Chapitre 6: LES FÉMININES DE LA SPÉCIALITÉ DES MATÉRIELS DE PARACHUTAGE ET DE LARGAGE |
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Témoignages de sous-officiers féminins de l'Armée de Terre (SOFAT). |
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- Témoignage d'Arlette TRAUTMANN-CARBONNEL (Coin's 317).
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Je n'étais pas couturière de formation. J’ai commencé par faire quatre ans dans une usine, proche de Montauban. On y faisait des dossiers de chaises. Cela ne me convenait pas, les cadences étaient vraiment infernales. Il fallait toujours en faire plus. J’ai donc décidé de m’engager à l’ERGM parce que je voulais rester dans la région. | À lire, ici>>, la suite de son témoignage à la tête de l'atelier para de l'ETAMAT de Metz. | |
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- Témoignage de Christine GIMBERT-VAIRÉ.
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Je suis entrée à l'armée, j'avais 20 ans, après avoir effectué une Préparation militaire parachutiste et réussi au concours d'entrée à l'école des sous-officiers de SAINT MAIXENT. Ce concours était réservé aux candidats titulaires du BAC. J'étais titulaire du BAC G2. Après mon BAC comme j'étais déterminée à m'engager, j'ai travaillé en intérim sur les autoroutes comme receveur au péage. Mon père était gendarme et j'aurais voulu suivre ses traces, mais ma petite taille ne le permettait pas! Comme j'étais attirée par le port de la tenue et que je voulais un métier dynamique, j'ai décidé de me tourner vers l'armée de terre. À cette époque, les femmes n'étaient pas encore bien acceptées. Mon père, lui aussi, était contre le fait que je m'engage. Je ne connaissais pas du tout notre spécialité, je me suis engagée au titre de l'arme du matériel en pensant faire de la gestion. Au bout de six mois à Saint- Maixent, promue maréchal des logis, j'ai été dirigée vers l'ESMAT de Châteauroux où quatre MAT PARA sont venus nous vanter la spécialité. Il n'y avait pas de place en gestion à ce moment-là, les seuls choix que nous avions, étaient munitionnaires ou mécaniciens. Comme j'avais déjà sauté et que j'avais aimé ça, je me suis décidée pour partir à Montauban. | |
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- Témoignage de Dominique BASSO-VIALA (Coin's 176).
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Depuis l’âge de 10 ans, je rêvais de faire mon service militaire, même en Israël, puisqu’en France cela n’existait pas. J’ai passé un BEP « technique de l’habillement » et j’ai travaillé en tant qu’animatrice d’enfants pendant un an. Mon père était dans l’armée de l’air, pilote et enfin gendarme. J’avais aussi un grand-oncle qui avait fait l’Indochine et l’Algérie. À cette époque, il était coutumié de dire que les femmes militaires servaient de paillasse aux officiers. Par la suite mes souhaits s’orientaient comme mon père vers le pilotage. Mais hélas, pas de place pour une fille, alors j’ai choisi les parachutistes. Les filles parachutistes étaient à Montauban, alors je suis partie à Montauban. Je ne connaissais pas cette spécialité. Je ne savais même pas que j’allais faire de la couture. On m’avait dit : sport, manœuvre, cohésion et esprit d’équipe…. | À lire, ici>>, la suite de son témoignage sur une assistance technique au Burkina Fasso. | |
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- Témoignage d'Étiennette PLOQUIN (Coin's 224).
