Je ne suis pas issue d'une famille de militaires. Dès mon jeune âge, l'idée de devenir militaire m’a toujours « trotté » dans la tête et cela malgré la rumeur sur les femmes militaires : elles avaient une mauvaise réputation. J'avais entendu un tas de réflexions (filles à soldats, P.P.O etc.). C’était peut-être la réalité, il suffisait de choisir son camp : en baver ou avoir une carrière améliorée. Il se passe la même chose dans le civil mais sans rumeur. Avant de m’engager, j’ai exercé des petits boulots pour me payer mon brevet para civil (monitrice de colonie de vacances, serveuse dans un bar, travail en usine (laiterie des crèmes « MONT BLANC). Dans ma famille, nous sommes quatre enfants brevetés sur six. Je suis donc partie, un beau jour d’été 1964, signer mon engagement au bureau de recrutement de Saint-Lô, dans la Manche. Je ne connaissais pas cette spécialité. Le recruteur, lui aussi, devait l'ignorer, ainsi que l'existence d'établissements effectuant des réparations. Pour moi, il n’y avait que des régiments dans l'armée. Mon village, Sainte Mère Église connu pour le débarquement du 6 juin 1944, était et est toujours très fréquenté par de nombreux militaires français et étrangers. En 1960, j'ai fait mon baptême de l'air dans un hélicoptère américain: le Chinook. En 1976, l'épouse du maire de Saint Mère Église en fonction à l'époque du débarquement de 1944 avait fait les démarches auprès du MINISTERE DE LA DEFENSE pour que j'effectue des sauts aux cérémonies du juin 1976, sauts à partir de NORD 2501 et hélicoptère PUMA: trois journées inoubliables! Voici des extraits de l’annonce et du compte rendu de l’événement, tel qu’ils ont été relatés dans la presse locale : le journal Ouest-France. | Dans une semaine, comme il y a 32 ans, le ciel de Sainte Mère Église sera une fois de plus constellé de parachutes. Il s’agira, cette fois, de la manifestation destinée à commémorer l’exploit des divisions aéroportées, préparant le débarquement des troupes alliées à Sainte Marie du Mont (Utah Beach) au mois de juin 1944. 120 parachutistes civils et militaires, appartenant au « Para Club de l’Amitié » et aux chuteurs des Armées de Terre , de l’Air et de l’U.S. Army effectueront des sauts dans le ciel de la première commune libérée de France. Inspirée par le « Jour le plus long »… Jacqueline AUDOUARD est née l’année qui suivit le débarquement. Le mémorable parachutage, elle ne l’a connu qu’à travers les récits des témoins oculaires qui vécurent l’événement dans la ville qui la vit naître. C’est après avoir assisté au tournage du film le « Jour le plus long » qu’elle décida de devenir parachutiste. Affiliée dans un club civil, elle effectua son premier saut à 18 ans. Depuis, 200 fois elle s’est élancée dans le vide. Mais jamais au-dessus de Sainte Mère. L’occasion lui sera procurée cette année, grâce à la compréhension des autorités militaires. En effet, Jacqueline AUDOUARD qui opté pour la carrière militaire, est devenue pour l’état civil madame DAGORN, et vit à Montauban où à l’ERGM elle est vérificatrice de parachutes. Sa mère, qui travaille au C.E.S. de Sainte Mère, et ses nombreux amis ne voudront pas manquer ce saut. Dans les « petits pois »… Bob MURPHY, un ancien de la 82ème Airborne, sauta en 1944. Ce vétéran, possède à Sainte Mère Église de solides amitiés où il revient très souvent, aussi souvent que lui permet sa profession d’avocat. Comme il y a trente deux ans, il s’élancera dans le ciel du Cotentin en essayant, cette fois, de ne pas tomber dans la planche de « petits pois » du jardin de mademoiselle LAVEAU institutrice à l’école libre. | | Pendant deux ans, jusqu'à mon départ pour l’école militaire de DIEPPE, j’ai effectué des petits boulots pour me payer mon brevet para civil (monitrice de colonie de vacances, serveuse dans un bar, travail en usine : laiterie des crèmes « MONT BLANC »). En 1961, j’ai participé au tournage du film « le jour le plus long ». J'étais figurante, je portais des seaux d'eau, pour éteindre le feu d'une maison. J’ai aussi assisté à un office religieux dans l'église où le para américain ( John STEEL ) était resté suspendu au clocher pendant de longues heures. | Sainte Mère Église a été définitivement consacrée la capitale du parachutage au cours du dernier week-end et les milliers de spectateurs qui ont assisté aux multiples sauts effectués