Chapitre 7: TÉMOIGNAGES

 

Témoignages d'Afrique du Nord.

 
  • Témoignage de Jackie BOUTET (Coin's 38).
Je suis partie en Algérie en janvier 1960, après avoir fait ma formation de base de la spécialité en 1959. J’étais une « bleue » quand je suis arrivée la-bas. C’est ce que me disaient les anciennes. Elles, elles avaient fait leurs classes et leurs armes en Indochine. J’étais une des plus jeunes, avec mes six mois d’armée.
La 191ème CMRP était alors à Alger, dans une ancienne usine de tabac, au lieu dit « le Ruisseau ». C’était l’usine AZOULAY. Là, ont n’y effectuait que la réparation des parachutes. Le commandant d’unité était le capitaine THARY. Je me rappelle qu’il y avait aussi des filles à Philippeville, qui faisaient aussi de la réparation. Toutes les réparations du niveau 3ème échelon se faisaient chez nous. Je réparais aussi les parachutes des personnels qui sautaient avec des parachutes à ouverture commandée.
Nous les filles, nous surnommions le capitaine le « vieux beau ». Très sûr de lui et toujours « tiré à quatre épingles », toutes les filles devaient tombées amoureuses de lui. Mais, hélas pour lui, ça ne marchait pas toujours.
En 1961, après les « évènements », la compagnie toute entière s’est retrouvée à Blida, au camp Michel LEGRAND. Nous étions dans une enceinte grillagée. Imaginez avec toutes ces filles ! Tout était concentré en un même lieu : le travail, le logement et le point d’alimentation. La DZ était juste devant l’atelier et on les voyait sauter. C’était super, il n’y avait pas de trajet à faire. Malheureusement la compagnie n’est restée qu’un an à Blida, car elle a été rapatriée en 1962 sur la métropole.
Tout comme à Montauban, les filles travaillaient au rendement, mais elles allaient beaucoup moins vites que nous qui venions de France. Sur place, les anciennes m’ont fait la morale en me demandant de ralentir ma cadence. Lorsqu’on dépassait le rendement, on avait droit à une journée de repos par mois.
Le chef d’atelier était un homme, un charmant lieutenant. Il avait comme adjoint une SOFAT, que j’ai retrouvé à Montauban comme chef d’atelier. Malheureusement, je ne me rappelle plus de son nom.
Le soir après le travail, nous prenions une douche et nous allions nous baigner à Zéralda. Nous rentriont vers 2223h. Sur le trajet, il y avait sûrement des fellaghas, on ne les a jamais vu. On passait dans des oueds avec la 2CV militaire, nous étions vraiment inconscientes. Nous aurions pu nous faire trucider. Nous avons fait cela tout l’été.
Au retour d’Algérie, nous nous sommes tous retrouvées à Montauban. La partie administrative de la compagnie se trouvait à la caserne GUIBERT, ainsi que le logement (dans un premier temps). Nous étions détachées à l’ERGM Aéro pour le travail. Les personnels nous regardaient d’un sale œil et nous appelaient « les pieds noirs ».
 
