L'HISTOIRE DU PARACHUTE.

 

L'Entre deux Guerres.

  • Leslie LEROY IRVIN (1895 - 1966).
Jusqu’en 1919, les experts en aéronautique se refusaient à admettre qu’un être humain puisse descendre en chute libre sans perdre conscience. Le premier à utiliser un parachute empaqueté fut l’américain Leslie LEROY IRVIN en avril 1919. Le saut se déroula à Dayton sur le terrain de Mac COOK dans l’ Ohio. Sautant de 600 mètres d’altitude, il n’ouvrit son parachute qu’à 200 mètres : il s’est cassé la cheville à l’atterrissage. La première chute libre était réalisée.
Le parachute qui a été utilisé a été conçu par Floyd SMITH et le major CE HOFFMAN, de l'US Air Force. Ce qui est remarquable, c'est que le parachute a été déployé à partir d'un sac à dos avec un « cordon d'ouverture » plutôt à partir d'un réservoir fixé à l'avion. Cette invention a été faite par l'inventeur polonais Théodore MOSCIKI.
Deux mois plus tard, fut créée la « Irving Air Chute Company » à Buffalo (New York) qui s'est rapidement développée. Dans les années 1930, quarante forces aériennes de part le monde utilisaient ses produits. Durant la Seconde Guerre mondiale, environ 10 000 pilotes leurs doivent la vie, sans compter les milliers de parachutistes alliés qui les ont utilisé. C’est dans ces usines qu’ont été créés les fameux parachutes de la gamme T10, qui arment encore, les unités parachutistes américaines.
Vers 1920, le parachute s’améliora offrant une plus grande maîtrise du vol. Dès lors, de nombreux meetings aériens accompagnés de démonstrations mettant en œuvre des parachutes s’organisèrent. Parallèlement, dans le domaine militaire, les recherche se poursuivirent surtout en URSS et aux Etats Unis où le port du parachute devint obligatoire dans l’armée de l’Air en 1924.
En 1922, Leslie IRVIN a accepté de donner une goupille d'or à chaque personne dont la vie a été sauvée par un de ses parachutes formant ainsi le Caterpillar Club, une association informelle des personnes ayant utilisé leur parachute lorsque leur avion était en difficulté. En 1945, environ 34 000 de ces insignes avaient été distribués.
En 1930, on pensa à équiper les avions de parachutes eux aussi. Cela fonctionna mais les appareils, prenant du poids, ce système ne fut pas appliqué dans l'armée de l'Air mais simplement à titre expérimental. En France, l'Armée de l'Air commença réellement à donner une place importante au parachutisme à partir de 1937.
  • Frédéric GEILLE (1896 - 1976).

Incorporé en 1914 au 41e régiment d'infanterie, il y combattra et y obtiendra sa première citation. Il y commencera en tant que soldat et y finira sous-lieutenant. Il intègre l'Aéronautique militaire en 1917 et se distingue en 1918 en réussissant des missions délicates autant que périlleuses au-dessus des lignes ennemies. C'est à cette époque qu'il effectue son premier vol d'expérimentation de parachute. À la fin de la guerre, il reste dans l'Aéronautique militaire. Il est promu capitaine en 1927.

