J’ai remplacé l’ adjudant-chef KUCHARZESWKI fin octobre 1985 pour une mission de deux années. J’ai été relevé par l’adjudant REY qui, malheureusement, est décédé le lendemain de mon départ, d’un paludisme cérébral, fin octobre 1987. C’ est l’adjudant CONGOST qui l’a remplacé. C’était le deuxième cas de paludisme cérébral que j’ai connu qui a touché des militaires français. À mon arrivée, un colonel de l’ambassade a eu le même problème. À mon départ, REY était bien fatigué ainsi que durant la passation de consignes. Les docteurs militaires de la coopération n’avaient rien décelé, pour eux ce n’était qu’un rhum.. Pendant les quinze jours que nous avons passé ensemble, il prenait pourtant régulièrement la nivaquine. J’ai effectué le séjour en famille, avec mon épouse et mes deux garçons. Les enfants allaient à l’école française de Kinshasa, en bus militaire. Dans le car il y avait deux épouses pour accompagner les enfants et des hommes armés pour assurer la sécurité du déplacement. Nous étions logés sur place dans un pavillon, avec jardin, correct pour l’Afrique. Par contre, il n’y avait pas de climatisation. J’avais embauché un gardien, pour surveiller la maison et pour rechercher chaque matin les traces de serpents. ?Dans nos habitations, nous possédions de l’armement, en sûr dotation, au cas où. D’ailleurs, dès l’instant que nous sortions du camp, nous nous déplacions toujours avec un pistolet dans nos sacoches, que ce soit pour aller faire les courses ou aller au restaurant. Nous vivions dans un perpétuel climat d’insécurité. Sur place nous pouvions profiter du mess, géré par un adjudant-chef, d’un court de tennis, et de la piscine dont la responsabilité incombait au sous-officier MATPARA. Nous avions très peu de distractions , aussi nous nous recevions beaucoup entre les différentes familles. J’étais le seul parachutiste métropolitain au milieu de tous ces parachutistes coloniaux. Le chef de mission était le colonel MENAGES : je l’avais déjà eu comme chef de corps à l’ETAP avant mon départ. Lorsque j’ai rejoint Montauban je l’ai retrouvé comme général de brigade à la tête de la Division Militaire Territoriale : c’était un « CHIBANI ». Depuis 1977, la France monte en puissance la 31ème Brigade de Parachutistes Zaïrois (4 200 hommes) à l’aide d’un fort contingent de coopérants encadrant au départ les Zaïrois jusqu’à l’échelon de la section. Ce sont des officiers français qui commandent initialement les unités, mais, fin 1984, comme il est naturel après sept années de coopération, les postes de chef de section, de commandant de compagnie et de bataillon ne sont plus tenus par des officiers et sous-officiers français mais par des locaux. Il subsiste un conseiller français au niveau des capitaines commandant d’unité et des majors commandant de bataillon. Cette brigade était le bras armé du président MOBOUTOU. Personnellement j’ai été très bien accueilli par l’ensemble des parachutistes coloniaux aussi bien officiers que sous–officiers (il y avait beaucoup d’anciens). J’ avais pour mission d’aider mes camarades Zaïrois dans le cadre de l’entretien, la réparation et le pliage des parachutes. La SEP était commandée par deux lieutenants Zaïrois. J’avais eu un des lieutenants comme stagiaire au stage officier à Montauban. Le responsable de la réparation, l’adjudant-chef SAMBOLA, avait fait le CT2 avec moi. Je portais des galons d’adjudant-chef afin d’avoir un peu plus d’autorité. Il était de coutume en AMT d’avoir un grade supérieur ou équivalant au responsable qu’on « assistait ». Les moyens étaient très limités. À titre d’exemple, il fallait récupérer le tissu sur les vieux parachutes pour effectuer les réparations. Pour arranger le tout, le matériel était principalement d’origine US. Nous sautions de DC3 loués à une compagnie «civile» la TAZ (le secrétaire était un ancien de la STAT de Toulouse, l’adjudant-chef Bonnet). Le seul avion C130 des FAZ (forces armées zaïroises) servait au chef d’état-major de l’armée de l’ air pour faire son « bizness ». J’avais pour comme autre activité, le largage avec la cellule TAP de la brigade à partir des avions suivants : DC3, C130 Zaïrois (mais très peu) , et de temps en temps le C160 français. Quelques petites expériences de largage matériel, avec les moyens du bord et plus ou moins de réussite. Il fallait adapter les parachutes de largage US avec le savoir faire français sans avoir les lots de largage. Heureusement nous n’avions pas les contraintes de la réglementation française. Il fallait faire au mieux, tout comme l’avait fait l’adjudant-chef BOENIGUEN lorsqu’il a fait sauter la légion sur Kolwezi. Voir ici. J’ai mis en application l’ expérience acquise en para club avant d’arriver au Zaïre, ce qui m’a permis de transformer des parachutes à ouverture commandée, du type EFA 687, en parachutes à ouverture automatique. Nous faisions des sauts à 1500 mètres d’altitude: c’était très apprécié par mes camarades des troupes de marine. Entre autres missions, j’ai fait quelques missions de renseignement et j’ai même fait le garde du corps rapproché de madame MITTERRAND à la résidence de l’ ambassade de France à Kinshasa. Je m’occupais également de la piscine des assistants techniques militaires du camp. En résumé, ce fut le meilleur séjour de ma carrière militaire. |