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Dès ma plus tendre enfance, j'ai été baignée dans l'esprit patriotique d'après-guerre. Les valeurs morales étaient notre seule richesse. Ma famille n'avait pas d'antécédent militaire de carrière. Mon grand-père avait fait trois années de services militaires après la Première Guerre Mondiale, durant les «années folles». Mon père, réfractaire au service du travail obligatoire (STO) en Allemagne, avait rejoint les FFI du Loiret. De ce fait, durant toute mon enfance, à chaque 8 mai, 11 novembre, obsèques d’anciens combattants, j’assistais aux cérémonies. C’était une obligation à laquelle je ne pouvais me soustraire en mémoire des anciens : la famille y veillait. Puis il y a eu l'Indochine et l'Algérie. Mes oncles les plus jeunes y ont participé, soit comme engagé soit comme appelé. Lorsqu'ils revenaient au village natal, dans cette grande famille pleine de solidarité, ils faisaient l'objet de toutes les attentions. Nous buvions les paroles de leurs récits, pas forcément adaptées à des oreilles d'enfants. C'est pour cela que je n'ai pas le souvenir d'avoir été enfant, tellement les réalités de la vie, m’imprégnaient déjà. Un jour, chez mon grand-père, alors que je feuilletais le magazine Paris-Match, j’ai eu une vision. Je me voyais en treillis, comme Rika ZARAÏ. Il m'expliqua que ce n'était pas en France et que chez nous il n’y avait pas de filles dans l'armée. Un peu déçue de ne pas être un garçon, j'ai gardé cette image au fond de moi…. Après mon certificat d’études primaires, je suis rentrée en pensionnat pour préparer un CAP « techniques d’habillement ». L’internat était strict et nous portions l’uniforme : jupe plissée, chemisier bleu ciel, chaussures noires et socquettes blanches. Je ne rentrais, chez mes parents, que six fois par an. J’ai occupé le poste de déléguée de classe. La directrice me voyait souvent pour des problèmes de discipline. J’avais déjà l’esprit frondeur et fonceur! Mais comme j’étais bonne élève, cela s’arrangeait toujours. Mes parents ne pouvant pas me payer des études plus longues (mon frère suivait derrière) j’ai rejoint, en septembre 1970, l'usine de couture BELLETESTES à Orléans : 1500 employés, c’est ce qu’on appelait à l’époque les «usines à esclaves». J’étais logée dans un foyer de jeunes travailleuses tenu par les sœurs de la Providence aux cloîtres St Aignan. Très vite, le travail à la chaîne m’a désillusionné. Aussi, je me suis inscrite au cours de promotion sociale et de langue pour adultes, au Lycée Benjamin FRANKLIN, afin d'obtenir le brevet Professionnel. Les cours se déroulaient le soir, après la journée de travail à l’usine, le samedi et le dimanche matin. À cette époque, le temps de travail était de 45h par semaine (à la chaîne et au rendement). La paye était proportionnelle au travail : le SMIC horaire n'est arrivé qu'en 1972. Je me suis très vite portée volontaire pour coller des affiches et faire évoluer le métier. Après un an et demi de cette galère, j’ai trouvé une place dans un petit atelier d’une vingtaine de personnes aux établissements Michel DAUVÉ. Le travail était aussi dur, mais nous étions mieux payées. Au bout de quelques mois, en mars 73, je suis rentrée dans un autre atelier, les établissements AUDEBERT, toujours dans la couture. Là, nous étions payées à l’heure, avec une prime de production. En juin 1973, brevet professionnel en poche et ne voulant plus travailler en usine, je me suis rendue au centre d'orientation professionnelle. Là, j’ai obtenu un contrat pour partir pendant un an, aux frais de l'office Franco-Allemand pour la jeunesse (OFAJ). Me voilà partie, en juillet 1973, à Esslingen am Neckar dans un « Sprachinstitut » (école d’apprentissage de langue en méthode accélérée : casque sur la tête 6 heures par jour, 6 jours sur 7, pendant 2 mois). Nous venions de différents pays. Ce stage intensif m’a permis d’apprendre les bases de la langue allemande (écrite et orale) et d'obtenir un certificat du 1er degré. J’ai ensuite intégré l’usine « Marathon Sport Modell », à Fahrenzhausen dans le district de haute Bavière. Cette usine fabriquait des tenues de sport à l'unité, personnalisées pour des sportifs de haut niveau: c'était l'époque Jean-Claude KILLY, Muriel GOITSCHELLE. C'est pendant cette période d'éloignement de la France, que j’ai su ce qu'était le mal du pays. J’ai alors pris conscience de ma vocation patriotique et militaire. Je suis rentrée en France, parfaitement bilingue, en juillet 1974, après une année en totale autonomie. J’ai décidé de me renseigner à Orléans, au bureau de recrutement que je