  • Témoignage de Pierre DUPUY (Coin's 349).
Je suis parti en Algérie en 1957 et j’ai été affecté, dans un premier temps, à la 191ème Compagnie d’Entretien des Parachutes (191ème C.E.P.) le 1er juillet 1957. Cette compagnie était une unité de la Base Aéroportée d’Afrique du Nord (BAP/AFN). Puis, du fait de la création de la 191ème Compagnie Moyenne de Réparation des Parachutes (191ème C.M.R.P.) à partir des personnels de la 191ème C.E.P., j’y ai été affecté le 1er mai 1958.
Cette compagnie, qui était une unité formant corps, était basée à Alger (dans l’usine AZOULAY) pour la réparation et à Philippeville pour le pliage. Sa mission était d’assurer la maintenance de tous les parachutes des unités d’ Algérie. La SEPP d’Alger était commandée par le lieutenant CHALARD et celle de Philippeville par le capitaine ARRAULT. Sur le plan emploi, la compagnie dépendait de l’antenne de la 10ème Division Parachutiste et à cette époque il fallait produire un maximum de parachutes.
Sous le commandement du capitaine THARY (de juillet 1958 à avril 1963), il avait été décidé, par l’état-major d’Alger, de concentrer toute la réparation à Alger et le pliage à Blida à la B.A.P.. De ce fait, je me suis retrouvé officier adjoint et officier des détails. Je remplaçais donc le capitaine pendant son absence. Et c’est comme cela que j’ai participé à l’opération sur Bizerte, le capitaine étant en permission. On devait sauter sur Bizerte, malheureusement, nous y sommes allés par la route. 
S’agissant du putsch des généraux, le 21 avril 1961, le capitaine est allé voir le général commandant le matériel en Algérie et lui a posé la question suivante : « Que faisons-nous ? ». Le général MOLINIER lui a répondu : « vous êtes là pour travailler, alors travaillez ! ».
Suite à ces évènements, la compagnie toute entière, a fait mouvement vers Blida, le 1er juillet 1961. On ne voulait plus trop voir de bérets rouges dans Alger! Nous nous sommes retrouvés au camp Michel LEGRAND à coté de la B.A.P..
Pour nous, ça commençait à sentir la fin. J’ai eu l’occasion de faire des largages sur Télerma et sur d’autres postes isolés. J’ai demandé à rentrer en métropole, et je fus affecté, le 1er novembre 1961, à la Base Ecole des Troupes Aéroportées (B.E.T.A.P.) de Pau, pour y occuper les fonctions de chef de la S.E.P.P. en remplacement du capitaine ROBERT.
Et c'est là, que j'ai appris que la 191ème C.M.R.P. quittait l'Algérie le 26 septembre 1962.
  • Photos transmises par Pierre DUPUY.
Des légionnaires pliant à la B.A.P. de Blida. Général MOLINIER, Capitaine THARY, Lieutenant DUPUY.
L'entrée du Camp LEGRAND, avec son célèbre Pingoin.  
 
 
  • Témoignage de Jean-Claude DUBOIS (Coin's 39).
En janvier 1963, à l'issue du stage officier de la spécialité, j'ai été muté à Blida au GLA2, pour y commander la SEPP. Nous ne sommes pas restés longtemps sous cette appellation, puisque le groupement a été dissous en avril 1963. A cette époque, c'était un peu la "valse" des appellations d'unités. Cependant, les missions étaient toujours les mêmes et de ce fait, je suis devenu le patron de la SEPP du Détachement Aéroporté d' Algérie (DAP) le 28 mai 1963. J'avais en charge le pliage de tous les parachutes d'Algérie. Nous avions changé d'appellation, mais pas de situation géographique, puisque la SEPP était toujours au camp Michel LEGRAND à Blida.
C'est à cette époque qu'ont été formés les premiers plieurs du 2ème Régiment Etranger de Parachutistes (2ème R.E.P). Ils arrivaient de Bou-Sfer (nord-ouest de la ville d'Oran) en camions (G.M.C.) avec armes et bagages. En juin 1967, le régiment s'est installé en Corse, à Calvi, au camp RAFFALLI. Le premier sous-officier de la spécialité, qui a commandé la SEPP du REP, était le maréchal des logis-chef GRANY qui était avec moi à Blida et qui avait formé les premiers plieurs de la légion.
  • Photo transmise par Jean-Claude DUBOIS.
L'aération des parachutes.
 
  • Témoignage de Jeanne THÉRY (LABRUGÈRE).
Le Maroc de février 1955 à juillet 1957. 
En février 1955, j’ai débarqué à Casablanca avec une autre femme, madame ROBIC. Personne n’étant venue nous chercher, nous avons pris le train pour Marrakech. 
J’ai séjourné deux ans et demi à l’ERM. Nous étions une dizaine de filles affectées à la réparation des parachutes. La réparation et le pliage se trouvaient juste à côté du bureau du capitaine commandant les ateliers, le capitaine THARY. 
Je me rappelle, qu’une fois nous avons plié toute une nuit pour une opération. Cela ne nous a pas empêché de reprendre le travail de réparation dans la foulée ! Il arrivait que nous nous endormions un peu sur « l’ouvrage », mais le capitaine ne disait rien : il était gentil le capitaine THARY.

