un sous-officier moniteurs à l’E.T.A.P.. Dans la cabine de pilotage du “Nord Atlas” deux pilotes et un mécanicien.
Deux autres hommes les accompagnaient: le capitaine de MONTLEBERT, chef de l’instruction parachutiste de l'.E.T.A.P. et le lieutenant GARROT de l’E.M.I.A. parachutiste confirmé. Ces deux hommes sautèrent 2 minutes avant l’accident. Tout était normal à bord.
  • Extrait d’un article paru dans TAM numéro 205 de 1er- 15 septembre 1971.
« un très grave accident d’aviation s’est produit cet après-midi sur le terrain de Pau où des avions de transport de l’Armée de l’Air faisaient en parachute du personnel de l’Armée de Terre. Un Nord 2501 s’est écrasé au sol au moment même ou le parachutage devait commencer.. ». 
Tels sont les termes laconiques du communiqué de l’Armée de l’Air qui, le 30 juillet dernier, annonçait aux Français en vacances l’un des plus graves accidents que notre aviation militaire ait enregistrés. 
Survenue au cours d’une mission de routine, comme il s’en déroule plusieurs fois par jour sur la base de Pau, cette catastrophe a fait trente sept victimes :

 
  • Deux officiers, vingt trois élèves officiers, neuf sous-officiers de l’Armée de Terre, tous à bord en tant que parachutistes. 
  • Un officier, deux sous-officiers de l’Armée de l’Air, membres de l’équipage. 
Les vingt-trois élèves officiers appartenaient à la promotion 1969-1970 de l’Ecole Militaire Interarmes. Celle-là même qui, le 14 juillet dernier, défilait sur les Champs-Élysées et, le 25 juillet, à Coëtquidan, prenait le nom de promotion « Général KOENIG ». 
C’est sur la base aérienne de Pau que se sont déroulées, le 3 août dernier, les cérémonies des obsèques, sous la présidence de M. Michel DEBRE, ministre d’Etat chargé de la défense nationale.
 
  • La Stèle de l'Aéro.
Chaque personne de la spécialité a en mémoire cette stèle qui était érigée devant le mat des couleurs, au quartier de l'Arsenal. Elle a été inaugurée le 20 mai 1986 par le lieutenant-colonel CASTELLA (directeur de l'ERGM ALAT/Aéro). Le capitaine VIALAR commandait les ateliers. Ce jour là, fût l'occasion de commémorer le 40ème anniversaire de l'implantation de la Spécialité dans le quartier de l'Arsenal.
Aujourd'hui, elle trône devant l'entrée principale du Bâtiment de Maintenance Automatisée des Parachutes (
B.M.A.P.), au quartier VERGNES où est situé, maintenant, le Détachement du 3ème RMAT de Montauban.
Le LCL CASTELLA, directeur de l'ERGM ALAT&Aéro vient de dévoiler la stèle. A droite le MDL Françoise FABIAN.
 
 
  • Témoignage de Jean-Pierre CHAUMAZ (Coin's 50).
Je commandais le Détachement Spécialisé Instruction à l'époque et je devais donc faire le nécessaire au regard de la formation militaire élémentaire des filles que nous recevions directement du civil. J'ai donc pris la décision, en accord avec le chef de corps du moment le CLN BOURGOIN, de faire une partie de la formation à Caylus.
En fouillant les abords de la « Mechta » qui nous était affectée par le camp pour le séjour, j'ai remarqué cette pierre à la géométrie particulière et symétrique. J'ai de suite situé la position qu'elle pouvait avoir à l'Aéro, au niveau du mat des couleurs, que je trouvais bien nu en entrée du quartier de l’Arsenal.
J'ai pensé dans un premier temps, faire dessiner le brevet para, bien centré impeccable, il rentrait dans sa forme! Il restait donc à ramener la pierre, ce qui fut fait par l'adjudant Chantal COMBES et le sergent Muriel Blanc dans le cadre du retour du séjour. Pas de chance, le côté gauche, déjà fragile, n'a pas supporté le voyage et s'est coupé à moindre mal! Comme le brevet para n'avait plus de sens dans ce qu'il en restait, j'ai décidé qu'elle n'aurait pas fait le voyage pour rien et j'ai pensé que l'insigne[1] de l'ERGM ferait également l'affaire, de plus cela permettait d'associer l'ALAT...
Dans mes passages aux ateliers, je savais que le MDL BOUHOUT, qui travaillait très bien, avait un bon coup de crayon pour le dessin. C'est la raison pour laquelle elle a eu pour mission de dessiner et de peindre l'insigne de l'ERGM sur cette pierre (en accord avec Mme DEJEAN et son Capitaine) après son lavage et sans la casser davantage : ce qu'elle a très bien fait. Elle a été de suite volontaire. L'affaire s'est très rapidement réalisée, je n'ai plus idée du temps.
Dans le même esprit, j'avais fait réaliser, en bois, le panneau à l'entrée de l'instruction (en haut de la porte ) et celui du Mess de garnison histoire « d'habiller » ces entrées austères !
Les lettres furent taillées par le major SEGURA ainsi que le montage et la mise en vernis, en dehors de ses heures de service ce qui à l'époque coulait de source, mais aujourd'hui .... ?

On remarque bien sur la stèle la partie gauche qui s'est cassée, et qui pouvait permettre l'étalement des ailes du brevet para de part et d'autre. Finalement le résultat est correct et cette symétrie brisée valorise le résultat.
Je vois qu'elle a son coup de peinture régulièrement...
[1] Nous devons le dessin de la pucelle de l’ERGM aux LTN KERVRAN et DUBOIS.
  • Témoignage de Soubida BOUHOUT.
J’ai fait le dessin et la peinture, entre midi et 13h (en mangeant une pomme !). La première fois les peintures n`étaient pas de bonne qualité. La stèle a été repeinte, une deuxième fois, par deux personnels civils, dont je ne me rappelle plus les noms.
Effectivement, la peinture a fait des cloques et nous avons été obligé de revenir sur ce travail avec DOMENECH, qui commandait les ateliers et qui a fourni le personnel. Monsieur IACUZZO donnait souvent un coup de main. Je me demande s'il n'était pas dans les deux personnels civils?
 



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