Chapitre 2: OÙ TROUVE-T-ON DES POSTES MATPARA ?

 

Au sein de l'École des Troupes Aéroportées de Pau.

  • 1980, création de la 3ème compagnie de l'ETAP.
Fanion, brodé à la main, réalisé en 1992 par madame Nicole AUSTRUY de l'ETAMAT de Montauban.
  • Ils ont commandé la 3ème compagnie.
CNE DARRIUS
1977 - 1980
CNE CHARTOIRE
1980 - 1983
CNE NONOTTE VARLY
1983 - 1985
CNE OLAH
1985 - 1987
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CNE BURNY
1987 - 1990
CNE CAPEL
1990 - 1992
 
 
CNE GOMEZ
1992 - 1994
CNE HOUESSOU
1994 - 1996
CNE MANCIET
1996 - 1998
CNE DE KERMADEC
1998 - 2000
CNE de LAPERAUDIERE
2000 - 2002
 
  • Témoignage de Richard CAPEL (Coin's 529).
Beaucoup de choses ont été dites sur cette compagnie, surtout durant sa période d'existence et ensuite à la dissolution des DLB (division légères blindées). Beaucoup de bruits ont été colportés, parfois des allégations, et beaucoup de mensonges aussi hélas. Je remercie le LCL COLOM pour son insistance, qui me permet aujourd'hui de livrer une réalité: celle que je percevais d'abord comme adjoint technique, tourné uniquement vers la mission de maintenance des parachutes (1987-1990) et ensuite comme commandant d'unité (1990-1992), chargé de commander des hommes assurant pour une grande partie deux missions : « plier et combattre ». 
Je vais essayer avec la plus grande honnêteté, en puisant dans ma mémoire avant qu'elle ne soit trop défaillante, de démêler le vrai du faux: le mythe (terme à prendre avec humilité) et la réalité. 
La 3ème compagnie de l'ETAP et du 3ème RCP était à mon avis à son apogée durant cette période. Cette unité a beaucoup apporté à notre spécialité. Et si j'osais, je dirais qu'elle l'a tiré à un moment important vers le haut, grâce à des hommes remarquables, un état d'esprit forgé et renforcé durant la période 3ème RCP et sa capacité d'innovation et à bousculer les dogmes ! J'espère qu'il en reste encore quelque chose, parmi ceux qui l'ont vécue, et que cela continue à être communiqué à l'actuelle génération. En tout cas pour moi je conserve en mon cœur son souvenir comme un joyau inestimable. 
Faisant fi des idées reçues et des ragots, pour développer cela, je décrirai l'originalité de cette compagnie, les apports du 3ème RCP et, enfin, l'héritage de cette belle unité.
Une unité originale.
Durant la période 1985-1993, la compagnie avait un double visage, celui d'une compagnie de pliage et celui d'une compagnie de combat. En effet, la 3ème compagnie œuvrait au sein d'une école du COFAT (Commandement des organismes de formation de l’armée de terre). Les écoles avaient reçu comme mission de mettre sur pied deux divisions : la 12ème DLB  (sous les ordres du général commandant l'EAABC de Saumur) et la 14ème DLB (sous les ordres du général commandant l'EAI de Montpellier). 
L'ETAP au sein de la 12ème DLB était chargée d'armer une partie du 3ème RCP. Officiellement le 3ème RCP avait été recréé en 1979. Mais c'est véritablement à partir de 1985 que ce régiment, dont la vocation est la défense du territoire, et qui pouvant aussi être projeté, prend une réalité concrète. Il était doté d'un budget spécifique pour s’entraîner. L'ETAP armait la compagnie de commandement et de logistique et une compagnie de combat (confié au capitaine commandant la 3ème compagnie). L'ENSOA de Saint Maixent armait les deux autres compagnies de combat du régiment. La 3ème compagnie effectuait deux séjours en camp durant l'année : vacances de Pâques à La Courtine et mois de juin à Mailly-le-Camp. Le séjour à La Courtine (réservé au 3ème RCP - ETAP) lui permettait de préparer celui de Mailly-le-Camp qui était le seul à réunir la totalité des unités des deux divisions. Enfin, le régiment était évalué (contrôle opérationnel) tous les deux ans. 
Il est bien évidement que cette mission avait un impact réel sur le fonctionnement de la 3ème compagnie. 
Tout d'abord, leur organisation était étroitement liée.
La 3ème compagnie du 3ème  RCP était constituée d'une section de commandement (dont un groupe de mortier de 81), de trois sections de combat (issue des sections de la troisième compagnie de l'ETAP) et d'une section MILAN (armés par les autres unités de l'ETAP mais confiée sur le terrain au commandant d’unité de la « 3 ». 