voyais en allant aux cours du soir, pour rentrer dans l’armée. C’était un bureau de l’armée de l’air. La femme qui m’a reçu était, je pense, un personnel civil : une blonde décolorée, maquillée comme un camion volé, très impressionnante de vulgarité. Timidement, je lui ai demandé comment il fallait faire pour rentrer dans l’armée. Elle m’a répondu, d’un ton dédaigneux: «vous êtes trop petite, de toute façon ce n’est pas moins d’un mètre soixante!». À l’époque, je ne savais pas que l’armée de terre avait aussi un bureau de recrutement... Après ce premier revers, j’ai éprouvé le besoin de partir en vacances, en Bretagne, chez mon oncle : celui qui avait fait l’Algérie. Au bout de 15 jours, l’inaction me pesant, j’ai trouvé un travail de serveuse au café de la gare de Vannes, Hôtel Richemont. J’y ai terminé la saison d’été. Je n'avais jamais fait ce travail, mais pas besoin de diplôme particulier pour exercer ce métier. La saison terminée, je suis revenue à Orléans, où j’ai été hébergée dans un foyer chez les sœurs. J’ai réussi à me faire réembaucher, pour quatre mois, dans l’entreprise de monsieur DAUVÉ, le temps de récupérer mes droits sociaux. À l’issue, c’est dans la restauration collective que je reprenais du service. Ce n’était pas mieux payé, mais j’étais nourrie le midi. Au printemps de l’année suivante, la bougeotte me reprenais et je retournais à Vannes : j’y restais jusqu'en juin 1977. Là, j’ai rencontré une fille de militaire, qui partait à l 'armée dans les Transmissions. Après la saison d'été, j'ai suivi ses conseils et j'ai commencé mes démarches auprès du bureau de recrutement. Je n’étais pas trop convaincue du résultat, à cause de mon gabarit. À cette époque, je mesurais 1m50 pour 40 kg ! Mais la chose a pris forme. J’ai passé avec succès les tests psychotechniques. Mon problème, c’était que mon profil ne correspondait pas aux demandes de recrutement. Servir en État-major, je ne savais pas taper à la machine. Servir dans les Transmissions, j’étais claustrophobe. Il ne me restait plus que le Matériel : le service des poudres. Finalement le centre de recrutement m’a répondu : « on n'a rien pour vous » ! Démoralisée j'ai continué mon boulot de serveuse, tout en prenant des cours par correspondance au CNTE (Centre national de télé-enseignement) de Vanves. Puis, un concours de circonstances a fait que j'avais comme clients les élèves de la PMP de Meucon. Un jour, le capitaine commandant le CIPM de Quimper avec qui je parlais de mes difficultés à trouver une issue à mon affaire, m’a dit : « mais avec un CAP de couture il faut demander l'ERGM de Montauban et les réparatrices de parachutes. J'y vais régulièrement porter des parachutes d'instruction au sol en réparation ». Sur cette information, je me suis empressée de poser la question au bureau de recrutement. Ils mettront près de deux ans pour trouver la filière d'incorporation. Ils restaient sur des positions rétrogrades : ils affirmaient que cette spécialité n'avait existé que pendant la guerre d'Algérie et qu'il n'y avait pas de recrutement en tant que réparatrice militaire. C'est à force de pousser régulièrement la porte avec les informations du capitaine du CIPM qu’ils ont fini par trouver la spécialité dans leurs dossiers pleins de poussières. Dès ce jour, les évènements sont allés très vite, et après une saison d'été à Carnac en restaurant d'été et une saison d'hiver à l’ouverture de la station de sports d'hiver de Val Thorens, j'ai rejoint l’ERGM de Montauban le 2 janvier 1978. Une nouvelle vie s’ouvrait à moi. Pour résumer, je dirais que si trouver l’entrée de l’ERGM de Montauban était simple pour les personnes de la région, ou pour celles qui avaient des militaires dans la famille, c'était un parcours du combattant pour les autres. Suite à mon passage par le bureau de Vannes, et l’engagement qui en avait résulté, plusieurs filles de cette région, des promotions suivantes, ont été envoyées à l’ERGM par ce même bureau. Finalement j'avais au fond de moi, de par mon éducation, tout ce qu'il fallait pour être militaire. Dire que j'en avais l’esprit, je ne le sais toujours pas. Je n'ai jamais aimé les ordres sans explications et la pérennité des idées figées. Mais j'avais surtout la fibre patriotique, le respect des autres et l’envie d’une vie correcte. Toute ma vie j’ai su réagir pour ne pas tomber. «S'adapter ou mourir» aura été le fil conducteur de toute mon existence. | À lire, ici>>, la suite de son témoignage à la tête de l'atelier d'Oléans. | |
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- Témoignage de Francette SALLES-SOUYRIS (Coin's 242).