En 1935, à son retour de Russie, le capitaine GEILLE fonde le centre d'instruction parachutiste d'Avignon Pujaut. Il est considéré comme le « père des paras français » et l'inventeur des chuteurs opérationnels.
Les premiers brevets français furent délivrés en 1936 à 27 parachutistes dont 2 femmes.
A l’époque de la création du centre de parachutisme de Pujaut près d’Avignon, à l’été 1935, il n'existe pas en France de fabricants de parachutes qui proposent un modèle correspondant aux besoins militaires. A cette date, le marché du parachute sportif est égal à zéro. On se tournera donc vers le fabricant britannique Irvin pour les premières commandes (importateur : Société Générale des Parachutes, Garches, France).
Le modèle utilisé est le SGP type entraînement, destiné aussi aux sauts d'exhibition (acrobatie aérienne).
Le SGP comprend un parachute dorsal d'un diamètre de 8 m 80 (vitesse de descente 5 m/s) et un parachute ventral de secours. L'importateur précise, dans le catalogue qu'il diffuse, que ce modèle a été adopté par l'école de parachutisme d'Avignon-Pujaut et aussi par le « Corps des mitrailleurs parachutistes créé récemment en URSS ».
Par la suite, les fabricants français scandalisés réagiront et proposeront enfin leurs propres modèles, pour un coût plus économique que celui proposé par le fabricant britannique.
  • AVIOREX et LEMERCIER les premiers fabricants français de parachute.
Avant le début de la deuxième guerre mondiale, deux autres types de parachutes seront testés : l'Aviorex et le Lemercier. Ils ne supplanteront jamais les modèles Irvin (dont quelques copies russes avaient été amenées en France par un officier soviétique).
L'Aviorex 120 est un parachute de combat qui permet l'entraînement et l'instruction des parachutistes. Il se compose d'un ventral, d'un dorsal et d'un harnais.
Le dorsal est muni d'une commande manuelle et d'une commande automatique. Sa voilure est en soie (ou en coton sur le type 123, qui s'ouvre plus lentement et est moins chère). Le diamètre d'ouverture de la coupole est de 7 m (surface 55 m2). L'extraction de la voilure se fait à l'aide d'un petit parachute extracteur qui s'ouvre grâce à un ressort. La vitesse de descente est de 4 à 5 m/s, inférieure à celle de l'Irvin (comme le Lemercier). La voilure est reconnue plus stable que celle de l'Irvin. Le harnais ferme par des mousquetons. Le harnais n’est en fait qu’une sorte de large ceinture, avec des bretelles dégrafables selon le concept de l’époque.
Le « Lemercier » possède un harnais très particulier dont les sangles ferment par des boucles à ardillon très peu pratiques (La boucle ardillon tient son nom de l’ardillon, qui est la sorte d’aiguille qui vient butter contre la boucle pour  bloquer la sangle). Ce système est dépassé. Il possède lui aussi le double système d'ouverture manuel et automatique ainsi qu'un parachute ventral de secours. Il est aimé pour la douceur de son ouverture. Son pliage est plus difficile que pour les deux autres modèles. Sa conception ne permet pas d'emporter l'équipement spécifique voulu par les parachutistes comme la musette ventrale. Suite aux essais (rapport du 4 juin 1938), le parachute Aviorex est le modèle qui semble retenu. Déclaré ultérieurement dangereux à cause d'un problème de cônes de fermeture coinçant les aiguilles, il sera rejeté. Le Lemercier ne sera pas pris non plus.
Pendant la guerre, le nombre de parachutes et d'équipements de saut existants ne permettra pas de doter chaque homme. Par ailleurs, l'existence de trois modèles constitue un lourd handicap pour l'instruction et la formation. En mai 1940, on compte au 602 un déficit de 50 % en équipements spéciaux et de 36 % en parachutes.
Nota : le parachute de secours n'était pas emmené en mission de guerre à cette époque.
  • Témoignage de Louis DESAGNAT: le courage d'un français.
22 mai 1938, 11420 mètres, le monoplan « Les Muraux » 860 CV Hispano a atteint son plafond. Au poste de pilotage le capitaine MICHEY vient de diminuer les gaz. C'est le signe conventionnel indiquant au parachutiste WILLIAMS que le moment est venu d'enjamber la carlingue de l'avion. Sans hésiter, WILLIAMS ouvre l'inhalateur d'oxygène portatif fixé à son parachute ventral et détache le tuyau de caoutchouc qui relie son masque respiratoire à la bouteille d'oxygène de l'avion. Et c'est la chute vertigineuse dans le vide au-dessus de la plaine de Paray-le-Guyon (10 km de Chartres). Les yeux rivés sur son poignet gauche, où se trouvent fixés un altimètre et un chronomètre, WILLIAMS descend à une vitesse qui serait étourdissante pour un autre homme que lui.
Une minute après avoir quitté l'avion, le chronomètre s'arrête. Il n'a pu supporter la variation brutale de température qui lui est imposée. Pour contrôler cette chute libre, il ne reste à Williams que son altimètre. La terre approche, notre courageux champion la voit venir à lui très rapidement la flèche de l'altimètre approche maintenant zéro. Williams actionne son parachute dorsal et pose sa main droite sur la commande du parachute ventral. Quelques secondes encore et c'est maintenant la chute protégée, puis la terre.
Un record du monde rentre en France, et quel record du monde! Après examen du barographe qui était fixé après la jambe droite du parachutiste, on constate que la prouesse est plus formidable encore.
Hauteur 11420 mètres au-dessus du niveau de la mer. Chute libre de 170 secondes. Ouverture du parachute à 245 mètres au-dessus du niveau de la mer. Descente protégée de 18 secondes.
La plaine de Paray-le-Guyon étant située à 155 mètres au-dessus du niveau de la mer, Williams s'est jeté de 11265 mètres au-dessus du terrain et n'a ouvert son parachute qu'à 90 mètres du sol.
Un frisson nous passe dans le dos ! Et une admiration sans bornes monte vers ce courageux Français. Car l'exploit de Williams, c'est surtout une démonstration de courage, qualité qui ne manque pas d'ailleurs a beaucoup de Français.
Pour réaliser cela, Williams s'est entraîné méthodiquement pendant près de deux ans. Il a reçu l'aide de constructeurs et de l'autorité militaire, qui lui prêta l'avion du général VUILLEMIN (chef d’état-major de l’armée de l’air 1938-1939), piloté par un officier au-dessus de tout éloge.
Nota: WILLIAMS, recordman du monde utilise au cours de ses descentes le parachute LEMERCIER type 414, avec parachute ventral de secours. Matériel homologué par le Ministère de l'Air.
 
 
 



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