Pour répondre à cette exigence de mise sur pied, la 3ème compagnie de l'ETAP était constituée comme suit :
la section commandement dont une partie rejoignait la « 3 » du RCP (groupe mortier de 81, adjudant de compagnie, armuriers et fourrier) ;
  • la 1ère section qui basculait en totalité au 3ème RCP ;
  • la 2ème section qui basculait en totalité au 3ème RCP ;
  • la 3ème section qui basculait en totalité au 3ème RCP ;
  • la 4ème section qui était la base arrière de la compagnie, constituée principalement des renforts plieurs de la 11ème DP (24 plieurs), de l'armée de l'air (6 plieurs) et des FUMACO (2 plieurs). Cette section ne faisait pas partie du RCP et avait une importance capitale pour la continuité de la mission de maintenance des parachutes.
Les missions, bien que différentes, ont accru l'importance de cette unité au sein de l'école des troupes aéroportées. L'école avait un besoin crucial de sa compagnie de pliage. Rien d'anormal en cela puisque c'était la même chose dans toutes les autres unités soutenues par une compagnie ou section de pliage. Mais elle avait également un besoin crucial de cette même unité pour sa mission RCP. Il est vrai, le personnel devait apprendre à faire le grand écart notamment durant les mois d'avril et mais lorsque l'entraînement s’intensifiait, mais en assurant toujours une maintenance irréprochable des parachutes. Le commandement pouvait pardonner à des MAT-PARA d'être parfois « largués » sur le terrain, il n'aurait pas admis des erreurs ou des négligences dans notre métier de maintenancier. Cela je l'avais bien compris et mes prédécesseurs OLHA et BURNY aussi. 
Ce n'était pas facile, notamment sur le terrain. Je me souviens la première année, à Mailly-le-Camp, d'un exercice où j'avais été satellisé. Mon adjoint, pourtant fantassin, ne m'avait pas été d'un grand secours. La deuxième année ce fut différent. Mon adjoint, de l’infanterie était un tout bon. C’était le capitaine ANDRÉ que j'ai revu plus tard au Kosovo. Avec le temps, j'en souris. Je me souviens aussi d'un adjoint de section un peu paumé à La Courtine et qui m'avait ensuite impressionné à Mailly-le-Camp, c'était le maréchal des logis chef ARNOULD (mat-para), sous-officier remarquable en tout point que j'appréciais beaucoup. Il lui avait fallu le temps d'une manœuvre pour répondre parfaitement à ce que l'on attendait de lui. 
Je me souviendrai également de l'adjudant SENADJY (fantassin) qui, durant un contrôle opérationnel, répétait à un contrôleur avec « moult » détails et précisions les ordres très complets du capitaine qui en réalité avait été des plus succincts suite à moment de grande solitude. Beaucoup de cadres s'investissaient énormément pour rattraper l'inexpérience des mat-paras, en infanterie. C’était le cas de l’adjudant-chef PHILIPPE qui venait me rendre compte de l’exécution du travail que je lui avais demandé: organisation de l'installation de la compagnie, baptêmes terrain, préparation de demande d'appuis etc. En réalité, je ne lui avais rien demandé, mais c'était ça la « 3 » ! Des cadres soudés autour de leur capitaine qui avaient envie que la compagnie brille. Et grâce à eux, c'était le cas. Le contrôleur n'en revenait pas en écoutant ce sous-officier d'excellence qui m'attribuait des consignes précises, dignes d'être enseignées à des lieutenants de l'EAI ou à un cours des capitaines. 
Mais pour nous, cadres du matériel, tout réclamait de la concentration, du travail et de l’implication personnelle car nous ne pouvions pas nous appuyer sur des automatismes. J'ai passé des soirées à apprendre ce qu'un fantassin connaît par expérience. Mais tout le régiment, en dépit de certaines lacunes, reconnaissait notre engagement, notre implication, notre esprit para !
À partir du moment, où le capitaine du matériel avait démontré qu'il pouvait, à la fois commander une compagnie de pliage et une compagnie d'infanterie, le bureau opération instruction lui faisait entièrement confiance. J'ai pu organiser mon instruction et mes préparations comme je l'entendais. Personne ne m'a jamais imposé un programme. La priorité était le pliage et j'avais la confiance de mes supérieurs pour organiser et mener de front les deux missions. Je préparais mes manœuvres avec une grande liberté. Je recevais une aide de mon chef de corps et de son second sur le terrain, le lieutenant-colonel HUBIN (Directeur de l'instruction parachutiste au quartier) fort heureusement. J'appréciais beaucoup, la confiance qu'ils m'accordaient. Rien que pour cela j'avais à cœur que la compagnie soit la plus belle de la division ! 
