Chapitre 6: LES FÉMININES DE LA SPÉCIALITÉ DES MATÉRIELS DE PARACHUTAGE ET DE LARGAGE

 

Témoignages de personnels militaires féminins de l'Armée de Terre (PMFAT).

 
  • Témoignage de Georgette VUITTENEY (Coin's 612).
1943, en Franche-Comté, pendant la seconde guerre mondiale. Cette région était en zone interdite, tout comme une vaste étendue de territoire au nord et à l’est de la France occupée (grossièrement, nord des départements de la Somme, de l’Aisne, des Ardennes, Lorraine (en dehors de la Moselle  et de l'Alsace), Franche-Comté (Territoire de Belfort) sauf le Sud du Jura, la moitié Est de la Haute-Marne, et quelques communes de la Marne et de la Côte d' Or, ainsi que le Nord et le Pas-de-Calais).
Ces régions sont coupées du reste de la France, les personnes ayant fui l’avance nazie se voient interdire de revenir dans leurs foyers, la plupart de ces territoires devenus « zones réservées » (notamment les régions de l'Est) étaient destinés à devenir par la suite des zones de peuplement allemand.
  • Les rues, par la prescription du gouvernement de Vichy, doivent changer de noms.
  • L'interdiction des postes T.S.F. est proclamée. 
  • Le couvre feu, de 21heures à l'aube, est instauré.
  • L’heure allemande, c’est à dire avancer d’une heure, est imposée.
Georgette alias Jo, tout juste âgée de 16 ans, aide ceux qui veulent fuir cette zone a passer en zone libre. Elle suit l’exemple de son père qui, travaillant aux chemins de fer, est entré dans la résistance. Celui aussi de sa sœur aînée, qui elle, est infirmière.
Et puis le jour de ses 20 ans, elle s’ engage dans la 1ère Armée (Rhin et Danube). C’est par l’intermédiaire du chauffeur du général de LATTRE de TASSIGNY, qu’avec sa sœur, elles ont pu s’engager.

Je suis rentrée au service social. Notre mission consistait à visiter les blessés dans les hôpitaux, à s’occuper d’eux, à servir à boire et à manger aux militaires dans les foyers. Nous étions stationnées à Strasbourg, place KLEBER. On suivait l’armée française dans sa progression pour la libération du pays. Arrivée en Allemagne, j’ai voulu rejoindre ma sœur qui était déjà partie en Indochine. J’ai été envoyée faire un stage de recyclage à Margival. Malheureusement, je n’avais pas le diplôme d’état d’infirmière, j’ai donc été d’office versée dans le Matériel. Comme je voulais, à tout pris, rejoindre ma sœur, je n’ai rien dit.
À l’époque, Margival était le centre d’instruction des P.F.A.T. en partance pour l’Indochine. Bien que j’avais déjà fait mes classes à Montbéliard pour intégrer l’armée de LATTRE, j’ai dû tout recommencer à zéro. On y apprenait pas grand chose. C’était surtout un centre de tri. Il y avait, par exemple, des standardistes, des infirmières, des ambulancières, des maintenancières etc..
Après Margival, j’ai été envoyée à Montauban. Là-bas, je n’ai pas fait grand-chose non plus. Je n’aimais pas la couture, ni le pliage. Il faut dire qu’il n’y avait pas beaucoup de travail, nous étions en 1948 et l’Arsenal se montait.
À cette époque tous les parachutes étaient encore à Satory. C’est là que le lieutenant JUPOND était parti avec quelques gars, pour mettre des parachutes (offerts par les américains) en caisse et les expédier par train sur Montauban. A l’arrivée, une équipe réceptionnait les parachutes qui étaient dans des caisses en contre-plaqué. C’était des caisses américaines, les fameuses caisses « MUSSY », cerclées de fer avec pour systèmes de fermeture des anneaux en ferraille. Dedans ils mettaient cinq jeux de parachutes américains. Toutes ces caisses étaient entreposées dans les écuries de la caserne DOUMERC.
En ce temps là, l’Arsenal était un parc d’artillerie. Il y avait encore des socles, sur lesquels reposaient autrefois, des machines outils de type tours, fraiseuses etc.. les personnels en place, qui n’étaient pas brevetés paras, avaient pour mission de détruire ces socles à coup de masse, pour libérer de la place dans les bâtiments. Pendant ce temps, à la menuiserie de l’Arsenal, qui se trouvait à gauche en entrant, les personnels débitaient du bois pour fabriquer des étagères. Les bâtiments étaient dans un état déplorable. Ils étaient remis en état, pour pouvoir travailler de façon correcte. Le militaire se transformait alors en maçon , en couvreur, en charpentier etc..
À DOUMERC, il y avait deux tables de visite. Une sous le porche dans le grand bâtiment tout en longueur et une dans celui d’à côté. Tous les parachutes qui sortaient des caisses étaient visités et au fur et à mesure, ils étaient envoyés à l’Arsenal, où ils étaient stockés sur les étagères, qui venaient tout juste d’être construites.
C’était surtout du parachute américain de type G1. Ils étaient en rayonne (ancienne soie artificielle) et de couleur pour le largage des colis. Ils n’avaient que dix sauts en moyenne et de ce fait faisaient partis de la réforme américaine ! La visite se faisait à deux : je travaillait avec Suzy GUEGUEN (la future madame LÉON). La formation se faisait sur le tas. Il n’y avait aucune norme. On s’assurait juste que les parachutes n’aient pas été attaqués par les rongeurs.
À lire, ici>>, la suite de son témoignage sur ses séjours en Indochine.
 