Nos logements se situaient tout au fond, derrière la palissade.  Une fois, pour traverser ce grand terrain, nous étions obligés de mettre la blouse sur la tête, parce qu’il y avait un vent de sable phénoménal : on n’y voyait rien.
Le 1er août 1957 j’ai été affectée à la 191ème CREP (compagnie de réparation et d’entretien des parachutes) à Philippeville, et… je ne n’y suis jamais allée. 
En passant à Rabat, je suis allée voir mon deuxième frère, puis j’ai repris le train pour Oran. Arrivée là-bas, on était logé à l’hôtel. J’ai eu une envie subite de boire un coup, j’ai pris de l’eau du robinet et là, horreur, c’était de l’eau de mer. Ce n’était pas très agréable de se doucher à l’eau salée ! 
Le lendemain, j’ai repris le train jusqu’à Alger. Arrivée dans cette ville que je ne connaissais pas, je me suis dit, il faut que j’aille jusqu’au « Ruisseau », le quartier où se tenait la 191ème CMRP. Dans la ville il y avait des chicanes partout, des militaires en armes, cela me changeait de Marrakech ! je me disais : «  mais où je suis tombée ! ». J’ai suivi deux officiers qui allaient dans un restaurant et j’ai mangé un peu car les voyages ça creusent ! J’ai demandé au patron du restaurant où se trouvait le Ruisseau. Il m’a répondu qu’il y avait un arrêt de bus un peu plus bas et que le car allait directement au Ruisseau. En descendant du bus je ne savais pas où aller. Il y avait un café à côté de l’arrêt de bus et j’ai vu des bérets rouges ! Ouf, je suis sauvée ! Ils m’ont indiqué par où passer pour rejoindre la compagnie. 
Arrivée à la compagnie, je me suis présentée au commandant MARRAULT qui commandait la compagnie. Je lui ai dit que normalement j’étais affectée à Philippeville. Je lui ai demandé si je pouvais rester ici. Il m’a répondu : « il n’y a pas de problème ! De toute façon, celles de Philippeville sont rapatriées ici ». 
Puis la compagnie a fait mouvement sur Blida. Dans un premier temps nous avons occupé une usine abandonnée, l’usine de pâtes « Ricci » (entreprise célèbre à Blida).
Vue sur la salle de visite à l’intérieur de l’usine Ricci. Les réparatrices se trouvaient à l’étage.
Puis nous avons basculé sur le camp LEGRAND….
  • Photos transmises par Jeanne THERY.
Photo de groupe de ceux et celles qui travaillaient à la maintenance des parachutes.  Un moment de détente.
Salle de visite, usine RICCI.  
 
 
Affectée à la 191ème SEP de Philippeville, en février 1955, je me suis portée volontaire pour servir au détachement de Sétif, en soutien du 1er BEP (Bataillon Étranger de Parachutistes). Nous n’étions que cinq filles dont Marinette TRAVERS. Là aussi, j’y suis restée peu de temps. Je suis retournée à Philippeville, pour me marier. À cette époque , c’était un peu la « valse » des mutations. Les unités étaient facilement créées et dissoutes, ou changeaient d’appellation. J’ai de nouveau été mutée en 1958, à Alger à la 191ème CMRP. 
J’avais appris la couture, quelques années plutôt, quand j’étais à Idron. Mes chefs m’avait envoyé en stage, pendant quatre jours à Montauban, pour m’apprendre à me servir d’une machine à coudre. C’était madame DEVAUJOUR, qui avait été ma formatrice. Et au bout de ces quatre jours j’ai été baptisée réparatrice!
  • Photo transmise par Augusta MAROT.
Remise de décorations dans la banlieue d’Alger.
Sur les rangs : Mafalda MOTTI.
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