par des « paras » chevronnés, civils et militaires français et Américains, furent littéralement enthousiasmés par ces spectaculaires descentes au cours de ces trois journées. Ces opérations organisées par les soins du service d’information et de relations publiques des Armées (le SIRPA) ont été favorisées par un temps magnifique et se sont déroulées dans les meilleures conditions. Samedi dès 15 h., c’est-à-dire à l’heure prévue, les deux premiers avions de transport « Nord 2501 » venant d’Évreux faisaient leur apparition et larguaient une soixantaine de « paras » parmi lesquels le vétéran américain, Bob MURPHY 52 ans, qui tomba il y a 32 ans dans les jardins de l’institutrice de Sainte Mère et que popularisa « le jour le plus long ». dans ce même appareil avait également pris place une jeune Sainte Mère Églisaise, Jacqueline AUDOUARD, adjudant dans l’armée de terre. À 16h30, deux autres appareils procédaient à un nouveau largage de 60 parachutistes puis gagnaient l’aérodrome de Maupertus. Ces deux vagues de masse furent intercalées de sauts de précisions exécutés de façon parfaite et à haute altitude (4000 mètres avec ouverture à 700 mètres) d’un hélicoptère Ch. 47 Chinook. À chaque décollage, une trentaine de parachutistes prenaient place à bord dont, entre autres, l’équipe féminine des Panthères Roses. | | Le stage du brevet Parachutiste. | Étant brevetée parachutiste dans le civil, avant d'entreprendre une carrière militaire, j'avais un petit aperçu sur cette activité. Pour moi, dans le milieu militaire, c'était le grand standing : avions spacieux, parachutes pliés et sauts gratuits. Au para club nous étions largués à partir d'un avion du type Broussard ou d'un « petit coucou » de trois places, nous plions nous-même notre parachute avant chaque saut. Quelques accrocs dans la voile, ça repartait quand même pour le saut. Dès mon arrivée à Montauban en septembre 1964, j'avais demandé au chef de corps, le colonel PELOUZE, si les filles participaient aux séances de sport et sautaient en parachutes. Surpris par cette question, il m'avait répondu « non »". Aussitôt, il avait convoqué le chef du bureau personnel militaire, le LTN LUCAS (MATPARA). Nous avions discuté de ce problème tous les trois. En conclusion, le colonel m'avait affirmé qu'ils feraient leur possible pour que les PMFAT soient brevetées. Chose acquise en 1966, onze filles sont prévue pour ce premier brevet (AUDOUARD, BAUDIN, BRISION, CARREY, CESARO, DUPEYRON, FARAUD, FOLCH, LEGRAIN, PECHMAGRE et SARDA. Le départ fut fixé pour le mois de mai. Le LTN MARCHAL avait assuré l'entraînement sportif: footing, assouplissement, grimper de corde, tractions, pompes et abdominaux (j'en faisais une centaine !). Le regard de mes homologues masculins, ce n'était pas mon souci. Dans un avion, il n'y avait plus de grade, ni de sexe. Nous avions tous la même trouille! J'étais enchantée des trois semaines passées à l'ETAP, c'était dynamique, tout le monde était sympa avec nous. Le MCH MARGUINAL notre moniteur, ne nous prenait pas pour des chochottes. Entraînement comme les hommes : nous avions de l'endurance mais pas la force d'un homme. Le gérant du mess sous-officiers nous avait reçus comme des princesses : petite salle à manger coquette, nappe blanche, bouquet de fleurs sur notre table. Je n'aimais pas tous ces chichis, mais j'avais apprécié ce geste. De temps en temps, les serveurs nous apportaient soit l'apéritif soit le café et même le champagne offert par d’autres stages. J'allais oublier le LTN AMOUILLIN (responsable de la SEPP de l’ETAP) qui était d'une grande gentillesse avec « les petites de Montauban ». L'aumônier qui nous offrait une petite liqueur lors de nos visites. Le CLN PELOUZE et le CDT LEON de l'inspection (PARIS) étaient venus pour la remise des brevets. Belle réussite onze brevetées sans casse. ll ne fallait pas que cette aventure s'arrête pour les autres PMFAT volontaires. Une mutation à la SEPP de PAU m'aurait plu. En 1972, nous sommes parties à trois filles (AUDOUARD, GOURSOLLE et SERVANT ) pour y faire des modifications sur des parachutes. Malgré une cadence soutenue, nous avions un créneau pour faire un saut chaque jour! | - Photos transmises par Jacqueline AUDOUARD.
| | | | À la tour de départ, surnommée la "Brigitte" | | | ADC CARRAY, LTT MARCHAL | CLN MERGLEN, CLN PELOUZE, CDT LEON. | | | | |