Le capitaine mat-para était de ce fait l'unique commandant d'unité au quartier comme sur le terrain. Pour ma part, j'ai eu la sensation d'être une curiosité dans ma mission infanterie. En effet, j'avais l'impression que le général commandant la division venait souvent voir sur le terrain le capitaine du matériel commandant une unité d'infanterie. L'effet de surprise jouait en notre faveur au début. Mais ensuite nous ne pouvions pas tricher. Et pourtant les résultats étaient au rendez-vous, notamment en ce qui concerne les résultats au tir !
À présent je désire couper le cou à plusieurs idées colportées qui sont en partie fausses.
« Les plieurs pliaient le jour et faisaient la guerre la nuit ». Ce n'était pas tout à fait vrai et cela mérite quelques éclaircissements. L'entraînement de la compagnie était rythmé par le calendrier des camps de manœuvre. Il fallait que les parachutistes soient présents à Mailly-le-Camp. De ce fait, les contingents 06 et 08 n'étaient pas concernés, sauf s'ils signaient un VSL. Les chefs d'équipes, tireurs d'élite, tireurs MILAN et mortiers de 81 appartenaient aux contingents 10 ou 12. L’entraînement était surtout réalisé au cours des disponibilités opérationnelles le week-end (une par mois et par section). En avril et en mai l’entraînement s'intensifiait crescendo afin que chacun soit en mesure de se ré articuler après une OAP, utiliser son arme de jour comme de nuit, marcher 30 km. Le spécifique était acquis en camp, sauf pour les tireurs MILAN qui devaient acquérir des connaissances et bouffer du simulateur en amont. De ce fait le jeudi soir, les sections du 3ème RCP effectuaient, en mai, un entraînement à la marche afin d'arriver aguerries à Mailly-le-Camp. C'est de là qu'est venue cette réputation de plier le jour et faire la guerre la nuit. Mais c’était limité dans le temps, et le vendredi autant que possible, le programme pliage n'était pas celui des autres jours de la semaine. Notamment, beaucoup de visites étaient programmées ce jour-là. 
Une autre idée fausse consistait à dire que les cadres mat-paras étaient à tour de rôle para-para et fantassins. Ce n'est pas tout à fait vrai. La compagnie de pliage était constituée à moitié de sous-officiers du matériel et de fantassins. Tous les fantassins basculaient au 3ème RCP et nous recevions des renforts pour les manœuvres, de cadres fantassins d'autres compagnies, notamment deux chefs de section sur trois. Lorsque j'étais commandant d'unité les trois sections de combat étaient armés par quinze sous-officiers et la section de commandement par 4 sous-officiers : soit 19 sous-officiers. Seuls trois  mat-paras en faisaient partie : un adjoint en section et deux chefs de groupe, les seize autres étaient fantassins. Certains sous-officiers n'ont jamais fait partie du RCP. Mais, le commandant d’unité, faisait en sorte que les mat-paras puissent être renouvelés après chaque contrôle opérationnel, c’est-à-dire tous les deux ans.
Les apports du 3ème RCP à cette belle unité.
Tout d'abord, l’entraînement a permis à l'ETAP de recevoir une ligne budgétaire conséquente pour permettre une instruction infanterie de qualité. Cette ligne budgétaire était devenue importante au fil des ans. Je n'ai jamais été limité dans mes sorties terrain. Nous ne manquions de rien. J'avais du mal par exemple à consommer la totalité de ma dotation de munitions alors que certains régiments d'infanterie ne pouvaient pas en dire autant. Les sections pouvaient organiser des tirs intéressants. Pour ma part, j'appréciais les parcours de tir binôme, groupe et sections à tir réel que nous assurions au profit des sections. 
Le 3ème RCP a eu un impact sur les effectifs. Nous étions une unité de pliage alignées sur ses droits! Certes, nous avions une part importante de chefs de groupes fantassins. Mais je dois dire que nous touchions des sous-officiers remarquables et jeunes. J'en ai revu par la suite. Quelques-uns, notamment des sergents, ont eu un parcours remarquable en tant qu'officiers (j'ai été surpris par le nombre d'entre eux passés officiers) ou sous-officiers dans des unités d'élite. Le 3ème RCP a rajeuni la compagnie. Je n'avais pas tant d'ancien que cela. Et enfin, nous étions certainement une des rares unités qui pouvait aligner un sous-officier pour quatre tables au pilage, le plus régulièrement possible. 
