Chapitre 6: LES FÉMININES DE LA SPÉCIALITÉ DES MATÉRIELS DE PARACHUTAGE ET DE LARGAGE

 
Témoignages de sous-officiers féminins de l'Armée de Terre (SOFAT).
 
 
  • Témoignage de Dominique CURIE (Coin's 294).
Maman était institutrice, mais je voulais être militaire comme ma tante. À 14 ans, déjà, j’étais fascinée par les bérets rouges, je rêvais d’intégrer les régiments parachutistes. Trois ans plus tard, le 24 avril 1975, je m’engageais chez les paras, dans la branche « matériel », la seule accessible aux femmes.
Nous sommes arrivées à huit à l’ERGM ALAT & Aéro de Montauban le 23 avril 1975. Nous étions la deuxième promotion de PFAT à être formée à Montauban.
  • Les candidates à l’engagement.
BERNACHON CELLIER COSSON CURIE GUILBERT LE GALL
       
    PIANEZZOLA PICO    
  • 1975 - 1978: ERGM ALAT & Aéro à Montauban.
Cliquer sur la photo
  • Le brevet parachutiste: BP nmr 380 229.
En janvier 1976, nous sommes parties à Pau effectuer le stage du brevet parachutiste. Nous avons même eu de la neige ! J’en garde un très bon souvenir, j’ai beaucoup aimé l’ambiance.
Par contre les combinaisons de saut « made in Montauban », ce n’était pas le top ! 
Certains masculins ne voulaient pas monter à la tour. Notre moniteur nous y a fait passer plusieurs fois pour leur faire honte ! 

Deux mois après le retour de Pau, nous avons embrayé sur le stage du brevet professionnel du 1er degré, le CT1.
  • 1978 - 1983: 2ème REP à CALVI.
Prise d'armes au REP Course d'orientation à Solenzara
ADC PIAZZON, CURIE. MOLINES, CHEVRIER, PIAZZON, CURIE.
  • 1983 - 1985: 2ème RPIMa à La Réunion.
MJR ESPINASSIER (1er rang, 2ième à partir de la droite).
  • 1985 - 1987: ERGM ALAT & Aéro à Montauban.
Cross du Matériel.
3ième chez les féminines  
 
  • 1987 - 1990: EAALAT à Dax.
  Saut en 2ième section TAP
  • 1993 - 1999: périodes dans la réserve.
J'ai pris la retraite en 1991, après 16 ans de service, pour suivre mon mari en Guinée. À notre retour, mon mari a été muté à l'ETAP, et je suis allée m'installer dans le jura. Je me suis inscrite pour la réserve en CIPM. Je suis devenue monitrice para, sur Besançon et Dijon pour le sol et la semaine vol m'a permis de sauter à Lille, Caen, Nancy , Mourmelon, Dole, Dijon et bien d’autres sites une fois de temps en temps. À la fin uniquement à l'ETAP.
Dans la réserve, j’ai fait partie du 60ème RI , puis du 35ème RI , j'ai fait des manœuvres au Valdahon . Des parcours du combattants, des entraînements dans un village reconstitué, des examens à l'école NBC de Caen, et je suis la première a avoir eu le diplôme de chef de section infanterie (stage 00) à l'école de Montpellier. (Je suis très fière de mon parcours de réserve). De plus quand je suis venue m'installer en Espagne le colonel du 3ème RPIMa m'a envoyé un courrier personnel pour que je continue la réserve CIPM mais en mode régiment car tout avait changé. Mais ils ne me payaient pas de Valencia à la frontière, de plus j'avais mon frère Capitaine au 3. Donc j'ai arrêté, avec un pincement au cœur car j'aimais beaucoup le contact avec les jeunes .
60ième RI à Valdahon dissout le 01/10/1998, puis 35ième RI à Belfort.
Garde au drapeau du 60ième RI 4ième Cie du 60ième RI
  • Cadre de réserve aux CIPM Besançon, Dijon, Nancy.
  • Article de Benoît GAUDIBERT, extrait de la presse locale de Franche-Comté dans une édition de 1994.