  • Témoignage de Catherine VERNON épouse FABRE.
Si j’ai vécu une belle aventure très courte (1969 – 1973) mais très intense, c’est grâce à mon père qui avait une haute idée de l’armée. Il voulait voir ses enfants servir leur pays. Mes deux frères ont fait chacun une carrière militaire : l’un dans l’armée de terre, l’autre dans l’armée de l’air. Il a d’abord écrit à François MITTERAND, député de la Nièvre à l’époque. La réponse fut très rapide. Il lui a conseillé que j’aille me présenter au bureau de recrutement de La Rochelle. J’ai passé les tests avec succès et ce fut le départ pour l’École des Personnels Féminins de l’Armée de Terre de Dieppe. Le stage durait trois mois : cela m’a plu.
À l’issue de ma formation militaire, j’ai été mutée à l’ERGM de Montauban pour y effectuer ma formation technique. J’y ai découvert l’esprit d’équipe et de plus nous étions fières de porter l’uniforme : on nous respectait.

L’aboutissement fut le stage à Pau à l’École des Troupes Aéroportées pour l’obtention du brevet parachutiste. L’ambiance était formidable ! Nous étions très fières de pouvoir porter le béret rouge.
Cette période est gravée dans ma mémoire, nous étions très fatiguées mais dignes. À l'époque, je pesais 40 kg ! Le poids des deux parachutes sur mes épaules était très lourd à porter. Je descendais très lentement. Un adjudant m'avait conseillé de mettre du poids dans le treillis, (des pierres....!) mais trop dangereux pour celui qui me précédait ! J'admirais la chaîne des Pyrénées : très beau spectacle ! J'atterrissais très loin du point de récupération des parachutes. Il arrivait souvent, qu’une jeep vienne me récupérer pour embarquer pour le prochain saut.
Le soir, nous étions invitées au mess des officiers et parlions avec eux des sauts que nous venions d'effectuer. Bien sûr, leurs conseils nous étaient très précieux.

L’accomplissement de tous ces efforts fut le défilé du 14 juillet 1972 sur les Champs-Élysées à Paris.
J’aimerais partager tous ces souvenirs avec mes copines de l’époque. Je garde espoir de prendre contact avec elles.
  • Photos transmises par Catherine FABRE.
Cliquer sur les photos pour les agrandir.
   
 



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