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J’ai toujours voulu être militaire. J’ai été élevée dans une famille stricte. Mon père était enseignant dans un lycée technique. Il avait fait son service militaire dans l'armée de l'air en 1946. Libéré de ses obligations militaires, il est revenu avec beaucoup de préjugés. Lorsque j’ai voulu m’engager, j’étais mineure. Il me fallait l’autorisation de mes parents. Mon père a refusé de signer ma demande d'engagement. À cette époque, la majorité était à 21 ans. J'ai donc été obligé d'attendre d’avoir 21 ans pour effectuer les démarches. Cependant, dans ma famille, il y avait des militaires. Ils étaient plus ouverts à l'avenir que mes parents. Mon oncle (et parrain) avait été officier chez les spahis puis officier de réserve après la Seconde Guerre Mondiale. J’ai un cousin qui était sous-officier pendant la guerre d'Algérie (il a été gravement blessé et est resté handicapé). Aussi, au cours de nos conversations, je regrettais de ne pas être un garçon. Cependant, j'ai compris qu'avec de la volonté rien n'était impossible. Avant de m’engager, j'ai exercé la profession de retoucheuse et confectionneuse (vêtement, tissu d’ameublement, etc.) Le jour de mes 21 ans, j’ai donc commencé les démarches. Je me suis rendue au centre de recrutement de Montpellier (à l’époque, j'habitais dans le département de l'Hérault). Là, il m'a été répondu que l'armée de terre avait l'effectif féminin complet pour 1974, et qu’il fallait que je repose ma candidature l’année suivante. En 1975, j'ai passé les tests d'aptitude à Montpellier, puis j’ai fait les «3 jours» (qui n’ont duré qu’une journée !) à Tarascon (dans les Bouches-du-Rhône). Suite à ma réussite aux tests d'aptitude, j'ai été convoquée à Montpellier pour un entretien. Là, j'ai été informée qu'avec mon CAP de couture (que j’avais obtenu en 1970), je pouvais devenir réparatrice de parachutes et par la suite être brevetée parachutiste. Finalement, ce n'est que le 22 avril 1976 que j’ai signé mon premier contrat, faisant de moi un personnel militaire féminin. J'ai été dirigée sur l’ERGM ALAT & Aéro de Montauban (au départ de Montpellier, avec mon premier ordre de mission) où j'ai effectué ma formation militaire et ma formation technique. Nous étions quatre à être incorporées en même temps. | À lire, ici>>, la suite de son témoignage sur son séjour à La Réunion au sein du 2ème RPIMa. | |
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- Témoignage d'Isabelle RICHALET (Coin's 296).
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Je ne suis pas, à proprement parler, issue d’une famille de militaires, à part un grand-père gendarme et un oncle, officier dans l’arme des transmissions. Après avoir suivi une scolarité jusqu’en 1ère IH (Industrie de l’Habillement), je me suis engagée au titre de l’ Etablissement de Réserve Générale du Matériel de Montauban. Avant je ne connaissais pas la spécialité. C’est en parcourant les petites annonces d’un journal, que j’ai appris que l’armée recrutait des couturières avec un statut de militaire. À cette époque, les femmes militaires avaient encore une mauvaise réputation. Malgré tout, je voulais réaliser un rêve d’enfant. Quand nous étions plus jeunes, mon frère et moi, nous nous amusions à sauter d’une fenêtre avec un parapluie. Il a fait carrière à Tarbes et moi je suis partie à Montauban. | |
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- Témoignage de Sally ARMAND-DAHMANI.
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Je suis issue d'un milieu militaire. Beaucoup de membre de ma famille portent un uniforme : police, gendarme, militaire. Je suis fille et petite-fille d'harkis, avec tout ce que cela comporte. Mon père était affecté dans les forces françaises en Allemagne (FFA) et j'ai grandi dans un milieu militaire et fréquenté des écoles où il n’ y avait que des enfants de militaires. Donc, pour moi, c'était une évidence. Après avoir passé un CAP, un BEP et un Bac F1, j'ai commencé à METZ, il n'y avait pas beaucoup de femmes militaires. Elles étaient mal perçues par l'opinion publique et par certains militaires. Il fallait se battre pour sortir du lot. Dès que j'ai pu m'engager et qu'on m’a parlé de réparatrices à Montauban, je savais que j'avais trouvé ma place, avec mes diplômes de couture, car j'adore la couture. En plus la possibilité d'être parachutiste, mon père et mon grand-père étaient fiers. | |
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- Témoignage de Véronique LAJARA (Coin's 200).
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Je ne suis pas issue d'une famille de militaires. Dès l'âge de 8 ans, j'avais annoncé à mon père que « je ferai ça » en voyant un reportage à la télé montrant des femmes en treillis. J’ai quitté mes études en Première G pour partir à l'armée en tant que V.M.F. (Volontaire Militaire Féminin) : j'ai appartenu au contingent 85/12. À l’issue de ma durée légale de service, j’ai opté pour le volontariat au service long et un engagement pour l’ERGM de Montauban. | |
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