Originaire de Seligney près de Dole, l’adjudant CURIE a derrière elle 22 ans de brevet, qu’elle a obtenu à 18 ans. Après seize ans et demi d’active, où elle était employée à l’entretien et au pliage des parachutes elle est devenue, comme d’autres, réserviste-instructeur et consacre chaque année une, deux ou trois périodes par an, à l’encadrement des jeunes et saute avec eux. Elle encadre les futurs « paras » au centre d’instruction et de préparation militaire de Besançon.
Sa maman était institutrice, mais elle voulait être militaire comme sa tante. À 14 ans déjà, Dominique CURIE était fascinées par les bérets rouges, rêvait d’intégrer les régiments parachutistes. Trois ans plus tard, elle s’engageait chez les paras, dans la branche « matériel », la seule accessible aux femmes. « C’est simple, j’ai fait ce que j’avais envie de faire », dit cet adjudant sans complexe.
Elle se souvient, à l’ERGM de Montauban, l’Ecole des Troupes Aéroportées à Pau, puis le 2ème Régiment étranger de parachutistes à Calvi où elle a passé cinq années à la maintenance et au pliage des parachutes. Le 2ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine et l’île de la Réunion, le retour à Montauban, la retraite à 34 ans. Mieux vaut aimer bouger quand on signe avec l’armée. Il y a quatre ans, Dominique CURIE a finalement décidé de prendre sa retraite pour s’installer près de Dole et profiter de ses trois enfants. Mais l’adjudant CURIE (ses collègues l’appellent Marie) n’a pas rompu définitivement les ponts avec son régiment préféré. Régulièrement, elle vient à Besançon instruire les jeunes appelés qui choisissent d’effectuer une préparation militaire parachutiste avant leur service.
Une femme instructeur chez les paras ? « Au début les jeunes sont très surpris. Ils se disent : si elle peut y arriver, on doit pouvoir aussi. Ils osent moins se débiner ». Dominique a l’habitude : tout au long de sa carrière, de son premier à son dernier saut, ses performances n’ont cessé d’êtres comparées avec celles de ses collègues masculins.
« Quand on débute, ce n’est pas évident. On est dans un métier d’hommes, il faut toujours prouver qu’on est capable de faire aussi bien qu’eux, ne jamais rester en arrière. J’ai toujours été respectée, même si, bien sûr, j’ai croisé quelques machos. Mais il suffisait de les remettre à leur place », affirme-t-elle. Pas de doute, l’adjudant CURIE en est capable et dissimule une vraie force de caractère derrière son grand sourire.
Cette semaine, « Marie » CURIE a passé toute une série de tests, indispensables pour espérer être instructeur. « Elle a brillamment réussi », souligne le capitaine ALLAIRE, commandant du centre d’instruction et de préparation militaire. Courir huit kilomètres avec un sac de cinq kilos sur le dos, pour Dominique CURIE, c’est presque une formalité.
« Les stages je les fais pour le plaisir, pour rester en contact avec les jeunes. Ils sont de mieux en mieux, très soudés, moins individualistes qu’à une certaine époque ».
Qui sait si, bientôt, Dominique CURIE n’instruira pas sa fille aînée. À 14 ans, celle-ci ne rêve ni de devenir institutrice, ni d’être infirmière. Elle veut être soldat, comme sa maman dont elle est « fière ». La relève est prête.

  • Témoignage de Thérèse VAYRE (Coin's 139).
Jai toujours reproché à mes parents de ne pas être né garçon. Je voulais faire mon service militaire. L’armée, c’était ma vie, mon oxygène. Lorsque mon frère a devancé l’appel pour faire son service dans les sous-marins, j’étais très fière de lui mais aussi très jalouse.
Je connaissais les infirmières, les ambulancières, les secrétaires, mais comme je n’avais pas de diplômes, je ne pensais pas pouvoir faire une carrière militaire.
J’ai travaillé dans une usine de fabrication de chaussures du groupe Myrys. Malheureusement l’usine a fermé et je suis allée faire une formation accélérée de bourrelier.
Une fille de mon village m’a écrit, un jour, qu’elle s’était engagée et elle me disait qu’ils recherchaient du monde en tant que couturière avec le CAP. Ayant obtenu mon CAP de bourrelier au CFA, je suis allée au centre de sélection pour y effectuer les tests d’entrée et la visite médicale. Quelques semaines plus tard je recevais mes papiers d’incorporation au grand désarroi de mon père qui était ancien gendarme et qui connaissait trop la mauvaise réputation que l’on prêtait aux femmes militaires à cette époque.
Je suis retournée signer mon engagement au centre de sélection et, dans la foulée, je suis partie à Montauban. J’ai fait partie de la première promotion de filles directement formées à l’ERGM : c’était en 1974.
1974 - 1997: les diverses activités de la formation.
Nous sommes arrivées à seize à l’ERGM ALAT & Aéro de Montauban le 20 mars 1974. Trois mois plus tard, Françoise nous quittait. Nous étions les premières PFAT à être formées à Montauban. L’École du Personnel Féminin de l’Armée de Terre de Dieppe venait de fermer au profit de l’École Interarmées des Personnels Militaires Féminins de Carpiquet - Brette ville sur Odon. Le Matériel avait décidé que la formation militaire des réparatrices de parachutes se ferait directement à Montauban, au sein de l’ERGM ALAT & Aéro.
En septembre de la même année, nous sommes parties à Pau pour passer le brevet de parachutiste militaire. Nous n’étions plus que treize, car Dominique et Hélène étaient inaptes médicales (scoliose et vue). Nous avons été brevetées le 13 septembre 1974.
À cette époque, les féminines ne percevaient pas la solde à l’air. Nous pratiquions le parachutisme pour le plaisir. Ce n’est qu’à partir de 1975, que les premières soldes à l’air sont arrivées pour les PFAT. Malheureusement, il n’ y en avait pas pour tout le monde ! Il a fallu attendre son tour.
Une fois par an, nous partions deux jours sur le terrain, histoire de dire que nous n’étions pas que des ouvrières du parachute, mais aussi des militaires. Ces sorties étaient organisées autour du tir aux différentes armes, de la marche. Le soir repas avec feu de camp et chants. Puis le deuxième jour, c’était de nouveau de la marche, mais cette fois-ci, topographique. Seulement voilà, à la place des balises il y avait des ateliers: armement (démontage et remontage d’une arme), secourisme, questions générales sur les statuts et quiz militaire. Pour nous les filles, la cerise sur le gâteau, un atelier couture ! Dans un camion se trouvaient trois machines à coudre avec leurs bacs à parachutes. Nous devions réaliser un empiècement ! Nous, qui étions contentes d’être sur le terrain pour se sortir un peu de l’atelier, c’était réussi.
Puis les années passant, les commandant d’unité rajeunissant, les journées d’aération furent plus importantes et surtout plus variées : ski à Barrèges, canoë – kayak à Saint Nary, parapente à Briançon, les sauts d’entretien à Pau, sans oublier les diverses journées de la saint Eloi et de la saint Michel.
En résumé, vingt six années dans la même maison avec mes joies et mes peines et surtout aucun regret.
  • Les albums photos de Thérèse.
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