La compagnie était considérée. Avec du recul, mes chefs de corps ne m'ont rien refusé car nous avions des résultats et ils appréciaient, je crois, notre état d'esprit. Les sous-officiers de la « 3 » étaient bien notés. Mes sergents sont rapidement passés adjudant-chef. L'école n'était pas avare en stage. Beaucoup de mes sous-officiers avaient pu faire le PEM (peloton d’élèves moniteurs). L'école nous demandait beaucoup, mais elle nous donnait beaucoup en retour. 
Enfin, le 3ème RCP a eu également un impact sur l'état d'esprit qui régnait au sein de la compagnie. L'infanterie est une excellente école du commandement et convient parfaitement à un mat-para. Elle enseigne les fondamentaux qui sont indispensables à un chef de groupe au pliage. Je ne vais pas les énumérer, mais je suis convaincu que l'apport est indéniable. La co-activité de cadres d'armes différentes était à l'avantage des mat-paras. Ils excellaient dans leur métier et démontraient, chaque jour, qu'ils n'étaient pas ridicules dans les autres missions qui leur étaient confiées. Je garde un souvenir impérissable de cette ambiance que nous avons vécue ensemble.
L'héritage de cette belle unité.
Mon successeur, le Capitaine GOMEZ, a continué à armer la 3ème compagnie, mais la manœuvre division n'était pas reconduite à Mailly-le-Camp. Le budget étant toujours en place il a pu effectuer un saut compagnie à l'étranger. Mais il a vécu la fin de la 3ème compagnie du 3ème RCP. La 3ème compagnie de l'ETAP a été dissoute sous le commandement du capitaine Le TOURNEUX de la PERRAUDIERE en 2002. J'espère qu'il en reste quelque chose. Modestement, je le crois. 
La 3ème compagnie avait certaines caractéristiques : celles de l'innovation, sa créativité et sa capacité à bousculer les idées reçues. Beaucoup d'innovations sont parties de l'ETAP et du CNIP. Cette idée est difficile à développer sans soulever des polémiques. Les cadres ayant servi à l'ETAP avaient la capacité à  s'interroger, à améliorer l'outil, à imaginer d'autres possibilités. Ce sont ces capacités qui ont permis ensuite les simplifications des techniques de pliage et de sortir de carcans étriqués. C'est cette capacité qui a permis de se doter d'outils informatiques en avance sur ceux de notre arme : la spécialité a utilisé le code à barres bien avant les approvisionneurs du Matériel et aujourd’hui les badges magnétiques d'identifications des ensembles de parachutage. Ce sont ces capacités qui ont permis d'imposer la CMAP (cellule de maintenance automatisée des parachutes), alors que beaucoup n'y croyaient pas. Elle aurait pu être une sacrée réussite si…mais ce qui existe aujourd'hui est tout de même un bel outil ! 
J'espère qu'il reste cette volonté de bien commander des hommes et des femmes en salle de pliage et dans les ateliers. Certes ce n'était pas l'apanage unique de l'ETAP, mais à la manière d'un fantassin c'était efficace. 
Une chose dont je suis certain, c'est que dans le cœur et la tête de ceux qui y ont servi il restera toujours une marque indélébile. Lorsque je rencontre un ancien de la « 3 », c'est toujours avec un immense plaisir que s'accompagne cette rencontre. C'est le signe qu'il s'y est passé quelque chose d'indéfinissable et de fort!
  • Le fanion de la 3ème compagnie du 3ème RCP.
Fanion, brodé à la main, réalisé en 1992 par madame Nicole AUSTRUY de l'ETAMAT de Montauban.
  • Le DTMPL de la 3ème compagnie.
En 1998, la partie technique de la compagnie prenait l’appellation de Détachement Technique des Matériels de Parachutage et de Largage.
Le DTMPL était composé de 3 officiers, 23 sous-officiers, et de 110 militaires du rang. Commandé par un officier spécialiste des matériels de parachutage et de largage, la mission du DTMPL était d’entretenir et conditionner tous les matériels de parachutage et de largage nécessaires à la formation parachutiste. Le bilan annuel de production du détachement était de 105 000 parachutes à personnel conditionnés et de 650 tonnes de matériels largués.
  • Témoignage de l'ADJ Yann PIERART (Coin's 193), dernier chef du DTMPL.
Cliquer sur l'insigne pour voir ce que sont devenus les bâtiments de la 3ème Cie.
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Historique des unités MATPARA



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