Mon cher RENAUT, Puisque j’ai l’honneur de pouvoir prendre la parole à l’occasion de vos obsèques, devant votre épouse, vos enfants, vos petits-enfants, vos amis, la délégation des porte-drapeaux de Tarn et Garonne, des membres des Médaillés Militaires, de la Légion d’Honneur dont vous étiez le Porte-drapeau, permettez moi d’évoquer votre parcours militaire. Né le 15 décembre 1929 à Vitry-lès-Nogent dans la Haute-Marne, sur le plateau de Langres. Fils d’une famille d’employés d’usine, à 10 ans vous avez connu la guerre, les bombardements et peut-être aussi l’exode. Vous étiez le deuxième enfant de cette famille qui en comptait cinq et vous avez vécu votre enfance avec vos deux frères et vos deux sœurs à Mauvaignant, un hameau proche de Nogent. À 17 ans, vous trouvez votre premier emploi à la Poste et devenez facteur avant de partir à l’armée en 1949, chez les parachutistes, à Montauban, où vous allez faire la connaissance de Marie-Rose BOGGIONE, qui deviendra votre épouse en 1953. 60 années de vie commune que vous avez fêté le 14 janvier dernier, le jour de la Saint Valentin. En 1950, vous avez 21 ans et vous souscrivez un engagement au titre du 1er Bataillon de Choc Aéroporté, installé depuis peu à Montauban. Très vite, vous êtes nommé caporal et caporal-chef. Nommé Sergent le 1er mai 1953, vous êtes affecté au 18ème Régiment d’Infanterie Parachutiste de Choc à Pau et vous prenez le commandement d’un groupe de combat parachutiste. Rengagé au titre de ce régiment, vous faites partie du bataillon de marche envoyé en Tunisie pour le maintien de l’ordre, en juillet 1954, puis en Algérie quelques mois après. A partir de novembre 1954, vous participez aux opérations dans l’Aurès. Vous êtes sous-officier adjoint. Pour vos différents faits d’armes et votre comportement exemplaire au sein de votre section de combat, vous êtes cité à l’ordre de la Brigade. Je vous lie le texte de cette magnifique citation: « Sous-officier adjoint qui, depuis le début des opérations dans l’Aurès, se fait remarquer par son dynamisme et son sang-froid. Le 23 janvier 1955, au cours d’un engagement violent contre un groupe de rebelles dans la région du Djebel Ti Zouress a encore fait montre de ses brillantes qualités de combattant. N’a pas hésité malgré le feu dense et précis de l’adversaire à se porter au secours d’un chef de groupe blessé, à le ramener à l’abri et à repartir aussitôt au combat. A donné à sa section un magnifique exemple de courage et de mépris du danger». De retour en Métropole en novembre 1955, vous êtes affecté au 9ème Régiment de Chasseurs Parachutistes au début du mois de juin 1956 et un mois après vous ré embarquez pour l’Algérie où vous participez, avec votre régiment aux différentes opérations dans le Djebel Taafent. Nommé Sergent-chef le 1er septembre de la même année, vous souscrivez à nouveau un engagement au titre du 9ème RCP. Le 27 septembre, vous êtes de nouveau cité à l’ordre de la brigade et quelques semaines après à l’ordre de la division. De retour en métropole et à Montauban en décembre 1957, vous êtes affecté au Centre d’Instruction n°9 qui formera corps quelques temps après. Admis dans le corps des sous-officiers de carrière en juillet 1958 et après un séjour au Val de Grâce et une période de convalescence au cours de laquelle vous êtes nommé Adjudant, vous retournez en Algérie en avril 1960 au sein du 7ème Régiment d’Infanterie, puis au 6ème Régiment de Tirailleurs jusqu’en 1962. De retour en Métropole en novembre 1962, vous êtes affecté à l’Etat-major de la subdivision du Tarn, à Albi, et vous faites valoir vos droits à une retraite bien méritée. Par décret du 11 juin 1964, le Président de la République vous confère la Médaille Militaire. Vous quittez définitivement le service actif le 8 février 1966, après 16 années passées chez les parachutistes dont 5 en opérations en Afrique du Nord. Nous avons évoqué souvent ensemble ces grands moments de votre carrière militaire. En retraite, vous ne restez pas inactif. Vous reprenez du service, en qualité cette fois-ci de civil de la défense, pendant plus de quinze ans à l’ERGM ALAT AERO à Montauban. Simultanément vous vous investissez dans la réserve, en soutenant le rallye des sous-officiers de réserve de la zone de défense. Vous secondez Bernard BLADANET à Montbartier dans sa passion de collectionneur de véhicules militaires pendant de longues années. Vous assurez enfin la présidence des Anciens d’Afrique du Nord du canton de Montech pendant plus de quatre ans. Fin 2008, coopté par le Major René Righi qui cherchait un magnifique soldat pour le seconder, vous prenez le drapeau de la Section des Membres de la Légion d’Honneur de Tarn et Garonne. Alors que je vous remerciais de prendre cette charge, vous me répondiez que c’était un honneur pour vous et que votre père aurait été si content de vous voir à ce poste. Pendant plus de quatre ans, vous avez toujours été présent à toutes les manifestations patriotiques, à tous les deuils de nos camarades légionnaires.Merci, mon cher RENAUT, pour votre dévouement et pour l’exemple que vous avez donné aux jeunes générations. Le devoir de mémoire n’était pas pour vous un vain mot. Adieu mon ami, ou plutôt au revoir. Madame RENAUT, vous pouvez être fière de votre époux. Et vous, enfants et petits-enfants, soyez fiers de votre père et grand-père. C’était un homme de bien, un grand serviteur de la France, courageux, sincère et loyal. Au nom de toutes les associations ici présentes, au nom de tous vos amis et au nom de la Société des Membres de la Légion d’Honneur, nous vous demandons de bien vouloir accepter nos sincères condoléances. |