Puis ce fut le grand départ pour l’Indochine, destination Hanoi et sa citadelle via Saigon, le point d’entrée sur le territoire. J’y suis resté six mois, affectée au Bataillon d'Ouvriers du Service du Matériel (B.O.S.M.). En attendant mon départ pour Hanoi, j’y ai occupé la fonction de chef de cantonnement. Hanoi la citadelle, pour la zone nord de l’Indochine, c’était le lieu unique de réparation des parachutes, utilisés par la B.A.P.N. (Base Aéroportée Nord). Les réparatrices étaient regroupées au sein de la 11ème C.OS.M. (Compagnie d’Ouvriers du Service du Matériel. En ce qui concerne l’organisation de l’atelier, c’était un maître tailleur, du nom de BERGER, qui en était le patron. L’ensemble des personnels de l’atelier était constitué de vietnamiens (hommes et femmes) pour la couture et nous les PFAT nous faisions office de contrôleuses. Pour réparer une voile déchirée, ou trouée, ils mettaient sur la déchirure, une pièce au dessus, une pièce au dessous, et ils « piquaient ». Quand les trous étaient petits, ils prenaient le thermo-cutter du dentiste et le passaient dessus pour éviter que le trou ne s’agrandisse. Les parachutes qui avaient beaucoup de trous, étaient mis de côté : ils servaient pour le saut d’opérations. Pour réparer les suspentes ils mettaient un morceau de suspente blanche sur une suspente kaki. La suspente à réparer était coupée à environ vingt centimètres du bord d’attaque. Un nœud plat et une surliure unissait le morceau de suspente blanche et celle à réparer. La même opération était réalisée du côté des élévateurs. Lorsque le parachute était étalé sur la table, il fallait s’arranger pour que les nœuds ne tombent pas les uns en face des autres, de façon à éviter les brûlures et les risques d’accrochage. On ne pouvait pas réparer plus de cinq suspentes par parachute. C’était ainsi avant la mise en place des normes. Au cours de ce premier séjour et dans les deux autres qui ont suivi, en plus de ma fonction technique, j’occupais le poste de chef de cantonnement que ce soit à Hanoi ou à Saigon, lorsque les viets nous ont mis dehors. En quelque sorte, j’étais l’adjudant de compagnie des féminines, dont la moyenne d’âge était d’environ 23 ans. Je faisait parti des « anciennes », de part mon séjour à la 1ère Armée. Durant ces trois séjours, je n’ai été sanctionnée qu’une fois, de quinze jours d’arrêt par le lieutenant PREFOL. N’ayant pas la fibre réparatrice, je voulais absolument retourner au service social. J’allais souvent retrouver, en catimini les « anciennes » de la 1ère Armée, car je connaissais beaucoup de monde. Et un jour je me suis fait prendre….. À la fin du troisième séjour, je suis revenue à Montauban pour une petite année. |